Monuments historiques
La délibération et le vote du Sénat ont légèrement amendé l’article 52 du projet de loi de finance 2010 modifiant les dispositions de la loi du 13 août 2004 sur le transfert de monuments historiques à des collectivités locales. Le Sénat a souhaité rendre au ministre de la culture le pouvoir de décision en la matière. C’était la moindre des choses. Les monuments ne pourront, par ailleurs, être transférés qu’entièrement et non par morceaux saucissonnés. C’est un mieux, mais symboliquement on s’éloigne désormais du concept de « cœur de patrimoine imprescriptible » qui constituait l’un des fondements de la politique nationale en faveur des monuments historiques. C’est aussi une révolution dans l’ordre de la mise en œuvre des politiques culturelles parce que cette résolution ne procède pas, de manière délibérée, d’un projet ou d’une proposition de loi spécifique, mais, à la dérobée, d’un cavalier législatif. Dommage !
Minarets
Une « votation populaire » s’est prononcée en faveur de l’interdiction de la construction de minarets sur le territoire de la Confédération Helvétique ! Un scrutin populaire sans complexe exprime, dans ce pays, ce que les opinions publiques de beaucoup de pays ressentent confusément quand se présentent à leur appréciation des projets de construction de mosquées, dotées ou non de minarets. En France, on le voit bien, les projets de construction de lieux de culte musulmans ne voient souvent le jour que très laborieusement, freinés par des considérations politiques ou administratives, souvent mues par la sourde résistance des opinions publiques.
Que de paradoxes ! Certains récusent l’érection de minarets au nom du caractère chrétien de l’Europe, alors même que le continent se déchristianise notoirement ! D’autres invoquent ses racines « judéo-chrétiennes » alors même que, pendant des siècles, des obstacles y furent dressés à l’encontre de la construction de synagogues et de leur visibilité dans l’espace public ! D’autres encore avancent le respect des paysages et des règles d’urbanisme, alors même que, depuis des décennies, on livre avec plus ou moins de violence l’espace urbain et rural à toutes les dérives d’un développement mal contrôlé, alors même aussi qu’on s’apprête à amputer la capacité des architectes des bâtiments de France à contrôler la qualité et l’opportunité des interventions immobilières et mobilières dans les espaces protégés !
La vérité est plus simple. C’est que l’Europe a du mal à s’accommoder du fait qu’elle est devenue un continent pluriculturel. Y cohabitent des femmes et des hommes porteurs de traditions, de croyances, d’usages, de coutumes que ne comprime plus le vieux (et théorique) modèle de l’intégration, qui n’était, souvent, que l’expression de la volonté de niveler les différences. La France a forgé, à cet effet, le refus du communautarisme, brandi comme une menace à l’indivisibilité et à l’unité de la République. C’est un peu court et trop facile ! Savoir faire coexister les différences, voilà un beau projet pour les sociétés modernes,parce qu’il suppose le respect et la tolérance. Dès 1560, alors que les guerres de religion déjà s’annonçaient, Catherine de Médicis et Michel de l’Hospital, chancelier du royaume, tentèrent, en organisant le « colloque de Poissy » de convaincre catholiques et protestants de vivre ensemble. Il faudra attendre l’édit de Nantes (1598) pour qu’une règle (bancale) de cohabitation soit arrêtée. On le sait, tout le siècle suivant, jusqu’à la révocation dudit édit (1685), fut marqué par une suite de restrictions dont celles imposées à la construction ou à la pérennité des lieux de culte réformé. Certains pensent que ce fut, pour la France, un grand malheur.
Que la Suisse, qui fut « terre de refuge » pour les huguenots, que la France « patrie des droits de l’Homme », se souviennent de cette histoire là et de tant d’autres, témoins des malheurs qui découlent de l’intolérance et de l’incapacité des hommes à tolérer les différences qui les distinguent de leurs semblables.
Signe des temps : le premier ministre de sa Majesté s’est déclaré en faveur d’une réforme de l’acte d’établissement de 1701 interdisant à un catholique d’accéder au trône d’Angleterre. Dans ce pays apte à digérer les différences qu’est le Royaume-Uni, c’est dans l’empyrée du trône que subsistent encore des règles d’exclusion. Là aussi, l’histoire finit par les ébranler.
