Hier, à Nantes, des manifestants ont tenté d’empêcher la tenue d'un rassemblement du Front national. Ce n'est pas admissible. Quoi qu'on pense des positions de ce parti, du comportement de ses dirigeants, de l'attitude de sa présidente à l'égard du cours ordinaire de la justice ..., il est inimaginable et intolérable que certains cherchent à entraver sa libre participation au débat politique. Le Front national doit être combattu par les idées et surtout par les politiques mises en œuvre pour combler l'abime qui sépare désormais ceux qui sont à peu près à l'aise dans notre société et ceux qui s'en sentent, ou en sont d'ailleurs, rejetés. Le Front national, n'étant pas, que je sache, interdit, peut et doit pouvoir s'exprimer. De la même façon d'ailleurs, il devrait pouvoir, quel que soit le regret que cela peut inspirer, accéder à une représentation parlementaire plus conforme à son poids électoral, tant que ce point pèsera dans la vie politique de notre pays.
Aussi paradoxal que cela paraisse, si on considère la possibilité pour ce parti d'accéder ainsi à une représentation significative à l'Assemblée nationale, c'est bien la modification du mode de scrutin qui préside à l'élection des députés qui est au cœur même d'un vrai projet de "re-démocratisation" de la France. C'est en assurant au Parlement la possibilité de témoigner plus justement de la variété des grandes opinons politiques qui se partagent le suffrage des Français qu'on pourra enfin tendre vers la composition de majorités de projet, attachées au seul intérêt du pays.
Je suis las des alternances droite-gauche mécaniques, aveugles, brutales même, qui marquent le cours de la vie politique depuis quelques décennies. Chaque nouvelle majorité prétend réinventer la France ou imposer sa vision de ce qu'elle devrait être, méprise le travail de la majorité précédente, oublie, elle-même, qu'elle n'est qu'un moment dans l'histoire du pays. Il faut réapprendre la tolérance et l'union.
J’aimerais qu'on se souvienne plus souvent du discours du Chancelier Michel de L'Hospital, au Colloque de Poissy en 1561. Ce "colloque", réuni par Catherine de Médicis et le jeune Charles IX, tenta de réconcilier, dans l'amour de la France, les catholiques et les protestants. Le grand Chancelier y déclara notamment "il faut rétablir l'ordre et l'unité par la douceur ; pour le Royaume, la paix est plus importante que le dogme". Ce colloque fut pourtant un échec, pour le plus grand malheur de la France. En 1562, commençait le triste épisode des guerres de religions qui ne devait être clos que par l’Édit de Nantes de 1598, signé par Henri IV, si cher à François Bayrou.
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