Orgue de la chapelle royale
Dans la soirée, nous rendons hommage, à la chapelle royale, à Michel Chapuis et à Bertrand Cattiaux, à l’occasion de leur distinction dans l’Ordre du Mérite. Michel Chapuis, dont je rappelle l’éclatante carrière d’organiste, tient depuis 1995 le magnifique orgue de la chapelle du château, rétabli la même année, par son compère Bertrand Cattiaux, l’un des facteurs d’orgue les plus subtils de notre pays. Michel Chapuis porte déjà sa cravate de Commandeur. Elle lui a été remise, chez lui, à Dôle. Je remets les insignes de Chevalier à Bertrand Cattiaux. De l’un et de l’autre, je rappelle la vie, la carrière, les travaux et les mérites. Leurs familles, leurs amis, leurs collègues ont été réunis dans le « salon de la chapelle » dont les grandes portes s’ouvrent sur la tribune d’où le Roi assistait à la messe. La chapelle royale, chef-d’œuvre de Jules Hardouin-Mansart et de Robert de Cotte, offre sa splendeur à nos regards. Elle a été achevée en 1710, à la fin du règne de Louis XIV dont elle est le dernier grand ouvrage. Cinq ans plus tard, le Roi mourra en regrettant d’avoir trop aimé « la guerre et les bâtiments ». S’agissant de la guerre, son regret était bien légitime. Quant aux bâtiments, il a bien fait de les aimer à ce point de folie, puisqu’il nous a ainsi laissé Versailles…
Après les discours, trois disciples de Michel Chapuis, Michel Bouvard, titulaire du grand orgue de la Basilique Saint Sernin de Toulouse, Olivier Latry, co-titulaire de Notre Dame de Paris, Philippe Lefebvre, autre co-titulaire de Notre Dame de Paris, nous régalent d’une « offrande » musicale aux récipiendaires du mérite. A tour de rôle, parfois à deux – pour les œuvres à trois mains – ils jouent François Eustache du Caurroy, Henry Du Mont, Louis Marchand, François Couperin, Claude Bénigne Balbastre, avant de conclure la soirée par des improvisations – grand genre des organistes – auxquelles Michel Chapuis prend part malgré la fatigue de ses 79 ans. C’est éblouissant.
Je vais proposer à Michel Chapuis qu’on lui désigne des co-titulaires, un par trimestre ou par semestre, de manière à maintenir à un très haut niveau la « tenue » de l’orgue de Versailles, accessible toutes les semaines aux élèves et aux maîtres de la classe d’orgue du Conservatoire National Supérieur de Musique.
Souvenirs
Cette soirée conclut de façon lumineuse une journée plutôt maussade. Toutes les « maladies de saison » qui infestent le canton se sont abattues sur moi. Fièvre, toux, frissons, rien ne m’épargne. J’ai annulé pas mal d’obligations pour tenter de me refaire.
A Paris, à la mi-journée, je déjeune rapidement avec Fabienne Pascaud, Directrice de la rédaction de Télérama. Nous évoquons inévitablement le cinquantenaire du Ministère de la Culture et les projets de Versailles pour 2009. Elle me fait part de l’intérêt de son journal pour l’exposition "Louis XIV, l’homme, le Roi" que nous présenterons à la fin de l’année.
Il y a quelques années, nous avons découvert, Fabienne Pascaud et moi, en parlant de notre jeunesse, que nous avions habité le même quartier de Toulouse, le quartier Saint-Michel, près de la prison homonyme et même, la même rue, la rue Saint Léon. J’ai cru me souvenir que l’un de mes oncles, le plus jeune des frères de mon père, Marcel, était même tombé amoureux, sans succès, je crois, de la sœur de Fabienne. Je précise que ces souvenirs remontent aux années soixante. Après avoir quitté, dans des circonstances douloureuses, le foyer de ma mère, en Lorraine, j’avais rejoint mon père et sa famille à Toulouse, quitté le lycée Poncelet de Saint-Avold, pour le lycée Berthelot à Toulouse. Même si le contexte de cette révolution de mon existence fut dur, elle m’ouvrit de riches et enivrantes perspectives culturelles. Je devins familier du Musée des Augustins et du Musée Saint Raymond.
C’est au Capitole de Toulouse que, grâce à une amie de mon père, qu’on appelait « la Commissaire » (son mari était commissaire divisionnaire de police à Dijon), j’assistais pour la première fois à un opéra. Je ne me lassais plus d’aller voir et revoir, dans le déambulatoire de la Basilique Saint Sernin, le Relief du Christ en majesté bénissant, chef-d’œuvre de l’art roman, que m’avait fait découvrir Victor Allègre, mon professeur d’histoire au lycée, vieux prof républicain, dans le genre radical méridional, passionné par les travaux des sociétés d’archéologie et d’histoire locale.
La dizaine d’années que je devais passer à Toulouse eut ainsi sur mon existence et sur ma personnalité une influence déterminante.
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