Famille
Nadine Morano, ministre de la Famille, prend acte avec lucidité des évolutions de la société française. Il existe bien des familles composées de deux adultes du même sexe dont l’un ou l’autre a des enfants (ou dont les deux d’ailleurs ont éventuellement des enfants). Reconnaître, au deuxième de ces parents de fait, des droits et des devoirs à l’égard des enfants de l’autre est une nécessité, mais est aussi un acte d’humanité et de respect. Elle étend le bénéfice d’une mesure trop longtemps attendue – la création d’un statut de beaux-parents – aux couples non conventionnels.
On regrette l’hostilité marquée de Christine Boutin à ce projet. Cette hostilité tient du préjugé, alors que la ministre du Logement et de la Ville, députée des Yvelines, sait, sur de nombreuses questions, dont celle de la lutte contre l’indignité des conditions d’incarcération, prendre des positions courageuses et généreuses. En l’occurrence, elle se range, de façon trop précipitée, aux préjugés naturalistes dont l’Eglise a fait le carcan de sa morale sexuelle et familiale.
Il appartient au droit, tout en étant respectueux des règles générales qui fondent culturellement les convictions d’une société, de prendre acte des évolutions objectives qui y caractérisent les modes de vie. La famille n’est plus, de façon systématique, « un homme, une femme et leurs enfants ». Le modèle qu’implique cette formule n’est d’ailleurs ni universel ni invariable. Il suffit d’observer à ce sujet la diversité des civilisations pour s’en rendre compte. La famille n’a cessé, tout au long du XXe siècle, de se réinventer de façon complexe et variée.
Souvenirs
Je reçois une jeune femme qui m’avait écrit pour solliciter un rendez-vous. C’est la petite-fille d’une amie de ma grand-mère paternelle, Madeleine. Avec mon père et ma grand-mère, nous allions parfois déjeuner, le dimanche, chez elle, dans la campagne aux portes de Toulouse.
Elle souhaite me parler de ses projets professionnels (et littéraires), alors qu’elle est actuellement professeur agrégé d’anglais, à Rouen. Elle en a profité pour m’apporter quelques photographies. J’y revois ma grand-mère et sa sœur, Marie, dans leur maison de Cette-Eygun, dans la vallée d’Aspe, dont la grand-mère de la jeune fille est également originaire. Sur l’une de ces photographies, je me reconnais (à peine) avec sa propre mère. La photographie a été prise à la fête du village au début des années 1960.
J’avais alors déjà fait l’expérience de bien des situations familiales compliquées. Après avoir vécu avec ma mère et son mari, j’avais rejoint mon père, à Toulouse. Il y vivait avec sa mère. Quelques années après, il allait se marier avec Jeannine qui avait elle-même déjà deux enfants. Ils auront ensemble un fils, mon demi-frère Olivier. Ma mère, avait eu de son côté, après moi, sept autres enfants sans compter le petit mort-né qui nous intriguait beaucoup.
Depuis cette époque, j’ai l’impression que les mœurs familiales se sont civilisées. Les ruptures conjugales, les séparations, ne sont plus forcément suivies de haines inexpiables comme c’était très souvent le cas. Les enfants en sont moins les otages. On sait mieux et on peut mieux assumer les états successifs de sa vie amoureuse et conjugale. Les enfants sont moins secoués par ces aléas, encore qu’ils en conservent toujours de secrètes blessures. Puisse en tout cas le droit ne pas compliquer les choses et proposer à la vie des gens un cadre aussi serein que possible.
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