Je me souviens à quel point le délabrement des Archives nationales m’avait frappé quand, la première fois en qualité de ministre, je les visitais. J’avais même demandé, en urgence, que des crédits soient prélevés sur la « cassette » du ministre pour remplacer les lambeaux de rideaux qui tristement pendaient aux fenêtres des pièces où étaient conservées quelques-unes des archives les plus précieuses de l’histoire de France. Pendant longtemps, aux Archives, on a désigné ces rideaux par l’appellation « les rideaux Aillagon ».
Plus radicalement, il me tenait à cœur de faire aboutir, enfin, le projet d’un nouveau site pour les Archives nationales qui compléterait ceux du Marais et de Fontainebleau et rétablirait, dans notre pays, pour cette plus ancienne fonction culturelle de l’État que sont les Archives, une situation digne. La nécessité de le faire avait parfaitement été décrite dans le rapport de Georgette Elgey et d’Annette Wievorka, pour le Conseil économique et social. Pour mener à bien l’aboutissement de ce projet, je pus compter sur la compréhension et le total soutien de Roch-Olivier Maistre qui était alors conseiller de Jacques Chirac pour la culture. C’est d’ailleurs le Président de la République lui-même qui, compte tenu de la dimension régalienne de cette activité, avait souhaité annoncer le projet et notamment, le choix de Pierrefitte pour recevoir le nouveau bâtiment. Il le fit le 9 mars 2004. Le lendemain, c’est en Conseil des Ministres que je présentais de façon plus complète l’ensemble des mesures arrêtées en faveur des Archives.
Le choix de Pierrefitte, je l’ai fait avec une totale conviction quelles qu’aient pu être les observations de certains sur l’opportunité qu’il y aurait eu de choisir plutôt une commune de droite plutôt qu’une commune de gauche. La proximité du site Pierrefitte de Paris, sa desserte par la ligne 13 du métro, son environnement universitaire, la proximité également de la basilique de Saint-Denis dont un acte de donation constitue l’un des plus vieux documents écrits de l’histoire de France … tout conduisait à ce choix. Parmi les décisions que j’annonçais au Conseil des Ministres, la plupart ont été suivies d’effet, sauf la création d’un établissement public pour les Archives nationales, ce que je regrette. Quant au choix que j’avais annoncé de profiter du départ significatif de fonds du Marais vers Pierrefitte pour restructurer la vocation du quadrilatère du Marais autour des fonctions les plus historiques des Archives et leurs fonctions culturelles, il faillit être remis en cause par l’extravagant projet d’installer là feue la Maison de l’histoire de France. Malgré son abandon, ce projet fit cependant une victime, Isabelle Neuschwander, honteusement éconduite de ses fonctions de directrice par le précédent gouvernement, alors qu’elle avait consacré à la conduite du projet des Archives à Pierrefitte une énergie et une compétence extraordinaires. Je prends la liberté de lui dédier cette journée du 11 février 2013 au cours de laquelle le Président de la République inaugurera le site de Pierrefitte.
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