A Séoul (Corée), inauguration de l’exposition « Fastes de Versailles » au Séoul Arts Center avec Olivier Josse et Bertrand Rondot, commissaire de l’exposition (avec Juliette Trey, restée à Versailles). A travers une centaine d’œuvres, on y propose une évocation des figures, rois, reines, princes, princesses, ministres, architectes… qui ont fait Versailles sous l’Ancien-Régime. A la conférence de presse, on nous pose beaucoup de questions sur le « style » dont relève Versailles, curiosité de gens qui issus d’une culture lointaine de la nôtre et veulent comprendre, et, pour comprendre, cataloguer dans les catégories qu’ils ont apprises, « classique », « baroque », « rococo », « néoclassique »… Il faut tenter d’expliquer que Versailles ne s’est pas fait en un jour, que Versailles témoigne justement de l’évolution du goût (et de la mode) de 1660 à 1789 et qu’il y a donc des Versailles successifs ou plus exactement, des Versailles empilés. Encore faudrait-il leur expliquer aussi, mais on est hors de la chronologie de l’exposition, que ce mouvement continue au XIXe siècle.
La veille je suis allé visiter le Musée national de Corée qui présente une prodigieuse collection d’art national, de la préhistoire au XIXe siècle. Dans une vitrine des salles consacrées à l’époque des Trois
royaumes (Ier – Xe siècle), j’admire une couronne royale fleurdelisée ! A la conférence de presse, je montre cette image à la presse ébahie qu’une couronne royale coréenne porte le même symbole que celui qu’on voit fleurir dans l’exposition sur les tapisseries et sur les lourds manteaux que portent nos Louis dans leurs portraits d’apparat ! Le rapprochement est un peu facile. Peut-être n’a-t-il pas plus de sens que cela mais il épate le regard.
Séoul s’apprête à recevoir le G20. C’est la grande affaire qui agite la ville. Les ministres, les hauts fonctionnaires, les patrons des médias sont convoqués à des réunions. Malgré cette agitation, nos hôtes nous consacrent beaucoup de leur temps et de leur attention. C’est le cas également de l’ambassadeur de France et de ses collaborateurs. Eux, s’apprêtent à accueillir la délégation française conduite par le Président de la République. Dans le hall de l’hôtel, nous croisons les fonctionnaires des « voyages officiels » (les VO) qui, comme un vol de cigognes annonce le printemps, précèdent l’arrivée du chef de l’Etat.
Le monde étant petit, je croise aussi, au Musée Samsung, Franck Gautherot, co-directeur du Consortium de Dijon et, au Séoul Arts Center, Anita Mathieu et Emmanuel Serafini qui viennent repérer des compagnies de danse coréennes pour leurs festivals. Les services culturels de l’ambassade qu’anime avec talent Laure Coudret-Laut, savent ainsi se mobiliser pour promouvoir les échanges artistiques dans les deux sens. C’est du « donnant-donnant ». C’est de l’attention contre du respect.
Je me rends compte de l’immense écho de Murakami en Corée. Plusieurs journaux ont consacré des dossiers entiers à l’exposition. Je suis fier de cette capacité de notre Château à la fois d’émerveiller par ce que l’histoire lui a légué et d’étonner toujours, d’être un lieu qui compte, un lieu incontournable.
Souvent en Extrême-Orient, les expositions sont produites pour les musées par des opérateurs privés. « Fastes de Versailles » l’a été par GNC Media que dirige Louis Hong. Sa société est « opérateur culturel », gère des droits littéraires et artistiques, des archives photographiques (dont celles de la Réunion des musées nationaux en Corée), édite des livres d’art, produit des expositions. Les équipes de M. Hong sont performantes et très professionnelles. M. Hong est francophile et francophone. Pour la culture de notre pays, c’est un port d’attache très efficace dans ce « pays du matin calme ». J’ajouterai que cet homme courtois et amical est devenu un vrai ami. Quand nous quittons Séoul, Bertrand Rondot, Olivier Josse, Marc Nolibé, Marie de Lauzon, Victor Almeida Alves et moi, il nous adresse des paroles vraiment chaleureuses qui me consolent de l’effroyable longueur du voyage retour, tout au long d’un jour qui ne finit jamais, l’avion courant après le soleil.
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