Dans « Libération » d’hier, intéressante interview de Manuel Valls, qui se manifeste décidément beaucoup en ce moment. Il souligne la nécessité pour son parti (le PS) de « redéfinir » son offre et de renoncer à des « conceptions dépassées ». Il appelle donc à un renouvellement de sa pensée politique.
Cette nécessité ne s’impose-t-elle d’ailleurs pas à tous les partis politiques ? Comment autrement signaler la singularité de leur engagement aux citoyens et rendre le débat qui les oppose les uns aux autres perceptible et utile. On voit bien que l’architecture de chacune des offres politiques qui constitueraient idéalement le paysage politique français devrait s’appuyer sur l’orientation spécifique que ces partis apporteraient notamment aux grandes questions suivantes :
1) Comment notre pays s’inscrit-il dans le processus de construction européenne ? Quel périmètre pour l’Europe ? Quelles missions ? Quelles institutions ? Quels transferts de compétences de la sphère nationale à la sphère communautaire ? Quel contrôle démocratique ?
2) Quelles sont les missions spécifiques de l’Etat et quels objectifs fixe-t-il à son action ? Comment met-il en œuvre ces missions, avec quels outils, avec quels moyens ? Ces questions sont essentielles et c’est à leur sujet que peuvent s’exprimer de vraies différences, tant la gamme des harmonies entre le « pas d’Etat » et le « tout Etat » est vaste.
3) De quelle manière organiser la relation la plus équilibrée possible entre la responsabilité de chaque individu à l’égard de son existence, et la solidarité que toutes les parties de la société doivent marquer à chacun de ceux qui la compose, et chacun de ceux-là à tous les autres ?
4) Quelle règle constitutionnelle fixer à l’organisation et à l’action de l’Etat ? Comment garantir à sa charte constitutionnelle et à l’organisation des pouvoirs publics un équilibre satisfaisant entre l’ambition démocratique et l’efficacité technique ?
5) Comme clarifier l’organisation territoriale et améliorer l’action conjointe ou spécifique des collectivités publiques ?
C’est, sans aucun doute, sur les nuances ou les oppositions que les différents partis marqueraient dans leurs réponses à ces questions que s’éclairerait de façon tonique, dans les futures consultations, le choix des citoyens. Le débat est nécessaire à la démocratie et à sa revitalisation. Encore faut-il que la vie publique soit réellement animée par de vrais débats. Les seules querelles de personnes ne suffisent pas à son épanouissement.
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