Lecture du « Prosper Mérimée » de Pierre Pellissier.
Passionnante biographie de ce géant du XIXè siècle qui, succédant à Louis Vitet, en 1834, à l’inspection générale des Monuments historiques, y fut l’édificateur d’une doctrine et de pratiques qui fondent encore notre politique du patrimoine.
Grand voyageur, avide de découvertes et d’émotions, sillonnant la France d’un bout à l’autre, s’aventurant en Espagne, en Angleterre, en Italie, en Grèce et en Turquie…, auteur prolixe et parfois sublime, intime des grands mais sans bassesse, il sut traverser les atermoiements politiques de son siècle avec intelligence et dignité. A la fin de sa vie, sa mort fut annoncée plusieurs fois avant qu’elle ne s’empare définitivement de lui, à Cannes où il aimait passer l’hiver, ce qui dénote, chez un homme de son époque, un tempérament déjà moderne.
Né en 1804, rien n’indique qu’il fût alors baptisé par ses parents originaires de la proche Normandie. A la fin de sa vie, dans son testament, il se réclame de la Confession d’Augsbourg et demande que ses obsèques soient célébrées par un pasteur luthérien. On s’est beaucoup interrogé sur ce choix. Se prétendre de la Confession d’Augsbourg ne lui permettait-il pas de rompre avec toute appartenance au catholicisme, sans faire scandale ni totalement rompre avec le christianisme, ce qui, après tout, n’était pas incohérent de la part d’un homme qui sauva tant d’églises ? N’est-ce pas d’ailleurs l’un des paradoxes du XIXè siècle que beaucoup de ceux qui se battirent pour le patrimoine religieux des siècles antérieurs, s’étaient, s’agissant de leurs convictions, éloignés de cette Eglise ? C’est le cas de Victor Hugo, d’Eugène Viollet-le-Duc et, bien sûr, de Mérimée.
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