Le site « Louvre pour tous » s’est longtemps, comme son nom l’indique, fait les dents sur le Musée du Louvre et sa direction. Il marque désormais une prédilection régulière pour le château de Versailles et les initiatives de son président auxquelles il trouve mille choses à redire… Pourquoi pas ? Le débat est ouvert et libre et de surcroît, intéressant pour tous quand il utilise les arguments de la bonne foi et de la vérité. En revanche, quand s’y mêlent l’exploitation d’informations approximatives, la mise en relief de ragots, l’exaltation de rumeurs et le frayage avec les franges de la diffamation, il change, de manière regrettable, de nature. Dans l’une de ses dernières tribunes, intitulée « un Koons de Versailles en vente chez Pinault », le rédacteur de ce média en ligne laisse entendre que je pourrais faire des choix de programmation pour le château de Versailles soumis à des objectifs de complaisance pour les intérêts de François Pinault mais aussi du galeriste Emmanuel Perrotin ! Cette tribune convoque quelques « preuves », parfois déconcertantes par leur naïveté comme, par exemple, un article du « Corriera (sic) del Veneto » du 30 octobre 2009 qui, à propos d’un événement vénitien, me qualifie de « consigliere culturale » de François Pinault en m’appelant « Jacques Aillagon ». Quand on connaît le caractère parfois approximatif des informations de la presse locale de la Vénétie (Gazzetino, Corriere del Veneto, Nuova Venezia) on reste confondu de stupeur qu’un éditorialiste qui se veut sérieux se serve d’un argument d’autorité aussi fragile pour laisser perfidement entendre que j’exercerais toujours des activités salariées au bénéfice du « milliardaire Pinault ». Qu’on me permette de le rassurer à ce sujet puisqu’il me somme de m’expliquer, en lui indiquant :
1. Que, dès ma nomination à la présidence de l’Etablissement public du musée et du domaine national de Versailles, j’ai mis fin à mes activités salariées de directeur de Palazzo Grassi dont j’étais d’ailleurs, en droit, « administrateur délégué », Palazzo Grassi étant, depuis l’ère Fiat, constitué en Société par action de droit italien.
2. Que j’ai également mis un terme à ma participation au conseil d’administration de cette société après que cette instance ait été en mesure de prendre acte de ma démission et me donner quitus de ma gestion. M’y a alors remplacé mon successeur à Palazzo Grassi, Mme Monique Veaute.
J’aimerais que M. Hasquenoph prenne note de ces précisions. Il s’honorerait de ne plus colporter à ce sujet des ragots qui finissent, quand ils ont été démentis nettement, par constituer une diffamation.
Pour le reste de son article, je ne suis pas d’accord avec M. Hasquenoph. Sa démonstration sur la non valorisation, par leur présentation dans une exposition, des œuvres anciennes, propriétés privées, ne me convainc pas. Comme les œuvres modernes ou contemporaines, leur cote tire parti, inévitablement, de leur présence dans les grandes expositions et les catalogues qui les accompagnent. Pour ma part, ça ne me choque pas, sauf naturellement si une œuvre était délibérément exposée pour ne promouvoir que sa valorisation. Tant que le choix de présenter une œuvre en mains privées, que ce soit dans l’exposition Louis XIV, l’homme et le roi ou dans l’exposition Soulages par exemple, ne dépend que de l’idée que son commissaire se fait de l’illustration du sujet qu’il traite, je ne vois pas où est le problème. Si la collectivité nationale estimait que ce choix pose effectivement problème, politiquement, économiquement, déontologiquement…, il faudrait décréter l’interdiction pour les institutions publiques de présenter dans leurs expositions toute œuvre en mains privées ! Beaucoup d’expositions deviendraient difficiles à faire et toutes perdraient cette utile capacité de présenter au public des œuvres qui ne sont pas d’ordinaire accessibles dans des espaces publics. J’ajoute que les collections publiques doivent trop à la générosité des collectionneurs privés pour qu’on coupe le lien dynamique qui caractérise les relations, dans ce domaine, entre la sphère publique et la sphère privée.
TV5 Monde
Dans ma chambre d’hôtel à Venise, je regarde avec plaisir, avant de me coucher, le programme de TV5 Monde. J’ai dirigé cette chaîne pendant un an (J'y ai succédé à l'excellent Serge Adda, terrassé par un cancer contre lequel il avait lutté courageusement), un an seulement mais pendant lequel j’ai accompli avec de belles équipes, un formidable travail. TV5 est devenue TV5 Monde, ses cinq grilles ont été réorganisées, ses programmes réorientés, l’habillage de la chaîne a été redéfini, la synergie entre l’activité « télévision » et l’activité « Internet » totalement assumée, le « pacte » avec les partenaires francophones (la communauté française de Belgique, le Canada, le Québec, la confédération helvétique, l’Organisation internationale de la Francophonie…) renforcé par la nomination d’un directeur de la programmation québécois, Suzanne Laverdière. J’ai alors beaucoup insisté sur la fonction d’agent de la francophonie de la chaîne. C’est ainsi que j’ai confié à Bernard Cerquiglini la responsabilité de concevoir et d’animer un programme court et récurrent intitulé « Merci professeur ». Il est accessible sur le site internet de la chaîne, l’un des plus remarquables que je connaisse. J’en recommande la consultation.
Si j’ai quitté TV5 Monde, c’est parce que je n’étais pas d’accord avec les choix faits par l’Etat français, principal tuteur de cette chaîne multilatérale, sur les orientations de sa politique en faveur de l’audiovisuel extérieur. Je m’en étais expliqué à l’époque.
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