Les professionnels du spectacle et de l’audiovisuel bénéficient, depuis l’avant-guerre pour ceux du cinéma, pour un peu plus de 100 000 personnes aujourd’hui, d’un régime spécifique d’assurance chômage, le fameux régime des intermittents du spectacle qui n’est pas un statut comme certains l’avancent. Peu de sujets auront suscité autant de rapports que ce régime : rapports parlementaires, rapports de la Cour des comptes, rapports de personnalités qualifiées, rapports des organisations professionnelles ou syndicales concernées, voire des "coordinations" qui se sont instituées dans les périodes de crises, comme l’été 2003. À cette cascade s’est ajouté, à la fin de l’année 2013, le rapport des sénatrices Marie-Christine Blandin et Maryvonne Blondin, riche en propositions susceptibles, tout en préservant ce régime, de le réformer, afin qu’il cesse de générer le déficit disproportionné qu’on sait et qui leste lourdement la balance des comptes sociaux.
Tout cela est magnifique. Mais on sait aussi que l’usage extensif de ce régime a donné lieu à trop d’abus qui l’ont fragilisé, économiquement et moralement. Il est nécessaire de contenir ces dérives en maîtrisant mieux, par exemple, la liste des métiers qui peuvent légitimement relever du régime et en distinguant plus clairement entre la situation des artistes et celle des techniciens dont les contraintes ne sont pas identiques. On devrait surtout veiller à mettre fin à l’usage de l’intermittence en lieu et place de contrats de travail classiques quand les modalités de l’activité l’imposeraient. L’assurance chômage doit amortir les effets d’une activité par nature intermittente. Elle ne doit cependant pas devenir une cause d’intermittence délibérée. En un mot, comme en dix, il faut, là comme ailleurs, pour sauver la bête, éviter de la charger au-delà du raisonnable.
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