La belle Hellène
La mort a encore frappé. J’apprends le décès de Dorette Karaiossifoglou, à l’âge de 99 ans. Dorette qui avait partagé sa vie entre Athènes, Paris et Londres avait également connu un destin marqué par une très grande liberté à l’égard des conventions et des convenances.
Après avoir divorcé du père de ses enfants, elle refit sa vie avec un homme par ailleurs marié et qui jamais ne divorça. Elle assuma cette vie doublement scandaleuse jusqu’à la mort de son compagnon dont elle se considéra alors comme la veuve, à l’indignation des enfants qu’il avait eu de son mariage légitime. C’est quand elle décida de faire un don en faveur d’une institution culturelle que nous fîmes connaissance. Je l’avais convaincue de soutenir la constitution de la bibliothèque d’une future école des Beaux Arts de la Ville de Paris, dont on m’avait confié la préfiguration. Quand il apparu que cette école ne se ferait pas, la Ville de Paris reculant devant la dépense, je pris le parti d’orienter la générosité de Dorette vers l’Ecole nationale supérieure des Beaux Arts et sa bibliothèque, dont je connaissais l’ampleur des besoins. Le projet en aboutit alors qu’Yves Michaud était directeur de l’école. La belle bibliothèque du Palais des études porte désormais le nom de Stratis Andreadis. J’aimerais que désormais une plaque associe à cette dédicace le nom et le souvenir de Dorette. Demain je me rendrai à son domicile pour saluer une dernière fois cette vieille dame qui adorait, équipée invariablement d’un chapeau cloche, aller, en fin d’après-midi, aux Deux Magots, pour boire un Irish Coffee. Les serveurs l’appelaient Madame Andreadis, ce qui la comblait au plus haut point.
Numériser
Dans Le Monde, interview du ministre de la Culture et de la Communication à propos de la remise du rapport de Marc Tessier qui, lui, donne une interview à la rubrique Medias du Figaro. Le Président de la République a de son côté, dès jeudi dernier, dans ses vœux au monde de la Culture, marqué l’importance qu’il attachait à la mise en œuvre de programmes ambitieux de numérisation des œuvres littéraires, scientifiques et artistiques. C’est d’ailleurs pour cette raison, qu’il a décidé d’affecter une part significative du grand emprunt à ce programme qui prend l’allure d’une croisade nationale. Il était temps que l’Etat se détermine à donner à ses opérateurs les moyens effectifs d’assurer la présence des œuvres dont ils ont la garde sur le Net, sous peine de rendre toutes les réserves à l’égard de Google purement incantatoires. Gardons-nous cependant de designer Google comme un Leviathan à abattre. Cet opérateur est à la fois prescripteur et fournisseur de contenus. Sa puissance est certes impressionnante mais son efficacité également. Il peut, dans un jeu équilibré, devenir un partenaire et un allié. C’est d’ailleurs l’une des recommandations du rapport de Marc Tessier.
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