A Rennes, on m’interroge sur la situation d’Olivier Py, dont le ministre de la Culture et de la Communication a annoncé le remplacement par Luc Bondy, en 2012, à l’issue du mandat de cinq ans qui lui a été confié à la direction de l’Odéon-Théâtre de l’Europe. Je rappelle qu’on ne peut contester au ministre le droit, c'est-à-dire la responsabilité, de nommer à la tête des institutions nationales, ou plus exactement de proposer ces nominations au Président de la République puisque c’est à lui qu’il appartient statutairement de signer le décret décisif. C’est à travers cette responsabilité que s’exerce l’une des expressions de la nécessité et de l’utilité d’un ministre « en charge de la culture ». Les nominations auxquelles il procède ou concourt sont les manifestations mêmes d’une politique culturelle. Elles visent à garantir aux institutions des patrons susceptibles d’en mettre en œuvre les missions statutaires avec autorité et efficacité. Ce droit, contrairement à ce que l’on entend parfois, ne relève ni de l’arbitraire, ni du caprice. C’est la raison pour laquelle il doit également prendre en compte la nécessité de garantir aux institutions concernées la stabilité sans laquelle aucun projet culturel ou artistique valable ne peut être mise en œuvre. A cet égard, la consistance calendaire de base de ces missions me semble devoir être de cinq ans au moins. Le dispositif statutaire prévoyant des premiers mandats de cinq ans suivi de mandats de trois ans me parait une bonne réponse à cet objectif. Il va cependant de soi qu’en cas de grave désaccord entre la tutelle, c'est-à-dire le ministre, et un chef d’établissement sur sa manière de diriger ou la réalisation des objectifs de sa mission, il n’est pas inconcevable, ni scandaleux, qu’une clarification intervienne et quelle puisse conduire au départ du responsable concerné. Encore faut-il que ce désaccord soit clairement exposé de manière justement à être compris. Quoi qu’il en soit, je crois aussi utile que la décision de procéder au remplacement d’un chef d’établissement, quand elle n’intervient pas dans un contexte de crise manifeste, soit assortie d’un délai de prévenance suffisant de manière à permettre à celui qui est amené à la subir de prendre toutes dispositions pour réorienter sa vie professionnelle et personnelle de la manière qu’il jugera la plus opportune. C’est une question de courtoisie et de bon usage.
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.