Interview de Jean-Paul Cluzel dans les pages saumon du Figaro. Le PDG de Radio France, dont le mandat arrive à son terme en mai prochain, évoque son bilan et s’explique sur certains de ses choix ou certaines de ses initiatives dont celle de poser en catcheur dévoilant ses tatouages pour un calendrier d’Act Up… Ses déclarations sur la tribune quotidienne de Stéphane Guillon sont embarrassées (« quand la pertinence manque à l’impertinence, le rire ne fait plus rire. Je ne voudrais pas que cela arrive à Stéphane Guillon… »). Le problème de Stéphane Guillon ce n’est pas intrinsèquement la liberté et l’insolence même de sa canonnade quotidienne, c’est le positionnement de cet exercice dans la grille du 7/10, matinale de France Inter, juste avant le journal de 8 heures, qui donne au propos de l’éditorialiste l’autorité de l’information alors que c’est très largement la passion du parti pris qui l’anime. Comme souvent les imprécateurs (et les prophètes), Stéphane Guillon réveille les consciences. En les stimulant et même parfois en les irritant, il évite l’apathie des sentiments mous. Son propos inséré dans une séquence éditoriale qui se doit, surtout sur le service public, d’être équilibré et contradictoire, peut cependant créer de la gêne voire de l’indignation que renforce l’ambiguïté de son statut éditorial.
Je déjeune avec Roland Mihaïl qui a longtemps été l’une des stars du journal du matin de France Inter, y inventant et animant avec Anne Brucy « Radiocom », à cheval sur la revue de presse de 8h30 que présentait alors l’immense Ivan Levaï. Roland Mihaïl a rejoint Vivendi où il conseille le président Jean-Bernard Levy. C’est toujours un grand bonheur de discuter avec lui. Il est au courant de (presque) tout et porte sur les choses et les Hommes un regard lucide et rigoureux. Il est trop intelligent et a trop vécu pour ne pas savoir être indulgent. Il sait qu’on peut juger sans être inquisiteur et que tenir une plume ou un micro n’ouvre pas le droit d’actionner le couperet des guillotines.
Dans la soirée, je passe à la Galerie Guillaume, rue de Penthièvre, dans le 8ème arrondissement, pour une exposition en forme d’hommage à Pierre Cabanne que j’ai bien connu. Pierre Cabanne était professeur à l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs, historien et critique d’art. Il avait notamment tenu la rubrique « art » du Matin de Paris, quotidien qui se réclamait du socialisme, créé par Claude Perdriel et dont l’existence fut assez éphémère. Pierre Cabanne, « homme de gauche », était très lié à mon ami (puis patron), Jean Musy, incontestablement, lui, « homme de droite ». Il y avait entre eux des affinités méridionales. Jean Musy était de Montauban, Pierre Cabanne de Carcassonne. Le cassoulet happait leurs divergences politiques qui, de toutes manières, n’étaient marquées, d’un côté et de l’autre, par aucun fanatisme.
Au mur de la galerie, des œuvres des artistes qu’il a aimés, et défendus dont Olivier Debré dont la fille assiste au vernissage et avec qui j’échange quelques souvenirs sur son père.
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