Biennale de Venise
Visite des Giardini, site principal de la Biennale dont les expositions s’étendent également à l’Arsenal et aux nombreux « pavillons » répandus dans la ville tout entière.
Aux Giardini, peu de propositions réellement convaincantes. Celle de Claude Lévêque, dans le pavillon français est – je peux l’écrire sans chauvinisme – d’une très grande rigueur et d’une vraie puissance plastique. Elle m’est présentée par le commissaire du pavillon, Christian Bernard. L’artiste se tient pudiquement, comme toujours, c’est l’un des traits de son caractère, à l’écart. Dans la matinée, je l’ai retrouvé au petit-déjeuner qu’offre chaque jour son galeriste, Kamel Mennour, dans la « base » qu’il a installée dans un palais du Grand Canal. Kamel Mennour fait son travail de galeriste avec conviction, distinction et efficacité.
Parmi les pavillons qui retiennent mon attention, celui des Républiques Tchèque et Slovaque qui, malgré la partition de la Tchécoslovaquie, font toujours « pavillon commun ». C’est le travail de Roman Ondák qui y est présenté. L’artiste a tout simplement gommé la distinction entre l’intérieur et l’extérieur du pavillon. A l’intérieur, ce sont les plantations des Giardini qui se poursuivent, ainsi que leurs allées gravillonnées, comme si le jardin avait pris possession du bâtiment et la nature de la culture.
Sinon, dans beaucoup de pavillons, c’est la fascination du spectacle qui a pris le dessus. Le pavillon britannique propose un film de Steeve Mac Queen d’une durée de trente minutes. Pour le voir, il faut s’inscrire et réserver.
Les pavillons nordiques précisent « access by tour only » et « tours begin at the danish pavilion ». Ces pavillons nordiques sont transformés en maison de collectionneurs (The collectors) à vendre (For sale) . On propose donc au public d’y entrer dans une fiction dont il devient à la fois le spectateur et le possible acteur. Il y est capté par le « temps du spectacle ».
Pendant longtemps, l’œuvre plastique s’est caractérisée par l’immédiateté de sa possible perception, par sa capacité à ne pas solliciter de façon contraignante le temps de son spectateur, libre de la regarder peu ou beaucoup, longuement ou brièvement, profondément ou superficiellement, alors que le spectacle, le cinéma, la musique… l’obligent à consentir, à se livrer au temps qui les constitue et dont ils sont inséparables. Fascinés par cette prise de possession du temps du spectateur, les arts plastiques n’ont eu de cesse, tout au long du XXè siècle, de s’emparer de cette disposition si étrangère pourtant à leur première nature. Du ballet mécanique de Fernand Léger aux œuvres de Pierre Huygue ou d’Adel Abdessemed, c’est ce processus qui se déploie. C’est lui qui, dans un espace aussi typique que celui de la Biennale, transforme beaucoup de pavillons en lieux où s’étiole la distinction entre les « visual arts » et les « performing arts ».
Pointe de la Douane
A l’ouverture « officielle » de la Pointe de la Douane, beaucoup de monde, dont la ministre de la culture française, ainsi que d’anciens titulaires de ce « portefeuille » comme Jack Lang, Jacques Toubon et Renaud Donnedieu de Vabres. Des navettes permettent aux invités d’aller de la Pointe de la Douane au Palazzo Grassi. Belle exposition où le sexe et la mort donnent le ton à beaucoup d’œuvres. Si je devais repartir avec certaines, qu’emporterais-je ? Sans doute les 80 « Caprices » de Goya réinvestis par Jake et Dinos Chapman, « L’ours et un lapin » de Paul Mac Carthy, le beau collage d’Erró, la salle complète d’Otto Muehl où se côtoient les images du Christ, de la Vierge, de Mao, de de Gaulle, du Shah d’Iran et de Farah, son épouse, et encore le Martial Raysse de 1991 la « Tentation de Bacchus ».
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