Jacqueline de Romilly

Une nouvelle fois, la neige s’abat sur les Yvelines et enveloppe le Château, imposant aux bosquets et aux bassins ce silence si particulier qui caractérise son empire. C’est dans ce silence d’une terre qui se recueille que j’apprends, par un bandeau de LCI, la mort de Jacqueline de Romilly, à 97 ans. Je me souviens de nos conversations, en Bretagne où elle passait chaque année une quinzaine de jours de vacances, avant d’aller se retirer dans sa maison d’Aix-en-Provence. Presqu’aveugle, elle n’avait, comme un noble aède, rien perdu de son esprit, de son intelligence, de ses passions. De sa vie, elle parlait pudiquement, préférant parler des autres, de la vie, du monde, du grec bien sûr et de la Grèce. Bien consciente que son grand âge faisant, sa vie était devenue un précaire miracle, elle aimait en plaisanter. Après le déjeuner, en partant faire un peu de sieste, elle annonçait souvent à la compagnie « A tout à l’heure peut-être ». Elle savait que la flamme qui l’animait pouvait s’éteindre à chaque instant. Elle s’est en effet éteinte un soir d’hiver, un soir où le monde s’est fait aussi blanc que les cheveux qui formaient une auréole bouclée autour de sa belle tête.
Il y a quelques temps, en 2007, elle était venue au Château pour y remettre la Légion d’Honneur à Philippe Beaussant qui allait devenir son collègue à l’Académie Française. Elle avait composé son discours elle-même, l’avait dicté à une amie et prononcé impeccablement, confiant à sa mémoire d’acier ce que ses yeux ne pouvaient plus lire. Ce fut un beau moment. Cette photographie en témoigne. La grande dame portait son cordon de Grand Croix que son œuvre et sa vie avaient bien mérité. Adieu Jacqueline.

Comments

[Rédigé par : Daniel Kopel]

Bonjour :)

Bravo pour votre initiative concernant Google. Comme à l'habitude, les français sont à la traîne et vous nous sauvez la face ! je construis un site Internet sur la France et si jamais je demande l'autorisation de reproduire un tableau ancien sur mon site, à un musée de province, on me le refuse ! Pourtant les tableaux sont dans le domaine public et mon but est de montrer aux Internautes qui visitent mon site, qu'il y a des choses intéressantes à voir dans ces musées !
Pourquoi sommes nous, en France, toujours aussi frileux, toujours aussi à la traîne, en retard d'une Révolution, nous dont les ancêtres en ont tant fait ?
En tout cas, vous, vous n'êtes pas en retard, et nous avons bien besoin d'esprits ouverts, comme le vôtre :)
Bien cordialement,
Dan