Il faut profiter des belles journées de ce mois d’octobre pour aller à Versailles et s’y promener dans les jardins. On y respirera cette douce mélancolie qu’a ressentie Marie-Antoinette en quittant pour toujours son "cher Versailles", le 6 octobre 1789 et qu’évoque si délicatement Sofia Coppola dans les dernières images de son film. On pourra aussi, entre le 22 et le 31 octobre, y profiter conjointement de l’exposition des œuvres de Giuseppe Penone si judicieusement disposées dans les jardins conçus par André Le Nôtre et de l’exposition consacrée à cet immense génie du Siècle de Louis XIV. On en profitera, bien sûr, pour visiter les grand et petit Trianon ainsi, que le hameau de la Reine. La maison de la Reine qui en occupe le centre, témoigne du besoin des Grands de la fin du XVIIIe siècle, y compris des princes, de se donner l’illusoire sensation de vivre "comme tout le monde", prélude à la prochaine remise en cause des privilèges ...
Cette chaumière construite par Richard Mique, désormais rongée par l’humidité, et frappée de divers maux, appelait depuis longtemps, malgré son charme intacte, une restauration radicale mais coûteuse. Cette restauration a heureusement trouvé son mécène, la maison Christian Dior dont la générosité souligne la longue fidélité de LVMH, et de ses sociétés au château et au domaine de Versailles. En 2011, c’est l’association de LVMH et de Sanofi qui avait déjà permis l’acquisition de cette "œuvre d’intérêt patrimonial majeur" qu’est la table à écrire de Marie-Antoinette, créée par Riesener en 1783. Versailles est ainsi le territoire pacifique où se conjuguent les générosités tant de Bernard Arnault que de François et Maryvonne Pinault qui permirent, en 1999, l’achat, à Londres, de la commode du même Riesener aujourd’hui présentée dans la bibliothèque de Louis XVI.
Versailles est ainsi à l’avant-garde de l’usage utile de la loi du 1er août 2003 sur le mécénat et les fondations dont on célèbre le 10ème anniversaire. Puisse à l’occasion du prochain vote du budget, aucun député ou sénateur zélateur de l’impôt à tout crin considérer, une fois encore, qu’il y aurait là une "niche fiscale" qu’il faudrait éradiquer. Que la représentation nationale réfléchisse plutôt à la manière de développer les dispositions de cette loi. Qu’on étende, par exemple, à dix "monuments d’intérêt historique majeur" désignés pour deux ans, les dispositions fiscales qui s’attachent à l’achat de "trésors nationaux". Toute entreprise – et tout particulier – qui cotiserait ainsi à leur restauration pourrait déduire 90% de la somme versée du montant de l’impôt dû. Ce serait une manière de prouver que l’impôt peut, non seulement être subi, mais consenti avec enthousiasme parce que compris …
Article publié le 9 octobre 2013 dans L'Opinion
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