Dans Le Monde du 30 avril, un article sur la situation du séminaire orthodoxe de Halki, installé sur l’île de Heybeli, au large d’Istanbul, dans la mer de Marmara. Ce séminaire qui dépend du patriarcat œcuménique de Constantinople, est fermé depuis 1971, par décision du gouvernement turc et attend vainement l’autorisation de rouvrir. Cette déplorable situation est révélatrice des brimades que ce gouvernement impose à la minorité orthodoxe et, plus particulièrement, au patriarche auquel est même contesté le titre de « patriarche œcuménique », c’est-à-dire d’évêque ayant une autorité symbolique à l’égard de toutes les communautés religieuses qui se réclament de la tradition qu’il représente. La Turquie, qui aspire à adhérer à l’Union européenne, s’honorerait à mettre fin à ces vexations d’un autre temps. Un grand pays gagne toujours à assumer toute son histoire. Celle de la Turquie n’a pas commencé en 1453, quand les Turcs ont submergé les dernières défenses de Constantin XI Paléologue. Elle plonge aussi dans l’histoire de Byzance, dans celle de Constantinople, cette « nouvelle Rome » voulue par Constantin, dans celle de l’empire chrétien d’Orient dont le patriarche de Constantinople, dans sa résidence du Phanar, est une sorte de dernier et respectable témoin.
L’actuel patriarche, Bartholomé Ier, est venu à Versailles, il y a quelques semaines, le vendredi 10 avril très précisément. Il a longuement visité le château et marqué un vif intérêt à son histoire et à son patrimoine. J’étais absent ce jour-là. C’est donc Pierre Arizzoli-Clementel (directeur général) et Denis Berthomier (administrateur général) qui ont guidé le pape d’Orient dans les salons, galeries et chambres du château. Qu’aurait pensé Louis XIV de cette visite, lui qui goûtait ces ambassades lointaines qui lui donnaient l’impression d’être vraiment « le plus grand Roi de la terre », le soleil au centre de l’univers ?
Centre Pompidou-Metz
A propos d’univers justement, je note dans quelques journaux les premières annonces de l’exposition « Constellation » qui, à partir du 15 mai prochain, préfigurera l’ouverture du Centre Pompidou-Metz, en 2010. La création graphique de cette annonce a été conçue par l’Agence « deValence design graphique sur toutes surfaces ». On est là dans le meilleur de la création graphique dont le Centre Pompidou a souvent été le promoteur, notamment à la grande époque de Roman Cieslewicz. Avec cette exposition prend concrètement forme le rêve que j’avais formé de l’ouverture d’antennes du Centre Georges Pompidou, en France, et pourquoi pas à l’étranger. Ce centre, comme toutes les institutions nationales, c’est-à-dire centrales, a vocation à devenir une tête de réseau et la périphérie de constellations.
Le Patriarche Bartholomée n'est pas le pape des orthodoxes, l'organisation canonique de l'Eglise orthodoxe étant une organisation locale et non pas pyramidale et supra-nationale. C'est heureux qu'un patriarche orthodoxe soit reçu au Château de Versailles, et comme orthodoxe, je m'en réjouis, mais le patriarche de Constantinople n'a qu'une primauté honorifique, et en aucun cas un droit sur l'ensemble des églises orthodoxes locales.
Cyril Semenoff-Tian-Chansky, paroissien de l'église Saint-Serge à Paris.
Rédigé par : Cyril Semenoff-Tian-Chansky | 05 mai 2009 à 19:31