Nouvel épisode dans « l’affaire » des bronzes chinois provenant du pillage du Palais d’été de Pékin en 1860, vendus par Christie’s récemment, à l’occasion de la vente Yves Saint-Laurent–Pierre Bergé. La Chine s’en indigne et évoque des représailles contre la maison de ventes. Pierre Bergé réplique prestement, à sa manière et sans détour. Jean-Pierre Raffarin renvoie Pierre Bergé dans ses buts. L’imbroglio se complique encore. L’acheteur Cai Ming Chao, propriétaire d’une maison de vente à Xiamen, se dérobe. Son courtier a donc, en son nom, commis une « folle enchère ».
Comment se dénouera cette ténébreuse affaire ? Plusieurs journaux en indiquent les issus prévues par le droit. Ou le propriétaire récupère ces œuvres qui lui appartiennent toujours. Ou il les propose à une nouvelle enchère et l’acheteur défaillant sera obligé de compenser la différence de prix si la nouvelle enchère était inférieure à la précédente…
Quoi qu’il en soit, il serait bon à cette occasion de réaffirmer qu’on ne peut pas raisonnablement prétendre que tous les transferts de propriété d’œuvres qui ont eu lieu avant le XXe siècle pourraient être, au nom du droit ou de la morale, remis en cause quand ils ont eut lieu dans des conditions qui apparaissent aujourd’hui comme répréhensibles. Les lois de la guerre, le droit international, les usages tout simplement n’étaient pas alors ce qu’ils sont aujourd’hui. Le butin a longtemps fait partie des pratiques ordinaires. La stabilité du paysage patrimonial international rendrait peu opportun la remise en cause de mouvements d’œuvres qui se sont produits dans un contexte très différent du nôtre. Cela vaut pour ceux qui se sont déroulés dans des conditions violentes, mais aussi pour certains de ceux qui se sont déroulés dans des conditions plus paisibles, mais pas toujours équilibrées, s’agissant notamment de certaines transactions commerciales, comme celle qui a conduit une partie du cloître de Cuxa aux Cloisters de New York. Les évolutions du droit, au XXe siècle notamment, ont changé la donne et, par exemple, proclamé le caractère de « crime contre l’humanité » des spoliations nazies et donc le caractère imprescriptible du droit de réclamation des victimes et de leurs ayants droit. C’est bien ainsi.
Ne devrait-on cependant pas, au moins pour les transferts d’œuvres issues d’incontestables spoliations, antérieures au XXe siècle, et même si ce n’est pas sur la base d’un droit positif, quand ces spoliations concernent des œuvres symboliquement et incontestablement attachées à l’identité d’un peuple ou d’un pays, savoir examiner de quelle manière les bons usages, l’amitié, la diplomatie, le respect mutuel sauraient trouver une issue à une situation blessante pour ceux qui l’ont subie ?
S’agissant des bronzes chinois, du Lièvre et du Rat arrachés à la fontaine clepsydre du Palais d’été, on imaginerait volontiers qu’un miracle, produit par un deus ex machina vienne apaiser les tensions et qu’il se trouve un acheteur, pourquoi pas un consortium d’entreprises françaises ayant des intérêts en Chine, qui négocie cet achat de gré à gré pour remettre ces précieuses sculptures aux autorités chinoises. Leur retour à Beijing ne procèderait pas de l’application d’un droit mais d’un acte de cette « amitié entre les peuples » à laquelle on aimerait que la Chine reste sincèrement et sereinement attachée.
Mes animaux à moi, Othello et Caramel, me posent moins de problèmes. Encore que Caramel ait attrapé une tique dont j’ai dû le soigner vigoureusement ce matin.
J'ai eu la même idée mais avec PPR propriétaire de Christie’s. Il eu été logique que le groupe rachète les bronzes pour en faire don à l'état chinois au nom de l'entente entre nos 2 peuples.
1 - c'était une super opération de communication à l'échelle planétaire
2- les marques du groupe PPR, YSL, GUCCI, Bottega etc dont sont très addict les chinois seraient alors incontournables dans l'empire du milieu
Rédigé par : bibi | 04 mars 2009 à 16:43