- Les juifs du Pape en Provence de Jules B. Farber (Actes Sud)
- Rome et Jérusalem. Le choc de deux civilisations de Martin Goodman (Perrin)
- Le préjugé antijuif de Riccardo Calimani (Tallandier)
Denis Berthomier me recommande de lire à ce sujet l’essai de Shlomo Sand, Comment le peuple juif fut inventé.
Tous ces livres explorent la captivante question de la relation des juifs avec les autres et des autres avec les juifs. Pour moi, c’est un mystère sans fond que celui de savoir pourquoi les juifs sont restés des juifs. Ils n’avaient jamais été une « race ». Ils n’étaient même plus une ethnie. Leur langue était devenue une langue morte au point où il a fallu reconstituer une langue pour servir de langue officielle à l’Etat hébreux. Leur dispersion les avaient plongés dans des contextes culturels tellement divers qu’ils avaient fini par acquérir des singularités culturelles qui les distinguaient les uns des autres de façon presque irréconciliable (cf. les inépuisables blagues sur les différences entre sépharades et ashkénazes). L’oubli de leurs cultes antiques, la disparition de leur temple, l’indifférence religieuse et même l’athéisme, dont leurs penseurs furent souvent les précurseurs, firent que même la religion ne constitua plus un identifiant suffisant de ce groupe qui pourtant se reconnaissait comme tel et était reconnu ainsi. Ce qui fait finalement un juif, c’est, de façon très nominaliste, qu’il se reconnaît comme tel, qu’il est reconnu comme tel par les autres juifs et qu’il est déclaré tel par ceux qui ne le sont pas. En ces temps de débat sur l’identité nationale, il serait bon de se souvenir de cette puissance de la détermination « déclarative » de l’identité des individus et des sociétés. Beaucoup des Alsaciens qui agitaient des drapeaux tricolores à Strasbourg à la fin de 1918, ne parlaient pas le français mais étaient heureux d’être redevenus Français.
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