Piss Christ

Deux œuvres d’Andres Serrano, Piss Christ et Sœur Jeanne Myriam, ont été détruites par des vandales hystériques au cours d’une manifestation de violence qui a fait irruption dans la collection Lambert à Avignon. Cet épisode lamentable est scandaleux par quelque bout qu’on le considère. Il me rappelle les violentes manifestations contre la dégénérescence de l’art, pendant l’entre deux guerres, en Allemagne et ailleurs. En France, en 1930, c’est le cinéma dans lequel était projeté l’Age d’or de Buñuel qui était pris pour cible de manifestants mobilisés par la « ligue des patriotes » et la « ligue anti-juive ». Des œuvres de Max Ernst et de Dali, exposées dans le hall du cinéma, furent elles aussi, détruites. Triste temps ! Tristes mœurs.

Si quelqu’un estime qu’une œuvre ou sa présentation contreviennent à la loi, il lui appartient éventuellement de saisir la justice. On ne peut, en revanche, imaginer que chacun pourrait « se faire justice soi-même » et, au gré de son humeur, de sa sensibilité, de ses convictions, même honorables… s’arroger le droit de détruire les œuvres d’art qui ne lui conviennent pas ! Ce sont de telles attitudes qui constituent un scandale et non la présentation dans un musée d’une œuvre que certains jugeraient dérangeante ou même blasphématoire. J’ajoute que l’époque de la loi sur le sacrilège de Charles X est révolu et, Piss christ ne relevant d’ailleurs pas de cette attitude, qu’émettre une opinion critique sur une conviction religieuse ne constitue pas un délit. C’est aux opinions à s’opposer aux opinions, à la raison de répondre à la raison ou à la déraison, au discours de faire écho au discours. On peut également noter que s’agissant de la figure de Jésus, on est surpris de voir des énergumènes se réclamant de lui, oublier son enseignement, oublier qu’il a demandé que la douceur soit opposé à la force, la patience à la brutalité, le pardon à la vengeance. Le problème, c’est que les manifestants d’Avignon ne défendent pas Jésus de Nazareth, mais l’idée qu’ils se font de la chrétienté, c’est-à-dire d’un ordre politique, religieux et moral qui a pris Jésus comme argument et comme prétexte. Que la manifestation d’Avignon et l’assaut du Musée Lambert aient lieu en ce dimanche des rameaux qui commémore l’entrée de Jésus, monté sur une douce ânesse, à Jérusalem… c’est à proprement parler consternant.

Comments

[Rédigé par : Jacques]

je peux comprendre votre opinion. Maintenant imaginez la même image mais avec une étoile de David, exposée non pas à Avignon, mais à New-York (ou au Château de Versailles), vous en direz quoi ?

[Rédigé par : didier ansseau]

Bonjour

Je suis contre la destruction des "oeuvres d'art ".
Mais cette exposition , n'est-elle pas un manque total de respect pour la religion à Avignon au moment de Pâque !!
Ne faut-il pas se respecter les uns les autres, croyants ou non croyants. Pour moi se manque total de respect vas faire les choux gras des extrémistes.
Pourquoi des "artistes" ont'il besoin de choquer, par manque de reconnaissance ?, d'idées ?, ou tout simplement pour non prendre pour des imbéciles !
Vous écrivez (une personne peut éventuellement saisir la justice) vous vous moquer des gens !!!!! ?????????
Les responsables des musées font ce qu'ils veulent. Vous êtes très bien placé pour le savoir vous vous moqué complètement de public.

Pourquoi pas une photo de Jean jacques Aillagon et une d'Andrés Serrano dans de l'excrément dans la galerie des Glaces au Château de Versailles.

[Rédigé par : Jean-Jacques Aillagon]

Certaines réactions appelleraient de longs commentaires. Je le ferai à l'occasion, toujours est-il qu'elle sont consternantes...

[Rédigé par : John Badi]

Je suis d'accord pour mettre une photo de Jean Jacque Aillagon dans des excréments...même au musée du Louvres!

[Rédigé par : Oliv]

Qui oserait ici affirmer que cette image du Piss Christ est de l'Art?!
Monsieur Aillagon, essayez,juste une fois, de prendre du recul par rapport à votre conception de l'art...essayez juste de voir cette image d'une autre manière..et ce, jusqu'à que la question suivant vous arrive: " Comment ai-je pu penser à un moment que cette image est de l'art? Une image d'une personne dans de la pisse?"
Le monde est complètement débile!
Désolé!

