Respect à Beatrix Saule qui quitte le @CVersailles auquel elle a consacré toute sa vie depuis le jour où Gerald van der Kemp l'y fit venir pic.twitter.com/WNOPbrsK79
En 1793, la Convention décidait la vente de la totalité du mobilier de la Couronne. Les châteaux royaux et, notamment, celui de Versailles allaient être vidés de la totalité de leurs meubles, à part ceux nécessaires aux bureaux des nouvelles administrations de la République, ou les quelques pièces utiles à l’instruction des citoyens, comme ce bureau à secret de Louis XV, équipé d’un exceptionnel mécanisme. Quelques-uns de ces châteaux furent, par la suite, réaffectés à la résidence officielle des représentants de l’Etat et donc remeublés. Ce fût le cas pour Compiègne, Fontainebleau qui hébergea même un Pape, Pie VII, pendant sa rétention en France, ou encore Saint-Cloud, jusqu’au déplorable incendie qui le ravagea en 1870, pendant le siège de Paris. Versailles, symbole par excellence de l’Ancien Régime ne retrouva jamais son usage de résidence de qui que ce soit, même sous Louis XVIII et Charles X, qui reculèrent devant le symbole d’un retour dans le lieu qui fut celui de la naissance et de la mort de la monarchie absolue. Seule, l’"annexe" de Trianon abrita, sous la Ve République, dans l’aile de Trianon-sous-bois, la résidence du chef de l’Etat. Son usage étant tombé en désuétude, Nicolas Sarkozy la restitua au Château.
Il faut profiter des belles journées de ce mois d’octobre pour aller à Versailles et s’y promener dans les jardins. On y respirera cette douce mélancolie qu’a ressentie Marie-Antoinette en quittant pour toujours son "cher Versailles", le 6 octobre 1789 et qu’évoque si délicatement Sofia Coppola dans les dernières images de son film. On pourra aussi, entre le 22 et le 31 octobre, y profiter conjointement de l’exposition des œuvres de Giuseppe Penone si judicieusement disposées dans les jardins conçus par André Le Nôtre et de l’exposition consacrée à cet immense génie du Siècle de Louis XIV. On en profitera, bien sûr, pour visiter les grand et petit Trianon ainsi, que le hameau de la Reine. La maison de la Reine qui en occupe le centre, témoigne du besoin des Grands de la fin du XVIIIe siècle, y compris des princes, de se donner l’illusoire sensation de vivre "comme tout le monde", prélude à la prochaine remise en cause des privilèges ...
Cette chaumière construite par Richard Mique, désormais rongée par l’humidité, et frappée de divers maux, appelait depuis longtemps, malgré son charme intacte, une restauration radicale mais coûteuse. Cette restauration a heureusement trouvé son mécène, la maison Christian Dior dont la générosité souligne la longue fidélité de LVMH, et de ses sociétés au château et au domaine de Versailles. En 2011, c’est l’association de LVMH et de Sanofi qui avait déjà permis l’acquisition de cette "œuvre d’intérêt patrimonial majeur" qu’est la table à écrire de Marie-Antoinette, créée par Riesener en 1783. Versailles est ainsi le territoire pacifique où se conjuguent les générosités tant de Bernard Arnault que de François et Maryvonne Pinault qui permirent, en 1999, l’achat, à Londres, de la commode du même Riesener aujourd’hui présentée dans la bibliothèque de Louis XVI.
L’Abbaye de Saint Vaast d’Arras accueille une magnifique exposition des collections du Château de Versailles, « Roulez carrosses ». Cette exposition conçue sous la responsabilité de Béatrix Saule met en valeur la collection de carrosses, traineaux, chaises à porteurs du château de Versailles et bien sûr de toutes les œuvres peintes qui se rapportent à l’évocation des modes de transport du roi, de sa famille, de la cour des XVIIe au XIXe siècles, puisque l’exposition commence par l’évocation des voyages de Louis XIV dans les Flandres pour s’achever par celle des fastes de l’Empire et des régimes monarchiques du XIXe siècle.
Par un clin d’œil à l’histoire, l’exposition se conclue d’ailleurs très précisément par l’exposition de la calèche d’apparat du président de la République puisque, ne l’oublions pas, Versailles fut le lieu de l’élection des Présidents de la IIIe et IVe République. Ce qui est par-dessous tout significatif, c’est que cette exposition qui a donné lieu à une collaboration exemplaire entre les équipes de Catherine Pégard et celles du musée d’Arras et des collectivités locales impliquées, notamment le conseil régional du Nord-Pas-de-Calais, n’est pas un « one shot ». Elle inaugure en effet une longue collaboration dont le premier objectif est fixé à 10 ans, ce qui fait de l’établissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles, le troisième établissement public du ministère de la culture, après le Centre Pompidou et le Louvre, à s’engager dans une action résolue de décentralisation. Je suis pour ma part fier d’avoir été, dans ces trois initiatives, à l’origine de l’impulsion qui en a permis la réalisation, comme Président d’un établissement s’agissant de Pompidou et de Versailles, comme Ministre s’agissant du Louvre et cela grâce à l’intelligence et la détermination d’Henri Loyrette.