La délibération et le vote du Sénat ont légèrement amendé l’article 52 du projet de loi de finance 2010 modifiant les dispositions de la loi du 13 août 2004 sur le transfert de monuments historiques à des collectivités locales. Le Sénat a souhaité rendre au ministre de la culture le pouvoir de décision en la matière. C’était la moindre des choses. Les monuments ne pourront, par ailleurs, être transférés qu’entièrement et non par morceaux saucissonnés. C’est un mieux, mais symboliquement on s’éloigne désormais du concept de « cœur de patrimoine imprescriptible » qui constituait l’un des fondements de la politique nationale en faveur des monuments historiques. C’est aussi une révolution dans l’ordre de la mise en œuvre des politiques culturelles parce que cette résolution ne procède pas, de manière délibérée, d’un projet ou d’une proposition de loi spécifique, mais, à la dérobée, d’un cavalier législatif. Dommage !
Minarets
Une « votation populaire » s’est prononcée en faveur de l’interdiction de la construction de minarets sur le territoire de la Confédération Helvétique ! Un scrutin populaire sans complexe exprime, dans ce pays, ce que les opinions publiques de beaucoup de pays ressentent confusément quand se présentent à leur appréciation des projets de construction de mosquées, dotées ou non de minarets. En France, on le voit bien, les projets de construction de lieux de culte musulmans ne voient souvent le jour que très laborieusement, freinés par des considérations politiques ou administratives, souvent mues par la sourde résistance des opinions publiques.
Que de paradoxes ! Certains récusent l’érection de minarets au nom du caractère chrétien de l’Europe, alors même que le continent se déchristianise notoirement ! D’autres invoquent ses racines « judéo-chrétiennes » alors même que, pendant des siècles, des obstacles y furent dressés à l’encontre de la construction de synagogues et de leur visibilité dans l’espace public ! D’autres encore avancent le respect des paysages et des règles d’urbanisme, alors même que, depuis des décennies, on livre avec plus ou moins de violence l’espace urbain et rural à toutes les dérives d’un développement mal contrôlé, alors même aussi qu’on s’apprête à amputer la capacité des architectes des bâtiments de France à contrôler la qualité et l’opportunité des interventions immobilières et mobilières dans les espaces protégés !
La vérité est plus simple. C’est que l’Europe a du mal à s’accommoder du fait qu’elle est devenue un continent pluriculturel. Y cohabitent des femmes et des hommes porteurs de traditions, de croyances, d’usages, de coutumes que ne comprime plus le vieux (et théorique) modèle de l’intégration, qui n’était, souvent, que l’expression de la volonté de niveler les différences. La France a forgé, à cet effet, le refus du communautarisme, brandi comme une menace à l’indivisibilité et à l’unité de la République. C’est un peu court et trop facile ! Savoir faire coexister les différences, voilà un beau projet pour les sociétés modernes,parce qu’il suppose le respect et la tolérance. Dès 1560, alors que les guerres de religion déjà s’annonçaient, Catherine de Médicis et Michel de l’Hospital, chancelier du royaume, tentèrent, en organisant le « colloque de Poissy » de convaincre catholiques et protestants de vivre ensemble. Il faudra attendre l’édit de Nantes (1598) pour qu’une règle (bancale) de cohabitation soit arrêtée. On le sait, tout le siècle suivant, jusqu’à la révocation dudit édit (1685), fut marqué par une suite de restrictions dont celles imposées à la construction ou à la pérennité des lieux de culte réformé. Certains pensent que ce fut, pour la France, un grand malheur.
Que la Suisse, qui fut « terre de refuge » pour les huguenots, que la France « patrie des droits de l’Homme », se souviennent de cette histoire là et de tant d’autres, témoins des malheurs qui découlent de l’intolérance et de l’incapacité des hommes à tolérer les différences qui les distinguent de leurs semblables.
Signe des temps : le premier ministre de sa Majesté s’est déclaré en faveur d’une réforme de l’acte d’établissement de 1701 interdisant à un catholique d’accéder au trône d’Angleterre. Dans ce pays apte à digérer les différences qu’est le Royaume-Uni, c’est dans l’empyrée du trône que subsistent encore des règles d’exclusion. Là aussi, l’histoire finit par les ébranler.
Bravo, voilà qui est bien dit M. Aillagon !
Rédigé par : TF | 12 décembre 2009 à 20:10