Véronique Cayla a été désignée à la succession de Jérôme Clément à la présidence d’Arte. Je sais qu’elle saura diriger cette chaîne franco-allemande avec détermination et talent.
C’est à l’extrême début des années 80 que j’ai, pour la première fois, rencontré Véronique Cayla, en compagnie justement de Jérôme Clément ! Véronique appartenait alors au cabinet du Ministre de la Culture Jean-Philippe Lecat, alors que Jérôme était sous-directeur à la direction du patrimoine. Ils avaient ensemble été chargés par leur Ministre de vérifier si le « Palais des Etudes » de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts, magistral bâtiment de Duban dominant la cour de la rue Bonaparte, pourrait être affecté à la grande bibliothèque des arts dont rêvait André Chastel. Alors sous-directeur de l’Ecole, j’avais été chargé par mon directeur, Jean Musy, de les recevoir, c’est-à-dire de les recevoir de façon décourageante… C’est ce que je fis, n’imaginant pas que je succèderai un jour à Véronique Cayla dans l’une de ses fonctions (à la Vidéothèque de Paris, en 1994), que je serai un jour le Ministre de ces deux visiteurs et que l’un succèderait à l’autre à la présidence d’Arte, alors encore dans des limbes improbables… Véronique et moi avons, par ailleurs, partagé l’honneur de travailler pour le même patron, Jean Musy, elle quand il est devenu, succédant à Pierre Emmanuel, directeur de la Vidéothèque, moi, plus tard, quand il devint directeur des affaires culturelles de la Ville de Paris. Nous avons également partagé l’estime et la confiance de Michel Guy qui fut Ministre de la Culture de 1974 à 1976.
Je forme des vœux pour la nouvelle et future mission de Véronique (elle prendra ses fonctions en mars prochain). Peut-être pourra-t-elle accélérer la vocation européenne de cette chaîne dont on ne peut pas dire, par ailleurs, qu’elle a entièrement réussi à devenir l’instrument d’une vraie proximité culturelle entre la France et l’Allemagne. Quelle que soit la qualité du travail réalisé par Jérôme Clément, je crois, en effet, qu’il y a encore beaucoup à faire pour mieux installer la chaîne dans le paysage audiovisuel d’une Europe qui ne cesse de se poser la question de sa personnalité culturelle et de la « circulation des œuvres » dans l’espace qu’elle constitue. Il est évident aussi qu’on ne peut pas considérer sa modeste audience comme un horizon indépassable. Comme l’écrivait dans Libé Raphaël Garrigos et Isabelle Roberts, « La Cayla », comme disait Jean Musy, aura du « Brot » sur la planche…
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