Paris, une fois encore, s’est adonné à la mode. C’est hier que s’est achevée la fashion week. Au rythme d’une dizaine de présentations par jour, une centaine en tout, et d’une programmation off, comme pour les grands festivals, les maisons de couture ont dévoilé leurs collections pour l’automne-hiver prochain. Les défilés, devenus de véritables spectacles, ont attiré des centaines de rédacteurs de mode, venus du monde entier, les illustres comme Anna Wintour, rédactrice en chef de l’édition américaine de Vogue et les plus débutants. Certains défilés ont concentré une attention plus particulière, comme celui de Karl Lagerfeld, au Grand Palais. Cette fois-ci, le créateur de Chanel avait choisi le thème du Shopping Center, transformant la grande nef du bâtiment en vaste supermarché dans les allées duquel, déambulaient ses modèles.
Cette longue semaine souligne la capacité de Paris de rester une place internationale. Nombreux sont les créateurs qui, à l’instar de Yohji Yamamoto, vivent entre la France et leur pays d’origine. D’autres, ont fait le choix d’y installer, tout ou partie, de leurs activités, comme la cohorte des designers Japonais que forment Issey Miyake, Tsumori Chisato, Junya Watanabe et Junko Shimada. A ceux-là s’ajoutent des coréens comme Moon Young Hee ou des créateurs d’origine arabe tel Rabih Kayrouz. Cet internationalisme est également visible à la direction artistique de plusieurs maisons historiques françaises, désormais animées par des étrangers. Chez Dior, Raf Simons est belge, chez Balenciaga, Alexander Wang est sino-américain, chez Lanvin, Alber Elbaz est israélo-américain, Riccardo Tisci, chez Givenchy, est italien. Jean-Paul Gaultier, à la tête de sa propre maison, Christophe Lemaire, chez Hermès, Olivier Rousteing chez Balmain, Hedi Slimane chez Saint Laurent et Nicolas Ghesquières, chez Louis Vuitton, assurent la pérennité de la grande tradition française. Parmi les jeunes créateurs, si Alexis Mabille est également français, Cédric Charlier est belge et renforce, à Paris, la densité de cette ambassade d’outre-quiévrain que forment les créateurs issus des bonnes écoles de ce pays.
L’actualité culturelle traduit, par ailleurs, cette ouverture de la mode sur monde entier. Alors que le film "Yves Saint Laurent", de Jalil Lespert, est toujours à l’écran et rend hommage à un immense créateur typiquement français, le Palais Galliera présente l’exposition "Papier glacé", qui célèbre un siècle de photographie chez Condé Nast, grand groupe de presse américain, alors que le Musée des Arts décoratifs propose l’exposition "Inspirations", consacrée au designer belge, Dries Van Noten.
Peu de marchés sont aussi internationalisés que celui de la mode, de la création à la distribution, en passant par la fabrication. Les deux grands groupes qui se disputent cet empire, LVMH et Kering, rassemblent, d’ailleurs, des maisons d’origines différentes. Ainsi, chez Kering, se trouvent des françaises comme Saint Laurent ou Balenciaga, des anglaises comme Stella McCartney ou Alexander McQueen, des italiennes comme Gucci ou Bottega Veneta et même, s’agissant du life style, des allemandes comme Puma. Il est cependant essentiel que la France reste le cœur battant de ces grands ensembles et que le maximum de la production de leurs maisons continue d’animer le tissu industriel et artisanal européen, pour ne pas dire français. Encore faut-il que les conditions qui le permettent soient préservées.
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.