[Rédigé par : Patrick Royannais]

Je me permets de porter à votre connaissance le texte suivant : http://royannais.blogspot.com/2011/04/christ-piss-dandres-serrano.html

[Rédigé par : david weber]

@ Didier Ansseau

Personnellement parmi les photographie qui m'ont choqué figure celle du cardinal Spellman, archevêque de New-York qui, brandissant un crucifix, bénissait des bombardiers partant pour la guerre du Vietnam… Le drôle était vicaire apostomachin de l’armée américaine et violemment anticommuniste. Déjà l’axe du Bien contre l’axe du Mal. I’m desolated, mais cette photo m’avait profondément choqué. Cela me choque toujours. Et infiniment plus que celle d’Avignon.

Revenons à notre sujet. On peut déplorer que dans l'art contemporain certains mettent en scène le plus de transgressions possibles. En soi, choquer n'est pas de l'art. Ceci écrit, la photo qui fait polémique n'est pas désagréable à regarder. Avez-vous vu Piss Christ ? Moi, je l’ai vu à la BNF, il y a deux ans. Contrairement à nombre de ses photographies, celle-ci ne manque pas d’intérêt artistique. A tel point qu’elle a reçu en 1989 un prix de 15 000 dollars du Southeastern Center for Contemporary Art. Pour cette œuvre, les choses peuvent se gâter lorsque le spectateur découvre que l’œuvre s’intitule Piss Christ. Contrairement à la « fontaine » de Marcel Duchamp dont le titre est métaphorique, alors que l’élément qui la constitue (un urinoir en porcelaine) est évident et provoque le spectateur dès le premier coup d’œil, l’œuvre de Serrano fonctionne, elle, sur le régime inverse.

Personnellement j’ai deux façons d’aborder une œuvre. J’ai d’abord une appréciation spontanée : j’aime ou je n’aime pas. Ensuite, j’ai une appréciation raisonnée : qu’a voulu dire l’artiste, quel est son parcourt artistique etc. Pourquoi certains catholiques n’ont il pas tenté de comprendre le sens de l’œuvre ? Pourtant de nombreux ouvrages en parle : « les grands scandales de l’art» (page 206 à 209) ou « controverses, une histoire juridique et éthique de la photographie » (page 226 à 229). Bêtement, ils ont réagis (comme lors de beaucoup d’autres situations) : action- réaction, pour reprendre la réplique culte du film les choristes. Cela c’est une réaction ou plutôt une contradiction typique de la société de communication de masse ou la violence et le vandalisme de certain ne fait qu’exacerber le problème. Car « Immersion Piss Christ » est une œuvre qui a plus de 30 ans et qui avait déjà été exposé en 2007 en Avignon. Peu de gens en avaient entendu parler, et connaissaient le nom de son auteur : Andrés Serrano. Maintenant ce n’est plus le cas. M. Lambert, galeriste, a bénéficié grace à cette affaire d'une excellente publicité.
De plus, certains catholiques viennent de démontrer brillamment que la tolérance leur était inconnue. Quant aux abrutis qui crient aux blasphèmes, ils ressemblent plus à des idolâtres : ils vénèrent plus l'image d'un Christ que ses préceptes de paix, de fraternité et de tolérance. Des croyants - catholiques ici - s'estiment offensés et attaqués parce qu'on se moque des symboles de leur foi ? S'ils n'apprécient pas telle photo ou tel tableau ou tel écrit, rien ne les oblige à regarder de ce côté. Après tout, moi, je ne proteste pas avec indignation lorsque je tombe sur une de ces représentations morbides d'un homme cloué vivant sur une croix qu'on trouve partout. Si c'est artistique je regarde, sinon je passe mon chemin, sans m'indigner de cette présence envahissante.

Si ces catholiques avaient eu un peu de culture et d’humour, ils auraient pu faire éclater les frontières entre l’art et la vie par une action où l’humour, la dérision et le jeu auraient dominé comme l’a fait George Maciunus, chef de fil du mouvement Fluxus. Ils seraient entrés pacifiquement dans le musé puis auraient pissé, dans un bel ensemble, sur « Piss Christ » en scandant : « pisse and love » le tout accompagné musicalement par des sœurs jouant de la guitare et chantant : "Dominique nic, nic...". Cela, aurait eu le mérite d'avoir du caractère en plus d’être drôle et aurait constitué une performance artistique.

