Le monde est fatigué. L'Europe est fatiguée. La France est fatiguée. Certains s'indignent, d'autres s'insurgent, beaucoup aspirent à autre chose. Un profond besoin de changement secoue les sociétés. Le changement est à l'ordre du jour, ici et là, partout. En France d'où ce changement viendra-t-il ? Comment ne pas imaginer qu'il procédera de l'élection du printemps prochain, puisqu'il est dans l'ordre démocratique des choses de confier aux scrutins le sort de l'orientation politique d'un pays et donc l'expression de son éventuel besoin de changement(s). Qui incarnera en 2012 cette alternative au cours des choses ? Le candidat issu des primaires, capable de fédérer, au delà de la gauche, l'opinion qui aspire à un autre cours des choses ? Un "troisième homme" dont l'avènement semble peu probable cette fois-ci ? Un candidat de droite autre que le président de la République, hypothèse plusieurs fois évoquée ces derniers temps ? Ou, paradoxe, le président-candidat lui même, qui, dans une habile volte-face, érigerait en thème de sa campagne, non pas le bilan de son action mais sa capacité à être le promoteur de tous les changements désirés, dans un second mandat qui serait constitutionnellement le dernier possible. Ça ne manquerait pas de culot, mais ça pourrait ne pas manquer d'efficacité...
Changement, changement..., en quoi devrait consister le changement ? A mes yeux, en plusieurs choses essentielles.
1) Le style du pouvoir qui doit savoir se dépouiller de sa suffisance, redevenir modeste, dans le comportement et le discours, retrouver le sens du service et le respect de règles clairement énoncées.
2) La mise en œuvre d'une véritable révision de la règle du jeu constitutionnelle, ou du moins de l'usage qui est fait de l'actuelle. Sans aller jusqu'à une VIème République dont la recherche peut être clivante, il conviendra d'amender celle de la Vème et, surtout de l'interpréter de façon plus équilibrée et démocratique.
3) La promotion d'une véritable réorganisation du cadre territorial, politique et administratif de la France, comme la Révolution Française avait su le faire. Cela doit donner lieu à l'affirmation d'un nouveau mode de relation entre l'Etat et les collectivités locales, dans un nouvel élan de la décentralisation.
4) La clarification et la démocratisation du processus de construction européenne. L'avènement d'un noyau fortement intégré apparait comme une nécessité politique, économique et sociale, face aux enjeux des nouvelles donnes internationales. Au processus de seul élargissement, il faut ajouter celui d'une intégration plus volontaire.
5) Le renouveau des activités de production de biens, de services, de talent et d'intelligence, de manière a donner à notre pays la capacité conjointe de permettre l'épanouissement de ceux qui y vivent et le financement tant du service public que de la solidarité. Cela appelle aussi l'affirmation d'une fiscalité juste, efficace et stable dans ses principes. Cela exige encore une ambition pour le renouveau du service public. On ne peut tolérer sa permanente dénégation. Celà ne signifie pas qu'on doive s'accommoder de ses archaïsmes.
Voilà quelques uns des objectifs de changement auxquelles les citoyens aspirent. Qui s’en emparera le mieux parmi les candidats ? On verra... Toujours est-il qu'on se redit que c'est un bien terrible système politique que le nôtre, qui suspend tout le destin politique du pays au choix d'un Homme. Un tel système est-il légitime, pertinent et tenable? Je ne pense pas. En tout cas, c'est dans celui là qu'il faut, "rebus sic stantibus", agir, choisir et avancer.
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