Peu de bâtiments auront connu un feuilleton institutionnel aussi chaotique que le Palais de Tokyo construit pour l’Exposition internationale des arts et des techniques de 1937. Son aile dite de Passy fut affectée au musée national d’Art moderne naissant, alors que l’aile dite de Paris allait être confiée à un musée d’Art moderne de la ville de Paris. Cette décision engendra des décennies de querelles de domanialité sur la grave question de savoir où, sous la terrasse centrale, passait au juste la frontière entre l’État et la ville de Paris ! L’intégration du musée national d’Art moderne au centre Beaubourg qui aillait devenir le Centre Pompidou, ouvrait, pour le site, une longue période d’incertitudes et d’atermoiements où l’État se distingua par l’instabilité de ses choix, le Palais continuant d’ailleurs, pendant un bout de temps, à abriter certaines des collections nationales que les ayant droits de leurs donateurs refusaient de voir partir pour le plateau Beaubourg… Ce fut le cas pour les œuvres de la donation Rouault. Certaines installations y furent délibérément précaires, comme celle de l’éphémère Institut des hautes études en art plastique de Pontus Hultén. D’autres semblèrent promises à un bel avenir et répondaient d’ailleurs à de vraies nécessités, comme celle du Centre national de la photographie qui y prospéra de 1984 à 1993 ou celle, donnant d’ailleurs lieu à la mise en œuvre d’un vaste chantier conduit par Franck Hammoutène, de la Cinémathèque française et de la Fémis. L’incendie survenu dans la nuit du 24 juillet 1997 mit un terme à ce projet auquel Catherine Trautmann renonça définitivement. Diverses hypothèses d’utilisation du bâtiment dont son affection au "musée des Arts premiers" se bousculèrent jusqu’à ce qu’en 1999, le ministère de la Culture décide son affectation partielle, 8 000 m2 tout de même, à un centre d’art contemporain qui sera ouvert le 21 janvier 2002, dirigé par Nicolas Bourriaud et Jérôme Sans, puis, à partir de 2006, par Marc-Olivier Wahler. La question du sort de la friche toujours disponible, plus de 15 000 m2, allait cependant entretenir le feuilleton. Devait-elle être confiée au "Site d’art contemporain" déjà installé sur place ou confiée à une institution tierce comme le Centre Pompidou qui y prétendra avec ferveur, ou encore, comme le préconisait Olivier Kaeppelin, délégué aux Arts plastiques, à un projet de Kunsthalle consacrée à la scène française qui fut retenu par Christine Albanel. Les allers-retours ministériels sur le périmètre et les compétences de l’institution fédératrice du site et sur l’étendue des prérogatives culturelles de son président, poussèrent Olivier Kaeppelin vers la sortie du dispositif. C’est Frédéric Mitterrand qui, prenant acte, avec, dans le fond, satisfaction, du départ d’Olivier Kaeppelin vers la fondation Maeght procéda à la nomination de Jean de Loisy, en juin 2011. Quelle aventure ! Quel roman !
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