En fin de
journée (18h22), sur France Info, j’écoute la rubrique hebdomadaire de Michel
Serres reçu par Michel Polacco. Comme toujours, c’est très brillant et
stimulant pour l’esprit. Cette semaine, il est question des sens, et plus
précisément, du toucher (du tact dit Michel Serres). Le philosophe analyse
subtilement l’oubli, voire le dédain qui frappe ce sens par rapport à d’autres
(la vue, l’ouïe) jugés plus déterminants et plus essentiels. Michel Serres
souligne que la privation des sens « nobles » est désignée par un mot bien
repéré. On est aveugle quand on est privé de vue, sourd quand privé d’ouïe.
Qu’est-on quand on est privé du tact (au sens physique du terme, et donc non de
tact) ? Il faut aller chercher des mots savants pour décrire cette réalité…
Michel
Serres explore les mots, les idées, les réalités avec subtilité pour nous faire
mieux connaître et comprendre le monde. Un vrai travail de philosophe donc.
Quelle que
soit la pertinence de cette réflexion, je me dis qu’elle n’est pas totalement
inédite. Dès 1919, Johan Huizinga, décrivait dans son essai majeur, Le Déclin
du Moyen-Âge, le bouleversement de la hiérarchie des sens à la fin du
Moyen-Âge. L’ouïe, sens majeur pendant le Moyen-Âge, se fait alors supplanter
par la vue, sens majeur des temps modernes, temps de la lecture d’abord, de
l’image reproduite et diffusée ensuite, puis, plus récemment, temps de la
photographie, du cinéma, de la télévision et de la publicité.
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