Chapelle en Bretagne
L’Amiral d’Hérouville m’informe que la dernière ardoise va être posée sur le toit restauré de la chapelle de Christ, sur le territoire de la Commune de Guimaec (29), voisine de celle de Plougasnou. Je ne pourrai pas, le temps me manquant, assister à cette fin de chantier du gros œuvre. Etonnante petite chapelle dont le chœur plat est doté d’une belle verrière flamboyante. Vieux lieu de culte, la chapelle voisine une fontaine dite miraculeuse et, sans doute, quelque pierre dressée. Longtemps je l’ai vue en ruines, les murs croulants envahis de lierre et le toit arraché. Grâce à la passion de quelques personnes et à leur audace, la chapelle se dresse à nouveau fièrement au bord de la petite (et inopportune) route qui la contourne.
Dans une revue, un article sur les sept saints évangélisateurs de la Bretagne, des Bretons de la Grande Bretagne - fuyant les Saxons et arrivant sur les côtes de l’Armorique dans des embarcations de fortune, parfois même, selon la légende, dans des auges de pierre ! A l’horizon de mon jardin, planté de rhododendrons, d’azalées, de camélias, de magnolias et d’hortensias, je vois le clocher de l’ancienne cathédrale du Léon dont l’évêché aurait été fondé par Saint Pol, l’un de ces pionniers.
Longtemps la carte ecclésiastique de la Bretagne est restée déterminée par cette histoire. Les évêchés s’égrenaient sur la Côte nord de Dol à Saint Paul de Léon en passant par Saint Malo, Saint Brieuc, Tréguier, et au sud de Quimper à Vannes. S’y ajoutait la métropole de Rennes. La carte d’aujourd’hui s’est fixée, depuis les chamboulements de la Révolution sur celle des départements : Quimper, Saint Brieuc, Vannes et Rennes ont des évêques comme ils ont des préfets.
Dans tous les diocèses de France, on ordonne les nouveaux prêtres à l’occasion de la fête des Saints Pierre et Paul (le 29 juin), les pères fondateurs de l’Eglise en quelque sorte, incontestablement pour Saint Paul, de façon plus discutable pour Saint Pierre. Dans toute la France, ce sont 90 ordinations seulement qui sont célébrées, soit un prêtre en moyenne par diocèse, ce qui ne suffit pas à compenser la retraite et le décès des prêtres âgés auxquels s’ajoutent les renonciations à l’état ecclésiastique. C’est là l’un des aspects de cette déchristianisation de l’Europe qui constitue l’un des phénomènes culturels les plus radicaux de notre civilisation. Elle a ébranlé ce qui fut, pendant des siècles, l’une des structures les plus déterminantes de la culture européenne. L’épanouissement de la multi-culturalité dans les sociétés contemporaines a trouvé dans cet épuisement un terreau propice.
Gérard Beneteau
Je reçois un sms de Gérard Beneteau « Beaucoup pensé à toi, ces derniers jours. Sarko au Congrès, remaniement… J’espère que tu vas bien ». Je lui réponds « … c’est reposant d’observer les remaniements et autres avatars de la vie politique en entomologiste averti et non plus en papillon qui craint pour ses ailes et pour sa brève existence… »
Gérard Beneteau fut curé de Saint Eustache, avant d’assumer les fonctions de Supérieur général de son ordre, l’Oratoire, fondé par le Cardinal de Bérulle. De façon pionnière, il ouvrit sa belle église à l’art contemporain et en fit un lieu d’accueil pour les malades du sida. La commande d’une œuvre éphémère qu’il fit, pour une semaine sainte, à Christian Boltanski reste l’un des souvenirs artistiques les plus forts de ma vie. Ensemble, nous installâmes dans une chapelle latérale, une œuvre de Keith Haring, à la mémoire de tous ceux que le VIH avait emportés.
Je crains que Gérard Beneteau ait eu beaucoup à désespérer de son Eglise. Je me souviens d’un déjeuner que nous avions partagé avec Mgr d’Ornellas, alors évêque auxiliaire de Paris. D’un côté (Gérard Beneteau) c’était le cœur et la grâce, de l’autre (Ornellas), la loi, la règle et l’ordre. Gérard Beneteau n’a plus de paroisse. Mgr d’Ornellas est archevêque de Rennes…
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