Ce premier avril, la scène nationale d’Albi, installée dans sa nouvelle architecture conçue par Dominique Perrault, présentera "La fin du monde est pour dimanche" de et avec François Morel, un des fameux Deschiens de Jérôme Deschamps. C’est ce que se diront aussi, dimanche soir, les candidats à l’élection municipale dont les espoirs auront été déçus par le scrutin …
La culture a occupé une place significative dans la campagne électorale, surtout dans les grandes et moyennes villes où se concentre une part si déterminante de l’offre culturelle de notre pays. C’est elle d’ailleurs qui constitue l’un des meilleurs identifiants du caractère réellement urbain d’un territoire. A Paris, les deux candidates du second tour, Nathalie Kosciusko-Morizet et Anne Hidalgo, n’ont, de ce fait, pas manqué d’argumenter sur la dimension culturelle de leur projet pour la ville, alignant, avec plus de bonheur pour l’une que pour l’autre, des comités de soutien du monde de la culture, mettant en avant les compétences de leurs porte-parole culturels, Bruno Julliard à gauche et Déborah Münzer à droite.
Une longue histoire a institué les communes en acteurs majeurs de la vie culturelle française, sans même, le plus souvent, que la loi ne leur impose la moindre obligation en la matière, à part peut-être celle d’entretenir les édifices du culte antérieurs à 1905 qui ont souvent un caractère de monument historique. Si elles ont créé, soutenu et entretenu des bibliothèques, des musées, des théâtres, des conservatoires, des écoles d’art et des festivals, c’est de leur propre chef qu’elles l’ont fait, s’appuyant sur la fameuse clause générale de compétence. L’existence du théâtre du Capitole à Toulouse, du château-musée de Dieppe, de la bibliothèque Louis-Nucera à Nice, du CAPC à Bordeaux ou des conservatoires de la Ville de Paris témoigne donc de la conviction avec laquelle les villes – grandes et petites – ont pris à cœur le projet de mettre la culture à la disposition des gens qui y vivent, y affectant toujours une part de leur budget supérieure à celle que l’Etat lui consacre.
À Forbach, ville de l’ancien bassin minier de Lorraine, où le candidat du Front national, Florian Philippot, pourrait menacer le maire PS sortant, l’action culturelle a fait montre à la fois de son utilité et de ses limites. Le Carreau, scène nationale, a su devenir, après bien des difficultés, le fer de lance d’une intéressante coopération transfrontalière, unissant ses forces à celle de la Fondation pour la coopération franco-allemande de Sarrebruck, dans un programme intitulé ArtBrücken, et accueille quelques 13.000 spectateurs par an. Cela ne suffit cependant pas pour enrayer le déclin de cette sous-préfecture de la Moselle. La menace de fermeture de sa dernière librairie, la librairie Chapitre, en est un symptôme.
En observant le vaste paysage de l’action culturelle des communes, on met rapidement le doigt sur toutes les questions sensibles qui se posent, aujourd’hui en France, à l’action publique : la nécessaire réforme de l’organisation territoriale, la clarification de la répartition des compétences entre les différents degrés de collectivités, la redéfinition du rôle de l’Etat et des modalités territoriales de ses interventions. À cet égard, la période qui s’ouvre devrait permettre d’engager des chantiers passionnants. Enfin, peut-être, la réforme …
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