Catherine Firmin-Didot Je lis avec plaisir
L’œuvre dévoilée de Catherine Firmin-Didot (éditions Palette), sorte de petite promenade dans l’histoire de l’art, de la peinture essentiellement, où l’auteur associe une soixantaine d’œuvres qu’elle affectionnait à autant d’essais écrits avec limpidité, comme s’ils étaient destinés à de jeunes lecteurs, un peu comme
La Vie De N.S. Jésus-Christ de Charles Dickens qui reste, pourtant, un ouvrage profond et corrosif par sa liberté de penser.
J’emploie le passé pour évoquer le travail de Catherine. Elle est, en effet, décédée, en 2008, après de longs mois d’un redoutable combat contre le cancer qui a eu raison d’elle. Au cours de cette maladie, pendant les rémissions entre deux traitements, je l’ai plusieurs fois revue, chez elle, dans le quatorzième arrondissement où, plus que jamais, elle était devenue « femme de lettres », au milieu de ses livres, emmitouflée dans quelque couverture bien chaude qui la protégeait du froid de la mort qui déjà l’envahissait. Avec son mari, Emmanuel de Roux, elle partageait la passion des livres, de la musique, du théâtre. Ils partageaient leur vie, avec leur fille, Ariane. Ils soupçonnaient à peine que le sort leur avait atrocement donné en partage la maladie qui l’un et l’autre allait les emporter. Emmanuel suivit sa femme au trépas, 6 mois à peine après le décès de l’infortunée Catherine, rongé lui aussi par ce mal dont on voyait, jour après jour, se creuser les effets sur son visage qui avait pourtant été si joyeux et si vivace.
Je conserve d’eux le souvenir de leurs retrouvailles à Prats de Mollo, dans les Pyrénées orientales, après qu’Emmanuel ait parcouru la France du nord au sud, en suivant le tracé du Méridien de Paris dont j’avais, pour l’avènement de l’an 2000 (j’étais président de la mission interministérielle pour la célébration de l’an 2000) souhaité mettre en évidence le tracé fédérateur par une plantation de milliers
d’arbres. De cette entreprise il reste un ouvrage bien documenté. Il reste aussi du voyage quasi initiatique d’Emmanuel, un beau livre :
On a marché sur la Méridienne (éditions Fayard). Catherine et leur fille s’étaient promis d’aller l’accueillir à l’arrivée de cette originale équipée dans la montagne de Prats de Mollo, là où le Méridien de Paris quitte la France pour se précipiter en Catalogne, avant de rejoindre Barcelone. La veille nous avions dîné et dormi à Céret, dans un hôtel qui s’appelait, si mon souvenir est exact, « Les portes du soleil ». Du soleil, il n’y en avait point. Il pleuvait, ce qui rendait ce pays fait pour le beau temps, peu avenant. Le lendemain, de bonne heure, une voiture nous avait conduit jusqu’à Prats où le maire nous attendait. Nous avons tous attendu Emmanuel très longtemps, puisque une tempête de neige l’avait égaré puis retardé dans cette montagne qui n’avait pas encore, malgré la saison, renoncé à ses habits d’hiver. Ce furent cependant, vers 14 heures les retrouvailles autour d’un roboratif déjeuner. Le marcheur avait bien mérité l’affection des siens et le plantureux régal qui lui avait été préparé par ordre de la municipalité sensible à l’honneur de recevoir l’hommage d’un promeneur illustre parti de Dunkerque.
Saint Etienne En Alsace-Moselle, le 26 décembre, jour de la Saint Etienne, est resté férié, tout comme l’est, en Angleterre, ce même « Boxing Day ». J’aimais, dans mon enfance cette sensation de « temps suspendu » que donnait ce double jour férié des 25 et 26 décembre, surtout quand leur succédaient un samedi et
un dimanche ou que ces jours les précédaient. On avait là une sorte de « Golden week » à la japonaise qui permettait aux familles de se laisser envelopper dans le cocon des humbles joies domestiques et familiales. Il y avait là une sorte de petit miracle du calendrier. En ce lendemain de Noël où je rêvasse en regardant les images des œuvres sélectionnées par Catherine Firmin-Didot, je me souviens de mon saint Etienne favori, celui de Jean Fouquet qui se trouve à Berlin où je ne me lasse jamais de l'admirer.
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