Françoise de PanafieuFrançoise de Panafieu, députée de Paris, vient visiter le château de Versailles avec Nelly Tardivier, aujourd’hui chargée de mission Tuileries au Musée du Louvre. Je les accueille amicalement. Nous nous souvenons de l’époque où nous travaillions ensemble, Françoise comme adjointe au Maire de Paris chargée des affaires culturelles, Nelly étant sa chargée de mission. J’étais alors moi-même, comme j’aime à le dire, « employé de mairie », d’abord adjoint au directeur des affaires culturelles qu’avait été Jean Musy, jusqu’à sa mort en 1988, puis délégué aux manifestations culturelles, en l’occurrence chargé des événements exceptionnels organisés par la Ville (bicentenaire de la Révolution, centenaire du Général de Gaulle, cinquantenaire de la libération de Paris, etc.) et, enfin, directeur des affaires
culturelles où je succédais à Bruno Racine. Dans le couloir qui conduit à mon bureau du pavillon Dufour, j’ai accroché quelques souvenirs de mes activités professionnelles antérieures dont une photo qui était, je crois bien, parue dans le
Figaro Magazine, où on nous voit, Françoise, Nelly, Jean et moi. C’était il y a 21 ans déjà. Nous constatons, en riant, que nous avons changé et que le temps, le bon temps, le dur temps, a fait son œuvre.
A Françoise de Panafieu, déjà députée de Paris, s’annonçait une carrière que beaucoup disaient prometteuse. Chacun s'accordait à lui reconnaître le talent et l'enthousiasme qui caractérisaient la manière dont elle exercait ses responsabilités d'Adjoint au Maire. Sa vie politique lui infligea en fait une suite de déconvenues : ministre du Tourisme dans le gouvernement Juppé en 1995, elle fit partie des « Juppettes » rapidement éconduites, candidate à la mairie de Paris, elle ne réussit ni à désarçonner définitivement Jean Tibéri campant sur son bastion du 5è arr, ni à battre Bertrand Delanoë, maire depuis 2001 et réélu face à elle en 2007. Candidate en 2009, avec des titres légitimes, à la présidence de la nouvelle commission des affaires culturelles et de l’éducation, elle se fit « coiffer au poteau » par Michèle Tabarot, députée des Alpes-Maritimes. Elle assume ces déconvenues avec la philosophie que lui donne sa bonne éducation, l’exemple qu’elle reçut de ses parents, François et Hélène Missoffe, qui furent tous deux ministres et le premier même un « baron » du gaullisme, et l’accomplissement de sa vie familiale. Elle est mère de 4 enfants et 4 fois grand-mère. Celà dit elle ne semble pas décidée à baisser les bras : " bête politique", elle reste toujours très active dans les débats qui animent son parti, tant au plan national que local.
S’il nous est arrivé dans l’histoire de notre collaboration de nous heurter, c’est bien parce que nous avions des ambitions concurrentes, celle notamment d’exercer des responsabilités culturelles de premier plan. Le temps et la vie ont émoussé nos anciennes frictions. Elle n’est pas devenue ministre de la Culture et je ne le suis plus. Cette sorte d’égalité que le sort nous a fait retrouver nous permet de nous livrer à l’évocation des nombreux bons souvenirs de notre vie professionnelle partagée ainsi qu’à celle de nos moments de vraie complicité.
PologneA la mi-journée, je reçois Waldemar Dombrowski, qui fut mon collègue ministre de la Culture de Pologne et qui dirige aujourd’hui l’Opéra national de Varsovie. Il vient me parler de l’année Chopin et de son rêve d’organiser une soirée consacrée à ce grand musicien à l’Opéra royal en 2010. Je lui propose que nous mettions ce projet à l’étude : quel programme ? Quels artistes ? Quel coût ? Quel financement ? Quand ?… A priori, j’y suis disposé, par admiration pour Chopin, par respect pour la Pologne et par amitié pour Waldemar avec qui j’avais, quand nous étions « aux affaires », élaboré plusieurs projets. Je lui avais rendu visite à l’occasion d’une mission que j’avais faite dans trois pays de l’Europe de l’Est (Pologne, Hongrie, Roumanie) dans la perspective de leur adhésion à l’Union Européenne.
Université Dans la soirée, je me rends à l’université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines où j’ai accepté de parrainer la séance d’ouverture de l’année académique de la faculté de droit et de sciences politiques. J’y suis accueilli par le doyen Thomas Clay, le corps enseignant en robe rouge, épitoges déployées, les étudiants. J’y réponds au discours du doyen avant de participer à la remise des prix aux lauréats de l’année précédente. Je suis frappé par la qualité du corps enseignant, l’ardeur des étudiants, leur volonté conjointe de porter haut l’excellence de leur faculté et leur volonté de l’enraciner, bien qu’elle soit jeune, dans une histoire déjà assumée. Dans le couloir qui mène au bureau du doyen, on a placé les portraits (des photos) de ses trois prédécesseurs. On est loin des prestigieuses généalogies de doyens des vieilles facultés européennes, Bologne, Paris, Toulouse… mais on fait comme si déjà l’histoire soutenait l’autorité de cette faculté encore dans sa première jeunesse.
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