En ce moment, au musée des beaux-arts de Rennes, on peut voir une exposition consacrée aux trois tableaux de Georges de La Tour, conservés dans cette ville et à Nantes. C’est en 1915, dans une Europe en feu, qu’un historien de l’art, l’allemand Hermann Voss, les avait attribués au grand artiste lorrain, né à Vic-sur-Seille. Le célébrissime "Nouveau-né" de Rennes est ainsi réuni à "L’apparition de l’ange à Saint-Joseph" et au "Reniement de Saint-Pierre" de Nantes, grâce à l’initiative des conservatrices des deux musées, Anne Dary et Blandine Chavanne, soutenues par la conviction des deux maires, nouvellement élues, Nathalie Appéré, à Rennes et Johanna Rolland, à Nantes. Dans la préface du catalogue publié à cette occasion, ces deux élues, insistent sur la force et la logique de la coopération entre les deux grandes et belles villes dont elles ont la responsabilité.
On le voit, les élus de terrain savent être plus concrets et plus audacieux que les politiques parisiens quand non seulement ils imaginent la reconstruction d’une organisation territoriale plus cohérente que l’actuelle mais quand ils la mettent concrètement en œuvre. En l’occurrence, ils donnent raison à ceux qui souhaitent un rapprochement de la Bretagne actuelle, avec la Loire-Atlantique, que ce soit au nom d’arguments historiques – la reconstitution de la Bretagne à cinq départements, démembrée par Pétain –, ou bien par adhésion à un projet économique et humain plus dynamique. La carte judiciaire n’a-t-elle pas déjà réalisé cette "grande Bretagne", puisque le ressort de la cour d’appel de Rennes s’étend aux 5 départements de la Bretagne historique ?
L’Eglise de France, confrontée de longue date, aux bouleversements de sa réalité sociologique et géographique a su entreprendre, elle, une réforme territoriale silencieuse mais pertinente. Correspondant au département de l’Ille-et-Vilaine qui regroupe 353 communes, l’archidiocèse de Rennes, Dol et Saint-Malo est désormais organisé en 84 paroisses, regroupées en 7 pays. Quant à l’archevêque, il est responsable d’une province ecclésiastique correspondant à la totalité des Régions Bretagne et Pays de la Loire. Il est ainsi le coordinateur de 9 diocèses. Voilà un précédent qu’auraient pu méditer avec intérêt ceux qui, aujourd’hui, dessinent la France de demain.
Avec plus d’audace encore, ils auraient pu observer que la zone de couverture d’Ouest France réalise déjà un "grand Ouest", fort des 12 départements de la Bretagne, des Pays de la Loire et de la Basse-Normandie, tournés vers l’océan et soudés par ce lien culturel que constitue un grand quotidien. La ville d’édition de ce titre de la presse quotidienne régionale étant Rennes, on verrait bien cette ville en centre administratif centrale d’un ensemble qui recouvrirait d’ailleurs la géographie et la géologie de l’ensemble du massif armoricain, à la petite exception de la partie de ce massif primaire, situé dans les Deux-Sèvres. Puisqu’on en est à se mettre en quête d’inventer des noms aux futures régions, celle-ci en aurait un tout désigné, pas absurde et qui ferait plaisir à Astérix : l’Armorique.
Pour revenir au musée des beaux-arts de Rennes, on y visitera aussi une remarquable exposition de dessins français des XVIème et XVIIème siècles avant d’y admirer la "Nona ora" de Maurizio Cattellan, installée sous "La descente de croix" de Charles Le Brun.
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