Inauguration de la « Guerre sans dentelles ».
En fin de soirée, alors que le jour tombe, je parle avec Marc Riboud qui est venu avec Patrick Bensard. Il a beaucoup apprécié notre exposition. J’en fait part à Laurent Gervereau, très touché par cette appréciation élogieuse de l’un des regards les plus exigeants de notre temps.
Frédéric Mitterrand
Le 11 mai 2008, j’écrivais :
« Reçu un mot de Frédéric Mitterrand sur une carte reproduisant une photographie de Marc Riboud. Frédéric répond à la lettre que je lui ai envoyée, il y a quelques jours, pour lui dire le regret que m’inspiraient toujours les conditions de notre séparation à TV5 Monde où il était directeur des programmes, alors que j’y avais été nommé président. Nous avions eu des divergences de point de vue sur la ligne éditoriale de la chaîne. Frédéric a préféré partir alors qu’il était très attaché à cette maison à laquelle il avait, alors que Serge Adda la dirigeait, donné beaucoup de son énergie, de son tempérament et, tout simplement de sa compétence. Notre séparation, même si elle fut parée de toute la délicatesse possible, m’avait laissée le goût amer qu’ont les ruptures. Depuis longtemps, je considérais Frédéric comme un ami. Il n’avait cessé, en toutes circonstances, de me marquer de l’estime et toutes les sollicitudes possibles. Ensemble, nous avions travaillé à « La saison de la Tunisie en France » et notamment organisé, avec Aïcha Ben Abbed, la belle exposition Carthage qui fut présentée au Petit Palais. En 1995, alors que je tentais de mobiliser le « monde de la culture » autour de la candidature de Jacques Chirac, il avait répondu à mon invitation avec enthousiasme… Le mot que Frédéric m’adresse, court et cordial, apaise le regret qui m’agitait.
On dit que Frédéric Mitterrand serait candidat à la Villa Médicis et qu’il aurait des chances d’y être nommé. Si c’était le cas, je sais que ce serait un bon choix. Je souhaite donc que la commission que préside Hugues Gall et qui examine actuellement les candidatures, s’arrête à celle-ci avec attention.
TV5 Monde
J’ai été président de TV5 Monde d’avril 2005 à avril 2006. Je crois avoir, en un an seulement, fortement marqué la personnalité de cette chaîne. J’ai changé son nom. La chaîne est devenue TV5 Monde. J’ai demandé au directeur de la programmation que j’avais choisi, Laurent Jacobelli, de reconfigurer les grilles des sept signaux géographiques de façon à ce que les horaires et les rythmes des programmes collent autant que possible au rythme de vie des téléspectateurs et à la singularité de leur attente. En choisissant une directrice des programmes étrangère, québécoise en l’occurrence, Suzanne Laverdière, j’ai voulu mieux ouvrir la chaîne aux points de vue de ses partenaires francophones. Avec Philippe Dessaint, directeur de l’information, j’ai tenu à marquer qu’étant universelle et généraliste, cette chaîne ne pouvait que donner une place conséquente à l’information. Avec Gilles Ferrand, directeur du Multimédia, il m’a paru essentiel d’affirmer qu’Internet n’était plus un simple media de soutien et d’accompagnement mais un media spécifique, à part entière, associé au media télévision. La chaîne a déménagé et s’est dotée d’un nouveau prestataire technique…
J’ajouterai que même l’« habillage » de la chaîne a été redéfini, tout comme l’identité graphique de la société et de ses activités. Beaucoup de travail déterminant en peu de temps.
Si j’ai quitté TV5 Monde, c’est parce que l’avènement de France 24 changeait la donne. On peut discuter à perte de vue de l’utilité et de l’opportunité de cette chaîne d’information. C’est l’avenir qui dira si elle a su trouver une place dans le paysage international de l’information. Pour l’instant, les résultats sont peu probants. On ne peut pas dire que la chaîne soit attendue, connue, appréciée même, tout simplement bien distribuée. Je ne pensais pas, contrairement à ce qui se disait, que le monde était dans l’attente d’une « voix de la France ». Tout, dans cette formule, s’agissant d’information, me paraissait d’ailleurs redoutable et contestable, laissant à penser qu’un media deviendrait l’organe – pour reprendre le mot d’un autre temps – par lequel un pays, un Etat, un gouvernement feraient connaître leur point de vue sur les affaires du monde. Toujours est-il que mesurant le risque de désaffection de la France à l’égard de TV5 Monde, expression multilatérale d’un projet francophone, que cette initiative nouvelle suscitait, constatant, alors que la nouvelle chaîne se voyait dotée de moyens budgétaires significatifs, alors que ceux de TV5 Monde étaient appelés à stagner, c’est à dire à régresser, je préférais m’effacer. C’est François Bonnemain qui fut appelé à ma succession. Aujourd’hui, c’est le président de France 24 qui a pris les rennes de cette chaîne à la suite d’un long débat où les partenaires francophones de la France auront à la fois fait montre de résistance et, in fine, de résignation à la faveur d’un compromis qui sauve les apparences grâce au retour de l’habile et inoxydable Marie-Christine Saragosse, mais qui pourrait marquer, de fait, le début du processus d’ingestion du remarquable réseau de distribution de TV5 Monde par France 24. »
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