La décentralisation culturelle m’est chère. J’estime qu’il n’est, pour l’Etat, de politique culturelle pertinente que si celle-ci manifeste sa volonté convaincue de prendre en main ses missions sur tout le territoire et au bénéfice de tous les citoyens. Ce projet suppose certes des moyens mais aussi une vision et une véritable capacité à engager avec les collectivités locales un dialogue constructif. Le temps n’est plus où le ministère de la culture pouvait, dans ses bureaux, de toutes pièces, concevoir des projets sans prendre en compte les points de vue, les propositions, la compétence de ces collectivités locales qui jouent, ou de leur propre mouvement, ou à travers les conséquences des lois de décentralisation, un rôle aussi important dans la vie culturelle de notre pays. L’Etat doit, plus que jamais de ce fait être un laboratoire d’idées et de projets, un espace de concertation, le moteur d’une nouvelle dynamique. Si le ministère, ses services et son administration centrale sont appelés à jouer dans ce processus un rôle déterminant, ils doivent également de façon originale, savoir libérer l’énergie des grands établissements et compter sur leurs capacités à engager, dans cette perspective, des projets inédits. Observons ce qu’est devenu le Centre Pompidou : une grande institution internationale dont le cœur bat à Paris, une institution réellement nationale grâce à sa politique audacieuse de prêts, de dépôts, grâce aussi au Centre Pompidou mobile et, surtout grâce à son antenne permanente dans le département de la Moselle, à Metz. Je sais que souvent l’Etat considère, avec perplexité et méfiance, l’esprit d’initiative de ces établissements dans lesquels tel ou tel ministre a cru voir le repaire de quelques grands féodaux qui menaceraient son autorité et sa gloire. Il faut sortir de cette idéologie de l’antagonisme et retrouver, rue de Valois le sens d’une solidarité de projet entre le Ministre, son cabinet, son administration, ses établissements et les acteurs locaux. Voilà bien pour l’après-mai, quelle que soit l’issue de l’élection présidentielle et la personnalité de celle ou de celui qui sera appelé rue de Valois, une perspective riche pour qui attend des politiques culturelles de vrais indices de refondation. Puisse-t-on dans le même temps mieux réfléchir aux structures déconcentrées de l’action territoriale du ministère. Les DRAC, dans leur forme actuelle sont-elles encore l’outil le plus adapté à l’affirmation du caractère réellement national de l’action du ministère ? Ne faut-il pas, là aussi, oser repenser les choses et ne pas se contenter de perpétuer pieusement les usages en cours, même quand ils ont, en d’autres temps, manifesté leur efficacité. A cet égard, je suis persuadé qu’il y a désormais lieu de repenser la juste balance entre les outils de la déconcentration et ceux de la décentralisation, en marquant aux collectivités locales des marques de confiance accrues. Voyageant beaucoup en France, j’y suis toujours frappé par la force des personnalités qui y conçoivent des politiques culturelles et par l’esprit d’innovation qui les caractérise. Aujourd’hui c’est là, très souvent, qu’est le meilleur terreau d’une culture en train de se refaire.
Au cours des dernières semaines, j’ai été attentif aux discours relatifs aux projets culturels des candidats. Tous ou presque s’expriment sur ces questions, souvent avec une passion sincère, comme l’a fait François Hollande au Cirque d’hiver récemment. Je dois cependant avouer que je me suis souvent dit que les discours et les annonces avaient un peu de mal à se dégager des stéréotypes qui caractérisent le discours du politiquement correct en la matière. Je sais bien que dans une campagne, il s’agit plus souvent de rassurer que d’émouvoir. Je sais cependant, que le moment venu, à l’épreuve du gouvernement, il faudra oser regarder au-delà des limites de l’enclos et sauter quelques barrières.
Frédéric Mitterrand a annoncé l’acquisition par l’État, pour le château de Versailles, d'une pièce reconnue œuvre d'intérêt patrimonial majeur, une jatte à punch du service à fond bleu céleste de Louis XV.
Je suis heureux que le ministre de la Culture et de la Communication annonce ainsi une acquisition importante pour les collections de Versailles. J'ai pu la conclure grâce au soutien de KPMG dont je remercie une nouvelle fois le président, Jean-Luc Decornoy.
Cette acquisition a été rendue possible grâce à la compétence de Marie-Laure de Rochebrune, conservateur du patrimoine au château de Versailles, dont j'apprécie beaucoup la parfaite connaissance des arts décoratifs du XVIIIe siècle.
Lire le communiqué du ministère de la Culture et de la Communication.
J'espère croiser des lecteurs de ce blog lors des prochaines rencontres en librairies auxquelles je participe à l’occasion de la parution de « Versailles en 50 dates », et je vous en donne donc les dates :
NOVEMBRE
- Mardi 29 novembre Paris - librairie Les Cahiers de Colette rencontre à partir de 18h00, puis dédicaces
DECEMBRE
- Jeudi 8 décembre Paris - Librairie Artcurial rencontre à partir de 18h00, puis dédicaces
- Samedi 17 décembre Vichy – cycle de conférences « Entretien Public » à 14h30 à l’Aletti Palace sous forme d'interview menée par Sylvain Beltran, suivi d’une séance de dédicaces
J'envoie aujourd'hui cette note à l'ensemble des collaborateurs de L’Etablissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles :
Chers collègues,
J'ai l'honneur de vous informer que c'est dans un mois très exactement, le 30 septembre prochain, que je devrai faire valoir mes droits à la retraite. Je quitterai alors notre établissement avec le regret de m'éloigner de vous dont j'ai pu et su, au cours des quatre années écoulées, apprécier les qualités et le dévouement. C'est la raison pour laquelle je mettrai à profit les prochaines semaines pour vous exprimer ma gratitude et mon estime. Je compte également, d'ici la fin effective de mon mandat, faire le bilan de ce que nous avons accompli ensemble et, surtout, faire le point sur les grands dossiers qui solliciteront l'établissement au cours des prochaines années. Je forme le vœu que cet exercice soit utile à mon successeur dont la nomination par le Président de la République est désormais imminente.
A vous tous, mes cordiales pensées.
Jean-Jacques Aillagon
20 juin 2011
L'Hiver (d'après Arcimboldo) de Philip Haas
Installé dans le bosquet de l'Arc de Triomphe pendant tout l'été à l'occasion des Grandes Eaux nocturnes
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