Samedi 16 novembre a été inauguré le bâtiment de Lacaton et Vassal qui désormais accueille, sur le front portuaire de Dunkerque, le FRAC Nord-Pas-de-Calais. Les architectes à qui on avait confié l’atelier de préfiguration n°2 des anciens chantiers navals de France, l’ont doté d’un bâtiment exactement jumeau par sa masse générale qui marque, sur ce territoire de reconquête urbaine qu’est Dunkerque, une prodigieuse volonté de renouveau. Que l’exposition d’ouverture porte pour titre "Le futur commence ici" n’est donc pas sans signification.
Ce FRAC fait partie de la "nouvelle génération" des fonds régionaux d’art contemporain, créés, il y a 30 ans, en 1982, par la volonté du ministre de la Culture, Jack Lang, qui souhaitait ainsi marquer la volonté de l’Etat, s’associant aux régions, de doter tout le territoire de structures capables de contribuer à la diffusion, dans l’espace public notamment, d’œuvres contemporaines. Son ministère poursuivait ainsi le projet engagé par Georges Pompidou, à travers la création d’un centre national d’art de de culture, de réconcilier les Français avec l’art de leur temps.
C’est parce qu’il est apparu, au cours de la dernière décennie, que les 23 collections qui se sont formées méritaient d’être mieux valorisées auprès du public, grâce à une installation permanente, dans un lieu qui aurait à la fois la capacité de les conserver, d’en gérer la diffusion et de les présenter, qu’est né le projet de les doter de bâtiments qui seraient conçus par des architectes de qualité. C’est ainsi qu’ont fleuri, à Orléans, le FRAC de la Région Centre conçu par Dominique Jakob et Brendan Mc Farlane, à Rennes, celui de Bretagne, par Odile Decq, ou, à Besançon, celui de Franche Comté, par Kengo Kuma. Quant aux collections, on ne peut que constater avec satisfaction, malgré quelques polémiques de mauvaise foi, qu’elles ont, en général, atteint un beau niveau de qualité et su, pour beaucoup, conquérir une vraie singularité. C’est ce que montre l’exposition collective, "Les Pléiades" qui se tient aux Abattoirs de Toulouse et rassemble des propositions émanant de chacun des FRAC.
Cet anniversaire invite à constater que, contrairement à ce que l’on a parfois dit, le ministère de la Culture n’est pas condamné, par nature en quelque sorte, à ne servir qu’à peu de choses. Sa vocation d’aménageur culturel du territoire est réellement essentielle. Elle s’est manifestée, tout au long de son histoire et, à vrai dire, avant même sa création, à l’époque où l’action de l’Etat en faveur de la culture se déployait dans une direction générale des Arts et Lettres, au sein du ministère de l’Education nationale. C’est là que naquit la décentralisation théâtrale, sous la conduite de Jeanne Laurent. Puis ce furent, sous le ministère Malraux, la création des maisons de la culture, ou encore, sous la direction de Marcel Landowski, directeur de la musique, de 1966 à 1975, la création des orchestres nationaux de région. L’aventure a ensuite continué, avec plus ou moins d’éclat, selon les époques. La conduite de telles politiques, autant que de moyens financiers, appelle une vision, des points de vue et une vraie capacité, sans ostracisme politique, de dialogue avec les collectivités locales. C’est cela gouverner.
Article publié le 20 novembre 2013 dans L'Opinion
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