Ganzega
A Venise pour la « Ganzega » de la fin du chantier de la Punta della Dogana. La « Ganzega », c’est le repas qui réunit tous les artisans d’un chantier, architectes, ingénieurs, ouvriers, entreprises, artisans, maîtres d’ouvrages, vérificateurs, services de la Commune et de l’Etat… Plusieurs centaines de convives se pressent dans l’une des nefs équipée de longues tables. Le Maire de Venise est là également, ainsi que Monseigneur Antonio Meneguolo, vicaire patriarcal avec qui j’avais négocié un échange de locaux entre le séminaire et le futur centre d’art… Soirée joyeuse avec quelques rapides discours et surtout beaucoup d’allégresse et une grande fierté pour le beau travail accompli.
François Pinault, qui a rendu tout cela possible, n’a pas pu rester pour la soirée. Chacun lui rend cependant hommage. En 2005 il achetait Palazzo Grassi et le rouvrait, réaménagé par Tadao Ando dès 2006. C’est à la fin de 2006 qu’il remportait l’appel d’offre en vue de la concession de la Pointe de la Douane. Les travaux y étaient engagés, dès la conclusion des complexes procédures administratives, dans le courant de 2007. Le bâtiment rénové par le même Tadao Ando est prêt à recevoir une première exposition qui ouvrira, en juin, au moment de la Biennale. Voilà qui a été rondement et bien mené, avec efficacité et enthousiasme.
Graziano Arici pour Palazzo Grassi
Saint Jérôme d’Alessandro Vittoria
Tout au long de la journée, Venise est magnifique, sous un soleil de quasi printemps. La vue est dégagée jusqu’à l’horizon de la lagune. Sous le soleil, la pierre d’Istrie est blanche. C’est Carnaval. Il vaut donc mieux éviter la Place Saint-Marc. J’en profite pour aller, avec la chère Dominique Muller, revoir San Giovanni et Paolo, son Colleone sur la place et, à l’intérieur, cette prodigieuse accumulation de cénotaphes et de tombeaux. Mon regard s’attarde longuement sur le Saint Jérôme d’Alessandro Vittoria. J’admire le contraste entre l’animal – le lion – qui dort paisiblement et les tourments spirituels qui ravagent le Saint dont le visage est marqué par la mortification et l’étude, visage de noble vieillard planté sur un corps d’athlète qui sort de la palestre.
Statue de Saint Jérome par Alessandro Vittoria (1564), © dvdbramhall
Italics
A Palazzo Grassi, exposition Italics conçue par Francesco Bonami qui a déconcerté la critique par son refus d’un exercice strictement anthologique et historique. Il est vrai que l’exposition est paradoxale. Elle n’est pas narrative. Elle ne rend pas compte de la scène italienne, au cours des quarante dernières années, selon les hiérarchies convenues de la critique et de l’histoire… mais elle suscite de passionnantes rencontres d’œuvres, permet de mieux apprécier des artistes peu connus et invite à une stimulante réflexion sur les échos qui animent, dans une période historique donnée, la relation des œuvres les unes avec les autres.
Crise vénitienne
Comme ailleurs, les vénitiens se plaignent de la crise. Il y aurait moins de monde, les hôtels seraient vides ainsi que les restaurants. La Reppublica consacre un dossier aux fermetures de commerce à Padoue et annonce « En Italie, en 2008, un commerce a fermé toutes les sept minutes. Voyage à Padoue, dans une rue frappée par la récession ». Un encadré est consacré à Venise avec comme titre « Moins de touristes. A Venise les hôtels éteignent leurs lumières… ». Le ralentissement du tourisme international est sans doute patent. On le mesure un peu à Versailles comme dans tous les musées parisiens. Le public local a tendance, pendant ce temps à se développer. Dans une ville comme Venise, la ressource qu’il offre est cependant modeste. Il n’y a plus, dans la lagune, qu’un peu plus de 50 000 habitants.
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