A Venise pour la présentation à la presse de la Punta della Dogana restaurée par Tadao Ando et celle de l’exposition Mapping the studio (œuvres de la collection François Pinault) qui se déploie sur deux sites : la Douane de Mer et le Palazzo Grassi. Forte affluence internationale de journalistes qui sont, par ailleurs, venus pour la 53ème Biennale d’Art. Chacun loue la subtilité et la pudeur du travail réalisé par Tadao Ando, y compris ses collègues architectes dont Renzo Piano que je revois avec plaisir. Le maire de Venise, Massimo Cacciari, vient d’ailleurs de lui faire réaliser une requalification des « magasins du sel » voisins de la Pointe de la Douane, pour y permettre la présentation des œuvres d’Emilio Vedova léguées par ce grand artiste à la Commune de Venise.
La magistrale rénovation de la Douane de Mer me laisse secrètement un regret : celui de ne pas avoir pu convaincre le Patriarche de Venise de louer pour une longue durée à la Fondation Pinault les deux parties de la Douane qui appartiennent au séminaire patriarcal depuis que Giulio Andreotti lui a cédé, il y a quelques décennies, cette partie du domaine public. J’avais conclu avec le Séminaire une première transaction, un échange au mètre carré près, destiné à améliorer le tracé de la « frontière » entre la partie de la Douane qui serait confiée à la Fondation Pinault et celle qui resterait de la responsabilité du Séminaire. J’avais ensuite proposé au Patriarche qu’on aille plus loin encore et que la Fondation Pinault prenne en charge l’installation, dans un bâtiment voisin, des activités du Séminaire que le Patriarche, le Cardinal Angelo Scola, envisageait de déployer dans cette « enclave ». J’ai un moment cru que cette négociation pourrait aboutir. Elle aurait permis de rétablir l’unité d’un bâtiment historique, d’en garantir la restauration totale selon les mêmes normes exigeantes, de mieux développer encore le projet de création d’un centre d’art contemporain… En un mot comme en mille, cela aurait été utile aux activités de toutes les parties concernées et, surtout, à la ville de Venise et à son patrimoine. Dommage que l’Eglise de Venise ait ainsi manqué l’occasion de manifester son ancrage dans la vie civique et culturelle de la Sérénissime et de démontrer qu’elle était plus attachée à l’intérêt général qu’à son intérêt particulier.
Cela dit, pour l’inauguration, les autorités religieuses se sont montrées très coopératives, permettant au « backstage » de la réception donnée à cette occasion d’utiliser ses locaux et mettant même à la disposition des organisateurs le magnifique Cortile du Séminaire patriarcal. Le Patriarche est venu à l’inauguration. Il a loué l’architecture et la restauration du bâtiment. Beaucoup des œuvres présentées l’ont, paraît-il, laissé perplexe… La Nuova Venezia du vendredi 5 juin titrera « Il Patriarca Scola visita la mostra, imbarazzo tra le opere ». Plusieurs commentaires soulignent cependant que Pinault n’a pas présenté à Venise, la Nona Ora de Maurizio Cattelan représentant Jean-Paul II écrasé par un météorite, ce qui aurait pu froisser son éminence…
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