Il y a 221 ans le Roi, la Reine, ce qui restait de leur famille (certains avaient déjà émigré), les débris de la Cour, le gouvernement, l’administration, beaucoup des grands et des petits officiers au service de cette machine considérable que Louis XIV avait ancrée à Versailles… quittent Versailles escortés par la foule des parisiens. La première Révolution est finie. La seconde va se poursuivre à Paris. Elle se radicalisera de plus en plus jusqu’à ce 20 septembre 1792 où la Monarchie sera abolie. En un instant Versailles va s’éteindre. Bientôt seuls les Garde-meubles et les jardiniers veilleront à ce que le Château soit prêt pour un éventuel retour du Roi. Il n’y reviendra plus jamais. Le Château va bien s’endormir avant d’être livré, en 1793, à une totale saignée qui le videra de la totalité de ses biens meubles. J’ai demandé à Béatrix Saule de mettre en œuvre, pour 2012 ou 2013, une exposition sur Versailles dispersé. Je sais que le sujet enchante notre conservation. Il passionnera notre public. Toujours est-il que le 6 octobre marque bien dans l’histoire de Versailles une date grave, tragique, définitive. C’est la fin d’une histoire. Elle s’achève au balcon de la chambre du Roi quand Marie-Antoinette y paraît avec ses enfants pour se soumettre au sort d’une histoire en marche de façon implacable.
Un collaborateur me confie ce sonnet d’Albert Samain, très dans l’atmosphère du 6 octobre…
Ô Versailles, par cette après-midi fanée,
Pourquoi ton souvenir m'obsède-t-il ainsi ?
Les ardeurs de l'été s'éloignent, et voici
Que s'incline vers nous la saison surannée.
Je veux revoir au long d'une calme journée
Tes eaux glauques que jonche un feuillage roussi,
Et respirer encore, un soir d'or adouci,
Ta beauté plus touchante au déclin de l'année.
Voici tes ifs en cône et tes tritons joufflus,
Tes jardins composés où Louis ne vient plus,
Et ta pompe arborant les plumes et les casques.
Comme un grand lys tu meurs, noble et triste, sans bruit ;
Et ton onde épuisée au bord moisi des vasques
S'écoule, douce ainsi qu'un sanglot dans la nuit.
Cher M Aillagon,
L'idée d'une exposition portant sur un tel évènement serait tout à fait passionnante... meme passionnée car il est assez difficile de voir dans de grandes collections étrangères des meubles spécialement conçu pour telle pièce du chateau de Versailles, du grand ou petit Trianon, je pense à la superbe commode et au secrétaire en laque livrés par Riesener en 1783 pour le cabinet doré de la reine, conservé aujourd'hui au Metropolitan museum de New york... et d'autres meubles conservés à Waddeson Manor, à la Wallace collection... Il vaut mieux se dire pour se consoler que cette dispersion a permis de faire mieux connaitre le raffinement de la cour, le savoir faire de ces grands artisans. Pourtant, se fut une période sombre de notre patrimoine. La Révolution fut une période paradoxale, ou il y eu à la fois de multiples atteintes irrémédiables à notre patrimoine, et ou la notion de protection du patrimoine national est née.
Cette exposition serait tout à fait passionnante. Cette journée du 6 octobre 1789 est assez bien retranscrite dans le film "La Révolution française" datant du bicentenaire de la Révolution.
Comment se sont déroulées ces fameuses journées d'octobre, et les quelques années qui ont suivi le départ de la famille royal? Se fut quelque part une situation singulière, ou un chateau attendait le retour de son Roi, avant d'etre pillé, il faut bien le dire.
Très cordialement.
M Guillaume DUBOIS.
Rédigé par : Guillaume DUBOIS | 08 octobre 2010 à 09:24
>Guillaume Dubois, Cher Monsieur, Nous préparons pour 2013 une exposition sur les ventes révolutionnaires et donc la dispersion du mobilier de Versailles. Bien cordialement
Rédigé par : Jean-Jacques Aillagon | 11 octobre 2010 à 18:31
Monsieur
Quel plaisir de constaster au travers votre mandat votre volonté de mettre en oeuvre de telles expositions. Grâce à vous ce magnifique site est sans cesse en mouvement et suscite des envies et des "envieux". Les critiques que vous pouvez rencontrées sont à l'image même de ce que doit être ce lieu extraordinaire et qui doit le rester. Vous incarnez par vos choix ce que doit être Versailles. Encore bravo.
Rédigé par : Jérôme | 21 octobre 2010 à 23:18