14 juillet
Dans Le Monde, interview d’Isabelle Lemesle, présidente du Centre des Monuments Nationaux. Je note avec satisfaction qu’elle reprend, pour les espaces verts des monuments nationaux, l’idée d’un pique-nique républicain, le 14 juillet, idée que nous avions mise en œuvre, pour la première fois, en 2008, dans le parc du château de Versailles. Cette année, nous en organiserons la deuxième édition, heureux que l’initiative ait fait école.
Il est bon que la fête nationale ne se limite pas à un défilé militaire et à des feux d’artifice. Dans mon enfance, le 13 au soir, toute la population participait à une « retraite aux flambeaux ». Les enfants marchaient en tête, portant, sur des perches, des lumignons de papier huilé (qui parfois prenaient feu…). C’était très joyeux. Les bals du 14 juillet, quand ils ne sont pas devenus banalement discos, témoignent encore de cette joie simple et fraternelle. C’est un peu cette atmosphère joyeuse que je souhaitais susciter à travers le pique-nique républicain du 14 juillet. Celui de 2008 fut convaincant. Quelques milliers de pique-niqueurs y vinrent, de blanc vêtus, portant la cocarde tricolore qui leur avait été offerte. A Versailles, c’était en quelque sorte les retrouvailles de l’Ancien Régime et de la Révolution (qui y est née). C’était donc, comme Marc Bloch l’avait magistralement écrit, la France dans toute la diversité et toute l’unité de son histoire.
Quand je travaillais à la Ville de Paris, avant d’être directeur des affaires culturelles, comme « délégué aux manifestations culturelles », j’avais, sans succès, essayé de convaincre la municipalité qu’il faudrait, une fois l’an (pourquoi pas le 14 juillet également ?), organiser un grand défilé civil, un défilé de tous les moyens techniques et humains qu’une municipalité mobilise pour assurer le bon fonctionnement de la collectivité et le service des citoyens : bennes à ordures, arroseuses, transports scolaires, ambulances, pompiers, véhicules de tous les services techniques possibles et inimaginables… qu’ils soient gérés en régie directe ou concédés… On aurait ainsi rendu sensible aux citoyens tout ce qu’ils reçoivent de la collectivité et l’importance de cette organisation pour le confort et la sécurité de leur vie personnelle et familiale. Mine de rien et bien que ça puisse, au premier abord, prêter à sourire, cette initiative serait une excellente sensibilisation à l’importance de la vie collective… J’en ai parlé récemment à un collaborateur que ça a rendu hilare et qui m’a dit que cela aurait des relents de défilés sur la Place Rouge devant le Petit Père des Peuples. Je persiste cependant à penser que l’idée mériterait d’être creusée.
Musée de l'Histoire de France
Je note dans le même quotidien que la Ville de Vincennes est candidate à l’accueil du musée de l’histoire de France et qu’elle a même constitué un comité à cet effet. Pourquoi pas… ! Je doute cependant que le maire de Vincennes ait une idée plus arrêtée que la mienne de ce que sera ce musée. Il y voit, ce qui est légitime de la part d’un élu, un moteur d’activités et de développement possible pour le territoire de sa commune et des communes voisines… Les communes ont compris et parfois exagéré l’impact de décisions culturelles sur leur développement. On le voit dans leur compétition pour l’obtention du classement au patrimoine mondial de l’UNESCO ou dans celle pour l’organisation de la capitale européenne de la culture…
Météorologie politique
La crise économique, les revendications sociales, la Guadeloupe et la Martinique, les Universités… Les difficultés s’accumulent et rendent tous les débats politiques aigus et passionnés, ceux de la construction européenne, de l’organisation territoriale de la France, du rôle économique de l’Etat, et même de l’engagement de notre pays à l’égard de l’OTAN…
La vie politique a un caractère éminemment météorologique avec un climat de type océanique. Il fait beau, puis les nuages s’accumulent. Les tempêtes se déchaînent avant que le beau temps revienne. C’est Jack Lang qui m’avait fait un jour cette observation sur le caractère météorologique de la vie politique. Elle m’avait frappé. Tout ministre ne redoute-il pas, dans le fond, les périodes de trop grand calme, comme ces paysans à qui on dit « Ah qu’est-ce qu’il fait beau aujourd’hui ! » et qui vous répondent impassibles « On va le payer ! ». Vieille sagesse paysanne dont la vie politique fait un usage de précaution…
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