Le Centre Pompidou et son président, Alain Seban viennent d’accueillir, avec brio, le dîner annuel de l’association des amis du musée national d’art moderne qui a tant contribué à l’enrichissement des collections nationales d’art moderne et contemporain. L’association est désormais présidée par Jacques Boissonnas qui succède à François Trèves. Cette effervescence n’est-elle pas une occasion supplémentaire de réfléchir à l’avenir du MNAM-CCI ?
Lors de la création du Centre Pompidou, le Musée national d’art moderne qui lui préexistait, est devenu l’un de ses départements. Jusqu’alors musée de second ordre, il s'est affirmé, dans son domaine, comme l’un des tous premiers du monde, seule la collection du MOMA pouvant rivaliser avec la sienne. C’est le résultat du travail de ses remarquables directeurs successifs, de Pontus Hulten, à l'ouverture du Centre, à Alfred Pacquement aujourd’hui. La collection d’art moderne et contemporain qu’ils ont constituée ne peut cependant plus être montrée convenablement, la place manquant, malgré l’extension des espaces affectés au musée au cours de la campagne des travaux de rénovation du Centre des années 1997-2000. Or ce musée a deux missions solidaires auxquelles il ne peut déroger. Tout d’abord, présenter de façon anthologique, systématique et, je pense, chronologique les chefs d’œuvre du XXe siècle pour offrir à ses visiteurs une possible lecture de l’aventure artistique du début de ce siècle aux années 80. Cela constitue, à mes yeux, pour un musée national de cette importance, une obligation culturelle, patrimoniale et quasiment civique. C’est bien au bâtiment de Piano et Rogers, compte tenu de sa configuration et de ses caractéristiques techniques, d’accueillir cette présentation, de la même façon que le Louvre ou Orsay, donnent à voir leurs chefs-d’œuvre au public. L’ampleur de la collection permet, par ailleurs, sans difficulté, de soutenir des initiatives hors les murs que ce soit, prioritairement, au Centre Pompidou-Metz, ou à travers le Centre Pompidou mobile. Se pose cependant la question de la capacité du bâtiment, et donc de l’institution, de déployer ses missions à l’égard de la création plus contemporaine, en présentant, de façon large, son exceptionnelle collection pour les deux ou trois dernières décennies. Elle rassemble en effet des œuvres remarquables, souvent de très grande dimension, et nécessitant, pour être présentées convenablement, des dispositifs techniques – ne serait-ce que l’obscurité des espaces – que le même bâtiment ne permet que difficilement. C’est pour conduire cette mission, nécessaire à l’affirmation de la France comme grand pays de la culture contemporaine, que le Centre a besoin d’un deuxième site et que je ne cesse de militer dans ce sens. Ce site devrait, tout en relevant de la responsabilité du même Musée national d’art moderne - centre de création industrielle, être francilien, c'est-à-dire parisien ou proche de Paris et, quoi qu’il en soit, accessible par les transports en commun. Ses espaces devraient, très simplement, être constitués d’un ou de plusieurs grands plateaux de bonne performance technique.
Voilà un grand projet utile. Sa mise en œuvre ne relèverait pas seulement de l'initiative du Centre Pompidou mais bien de celle de la Nation et donc du ministère de la culture et de la communication, tuteur de l’établissement public, puisqu’un tuteur est, théoriquement, un soutien qui facilite le développement... On aimerait, qu’à l’instar de Georges Pompidou, qui, à peine élu, créait le Centre Beaubourg, un Président de la République se persuade aujourd’hui de cette nécessité. Cette vraie perspective de politique culturelle changerait du débat ambigu sur la hiérarchie des civilisations !
Chronique publiée dans le Quotidien de l'Art du 10 février 2012
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