A partir de demain, le Salon du livre de la Porte de Versailles et ses 1.100 exposants, recevront, en quatre jours, quelques 200.000 visiteurs, avec l’Argentine comme pays invité. Cette manifestation, créée en 1981, est organisée par le Syndicat national de l’édition qui rassemble près de 600 membres sous la présidence de Vincent Montagne, P-DG de Média Participations. L’édition reste la principale des industries culturelles françaises, puisqu’avec un chiffre d’affaire de 4 milliards d’euros, elle dépasse celui du cinéma. Malgré un léger mais constant recul de son activité, elle continue de mettre sur le marché plus de 600 millions de livres par an, auxquels s’ajoutent, à présent, des publications numériques.
La vitalité de cette activité est solidaire de celle des autres acteurs de la "chaîne du livre", les auteurs, les distributeurs, les libraires, les bibliothécaires et les médias dont le rôle de prescripteurs est essentiel. C’est, sans doute, du côté de la librairie que le paysage a connu les évolutions les plus spectaculaires, au cours des dernières décennies. Alors que la loi sur le prix unique du livre avait stabilisé le réseau de la librairie indépendante, et même, stimulé son développement, la concurrence d’autres modes de diffusion a, fortement, ébranlé la situation. Ce fut d’abord le succès des "grandes surfaces culturelles", comme la FNAC et sa centaine de magasins, les Espaces culturels Leclerc puis celui des opérateurs de la vente en ligne comme PriceMinister ou, surtout, Amazon. Cette concurrence nouvelle explique l’âpreté avec laquelle le Syndicat de la librairie française se bat pour que soit imposée à ces opérateurs, l’impossibilité de cumuler la réduction autorisée de 5% avec la gratuité des frais de port. Mais là, n’est pas la principale menace. Elle réside dans ce déclin de la lecture que constatent, à échéance régulière, les études du Ministère de la Culture sur les "pratiques culturelles des Français". On en connaît les symptômes : moins de lecteurs, concentration du lectorat sur la population féminine et âgée, abandon de la lecture à l’adolescence, moindres performances des "gros lecteurs", c’est-à-dire, les lecteurs lisant plus de dix livres par an, inaptitude croissante à la lecture soutenue, alors même que le développement d’internet soutient sa pratique papillonnée, sans parler de l’illettrisme.
Sur tout le territoire, le formidable réseau des bibliothèques publiques, essentiellement les municipales, au nombre de 4.000, fait pourtant un travail formidable de soutien à l’amour de la lecture. C’est cependant de l’Ecole qu’on doit attendre le principal, c’est-à-dire, la généralisation de l’apprentissage de la lecture et de l’écriture, le partage du goût pour la littérature, la familiarisation avec les grands textes de la littérature nationale, antichambre de l’amour pour toutes les autres littératures. Aucune grande politique culturelle n’est, en fait, possible sans politique de l’éducation. Encore un sujet à ruminer, en ces temps de remaniement ministériel annoncé qui, au-delà, de la question finalement accessoire des personnes, devrait donner à réfléchir, sérieusement, à la question de l’architecture gouvernementale, c’est-à-dire, à la manière d’établir une relation dynamique entre les domaines de l’action publique qui concourent au même objet.
Bonjour
A mon sens, la révolution des années à venir sera le fait de l'évolution lente mais inéluctable vers la lecture dématérialisée, allant de pair avec l'acquisition de liseuses et l'achat des œuvres en ligne. La librairie traditionnelle n'y survivra pas même si l'échéance n'est pas immédiate.
Cordialement
Rédigé par : PYves | 27 mars 2014 à 10:30