Le calendrier commémoratif de la République française comporte 12 dates ! Certaines ont été établies par la loi, comme celle du 6 juillet 1880 qui fait du 14 juillet la fête nationale. D’autres l’ont été par décret. Le plus récent de ces décrets est celui du 31 mars 2006 qui consacre le 10 mai à la commémoration, en France métropolitaine, de l’abolition de l’esclavage. Plusieurs de ces dates se réfèrent à des faits de guerre, celle de 14-18 pour le 11 novembre, celle de 39-45 pour le 18 juin et le 8 mai, celle d’Algérie pour le 5 décembre. Les harkis sont, par ailleurs, célébrés le 25 septembre. Deux dates évoquent les victimes des persécutions nazies, le dernier dimanche d’avril pour les persécutions antisémites et la déportation, le dimanche le plus proche du 16 juillet pour toutes les persécutions racistes de l’Etat français (le régime de Vichy). Quand à la date du 8 juin consacrée aux soldats tombés en Indochine, elle ne commémore aucune date à proprement parler de cette guerre mais l’anniversaire de l’inhumation du soldat inconnu d’Indochine dans la nécropole nationale de Notre Dame de Lorette…
Trois de ces dates sont fériées (8 mai, 14 juillet, 11 novembre). Toutes sont pavoisées. La plupart passent cependant inaperçues. Elles ne sont pas ou plus comprises par l’opinion et ne servent parfois que de prétexte à un « pont » supplémentaire et apprécié. C'est le cas pour le 8 mai notamment. N’est-ce pas regrettable ? La Nation ne s'est-elle pas proposée d’interpeler, ces jours là, la mémoire civique de tous nos concitoyens et non celle seulement de ceux qui ont été les témoins ou les victimes de tel ou tel événement majeur ou drame de notre histoire ?
Dans ces conditions, que le Président de la République pose la question de la réorganisation de l’activité commémorative de l’Etat est légitime. L’idée de la concentrer sur quelques dates-clés dont le 11 novembre est digne d’attention et d’intérêt. Au seuil de l'hiver, cette date ne se prête-t-elle pas plus que d'autres, au souvenir, au recueillement, à la commémoration ? Dommage que le contexte électoral ait aussitôt exposé cette initiative à des commentaires ou à des critiques dans lesquels le besoin de se distinguer des candidats à l’élection présidentielle a plus compté que l'examen serein de la question; Il est vrai que le moment de son quinquennat choisi par le président pour s'exprimer à ce sujet ne le mettait pas à l'abri de critiques marquées par le parti-pris.
Il apparaît cependant clairement que trois dates ont un sens plus particulier et mériteraient d'être mises en valeur : le 14 juillet, fête nationale, le 11 novembre, journée de la mémoire, et le 9 mai, journée de l'Europe, qui pourrait devenir fériée, alors que le 8 mai cesserait de l'être.
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