Le Grand Palais, construit pour l’exposition universelle de 1900, n’avait, au fil du XXe siècle, bénéficié que de peu de travaux d’entretien, au point où, en 2003, sous le ministère de Jacques Toubon, il avait fallu prendre la décision d’en fermer la nef au public. Des boulons s’étaient détachés de la voûte, menaçant la sécurité des visiteurs ! Des travaux furent entrepris au cours de la décennie suivante pour rétablir la stabilité d’une construction ébranlée par les outrages du temps. C’est en 2005 que la grande nef put ainsi être rendue au public, sans qu’on ait cependant réellement pris soin d’introduire dans ce bâtiment d’un autre temps, les installations de chauffage, climatisation, circulation, livraison et stationnement qui auraient permis d’y disposer d’un équipement propre à accueillir de grandes manifestations culturelles et commerciales dans des conditions satisfaisantes.
La ministre de la Culture vient d’annoncer la conclusion du dialogue compétitif pour l’attribution de la maîtrise d’œuvre chargée de l’aménagement de ce monument. Le choix du jury s’est porté sur l’agence LAN, équipe française d’architectes animée par Benoît Jallon et Umberto Napolitano. C’est un bon choix. Cette équipe a déjà prouvé son talent dans la restauration des grandes serres du Jardin des plantes et l’extension du Sprengelmuseum de Hanovre.
Même si l’établissement gestionnaire de ce vaste bâtiment, la Réunion des musées nationaux-Grand Palais, dirigé avec talent par Jean-Paul Cluzel, se propose de dégager sur le bénéfice de son exploitation une part du financement de l’opération, on sait que celle-ci pèsera significativement sur les crédits du ministère de la Culture. On ne peut donc s’empêcher de se demander s’il n’aurait pas été opportun de persévérer dans l’hypothèse, mise en œuvre, en 2002, par le ministère de la rue de Valois, mais abandonné dès 2004, de déléguer à un opérateur privé l’exploitation de la partie commerciale du bâtiment, à charge pour lui de financer, outre les travaux dont il aurait besoin, ceux du réaménagement des galeries nationales d’exposition d’art qui seraient restées sous la responsabilité de l’État. On imagine que les crédits publics ainsi épargnés auraient été plus utilement affectés à des chantiers sur des monuments historiques qui se prêtent moins ou pas du tout à une exploitation commerciale et dont l’état, on le sait, est souvent très préoccupant.
Par la même occasion, l’État aurait été bien inspiré de rationaliser le déploiement de ses activités propres dans ce bâtiment. Le Palais de la Découverte aurait pu raisonnablement rejoindre la Cité des sciences et de l’industrie afin de consolider, à la Villette, un grand pôle de culture scientifique. Le Palais de la Découverte et la Cité relèvent d’ailleurs désormais du même établissement public, Universcience. Encore aurait-il fallu savoir arbitrer avec plus de vigueur entre les points de vue contraires des deux ministères de tutelle, la Culture et la Recherche. Tant qu’à rationaliser on aurait dû en profiter pour installer de façon plus fonctionnelle les galeries nationales d’exposition en leur affectant, par exemple la partie du bâtiment qu’on appelle le Palais d’Antin qui longe l’avenue Franklin Roosevelt. Dommage. Encore une occasion de bien faire manquée par pusillanimité.
Bonjour M le ministre, vous dites : "Le choix du jury s’est porté sur l’agence LAN, équipe française d’architectes animée par Benoît Jallon et Umberto Napolitano. C’est un bon choix. Cette équipe a déjà prouvé son talent dans la restauration des grandes serres du Jardin des plantes et l’extension du Sprengelmuseum de Hanovre.“
Mais LAN n'a pas été retenu au concours de l’extension du Sprengelmuseum de Hanovre. Vous pouvez vous reporter à l'article d'un quotidien de Hanovre ici http://www.haz.de/Hannover/Aus-der-Stadt/Uebersicht/Sprengel-Museum-Anbau-nach-Entwuerfen-des-Schweizers-Meili
Ou justement il est expliqué “Im Kostenrahmen nicht zu realisieren waren spektakuläre Entwürfe wie der gläserne Turm des Pariser Büros LAN Architecture“ ce qui traduit par Google donne “Le cadre de coût à réaliser n'étaient pas des conceptions spectaculaires comme la tour de verre du bureau de Paris LAN Architecture“
De même que sur le site ayant publié le résultat de ce concours. Le nom de LAN n'apparaît même pas parmi les mentionnés...
http://europaconcorsi.com/results/123802-Ampliamento-dello-Sprengel-Museum-di-Hannover
Je vous remercie de votre attention.
Rédigé par : Jérôme Auzolle | 13 février 2014 à 16:13
Cher Monsieur,
Merci pour la précision que vous avez apportée à la publication de ma tribune sur le Grand Palais. Vous avez raison. Si l'agence LAN a participé au concours pour l'extension du Sprengel Museum, elle n'en a pas été lauréate. C'est l'agence suisse Meili qui l'a emporté. Je me suis laissé emporter, de mon côté, pas la fougue d'une information trop rapide.
Je vous signale par ailleurs que la traduction automatique faite par Google de l'appréciation sur le projet LAN par un média allemand, est extrêmement pittoresque ... On devine cependant que l'appréciation est critique !
Cordialement,
Jean-Jacques Aillagon
Rédigé par : Jean-Jacques Aillagon | 16 février 2014 à 11:12