Maintenant, dans une démocratie, si on manque d’humour, on dispose tout de même de nombreux moyens pour se faire entendre. On peut donner sa position dans divers lieux de l’espace public à condition de respecter l'ordre public (sermons dans des édifices religieux, articles de journaux, sur Internet, interview dans des médias,…), faire des pétitions, porter plainte pour demander à la justice si juridiquement il s’est effectivement produit un dépassement.

Vous pouvez aussi, si vous êtes déboutés, porter l’affaire devant la Cour européenne des droits de l’homme. Bref, vous n'êtes pas dépourvus de droits et n'êtes pas « persécutés », comme certains le prétendent.

[Rédigé par : Hervé]

En tant que citoyen d'une république laïque, je suis choqué que mes impôts soient utilisés via des financements de la DRAC, joints aux impôts des citoyens d'Avignon et de ceux du département du Vaucluse pour financer une exposition dont une partie des oeuvres a pour but d'humilier les fidèles d'une religion, quelqu'elle soit.

[Rédigé par : Jean-Jacques Aillagon]

@Patrick Royannais, Merci pour cette méditation. Que chacun s’interroge en effet, sur les vraies causes de scandales et s’en émeuve. Que chacun soit plus attentif à la poutre qui obstrue son œil plutôt qu’à la paille qui gêne l’œil de son frère ! Soyez heureux.

@David Weber, Votre texte est très pertinent.

[Rédigé par : didier ansseau]

Monsieur

Vous parlez d'intégrisme, mais l'intégrisme ne se trouve-t'il pas également dans les musées nationaux, quand un président d'un établissement public impose au plus grand nombre
des expositions controversées. Imposer une forme d'art voulu par un seul homme c'est de l'intégrisme. En aucun cas vous ne parlez de respect. Est-ce une notion qui vous échappe ??.
Pourquoi l'Urine , si c'est pour une couleur , il y a d'autres moyens. Le mot urine est dégradent, provocateur!! le soi-disant artiste a cherché uniquement la provocation.
Le respect est une des bases fondamentales pour que la diversité des individus cohabite et échange une culture diverse. Si vous n'aimez pas le type sur une croix que l'on voit dans les églises, je vous propose de regarder les films de Don Camillo, après vous le découvrez différemment. Quant à soeur sourire "la pauvre elle s'est suicidée, peux être qu'elle à compris à la fin de se vie la signification de sa chanson. Bref Dieu existe ,il y a des choses qui vous choquent !!!

Blague
Je suis allé plusieurs fois dans l'espace, se vanta un astronaute, mais je n'ai jamais rencontré Dieu. Moi j'ai souvent opéré des cerveaux intelligents répond le chirurgien, mais je n'ai jamais vu une seule pensée.

[Rédigé par : didier ansseau]

Monsieur

Vous parlez d'intégrisme, mais l'intégrisme ne se trouve-t'il pas également dans les musées nationaux, quand un président d'un établissement public impose au plus grand nombre
des expositions controversées. Imposer une forme d'art voulu par un seul homme c'est de l'intégrisme. En aucun cas vous ne parlez de respect. Est-ce une notion qui vous échappe ??.
Pourquoi l'Urine , si c'est pour une couleur , il y a d'autres moyens. Le mot urine est dégradent, provocateur!! le soi-disant artiste a cherché uniquement la provocation.
Le respect est une des bases fondamentales pour que la diversité des individus cohabite et échange une culture diverse. Si vous n'aimez pas le type sur une croix que l'on voit dans les églises, je vous propose de regarder les films de Don Camillo, après vous le découvrez différemment. Quant à soeur sourire "la pauvre elle s'est suicidée, peux être qu'elle à compris à la fin de se vie la signification de sa chanson. Bref Dieu existe ,il y a des choses qui vous choquent !!!

Blague
Je suis allé plusieurs fois dans l'espace, se vanta un astronaute, mais je n'ai jamais rencontré Dieu. Moi j'ai souvent opéré des cerveaux intelligents à répondus le chirurgien, mais je n'ai jamais vu une seule pensée.

[Rédigé par : Jean-Jacques Aillagon]

@Didier Ansseau, Cher Monsieur,
Le « type qui est sur une croix » ne m’inspire aucun mépris mais bien de l’admiration. Sur cette croix, c’est un « homme de douleur » qui a été supplicié. La foi des siens a fait de cette croix un signe d’humble espérance. Souvent, dans l’histoire, les puissants en ont fait un étendard de leur domination. Ainsi va l’histoire. Nous en sommes toujours témoins, souvent acteurs, parfois victimes.