Le développement économique, politique, touristique du « Golfe » s’accompagne aussi, on le sait, d’un développement culturel très volontaire. C’est ainsi qu’on a vu, au cours des dernières années, Abu Dhabi prendre l’initiative de la construction de grands musées confiée à des architectes de réputation mondiale, Jean Nouvel, Tadao Ando, Zaha Hadid, souvent dans le cadre de partenariats avec des grands musées comme le Louvre ou le Guggenheim.
A Doha, cette stratégie de développement culturel est tout aussi impressionnante même si elle est plus subtile. Elle vise incontestablement à désigner cette ville, capitale de son émirat, comme une sorte de métropole culturelle du monde arabe. Le premier musée à y avoir été ouvert est le Musée d’art islamique dont l’architecte est Pei. La collection en est très convaincante et embrasse tout, ou pratiquement tout le monde musulman, de l’Inde à l’Espagne d’avant la reconquête. Le Mathaf (Arab museum of modern art) embrasse de la même façon, sur ses deux sites provisoires actuels, toute la production artistique du monde arabe moderne et contemporain. Dans l’exposition « Interventions, a dialogue between the modern and the contemporary », on peut voir les œuvres d’un irakien, d’un marocain, d’un égyptien, d’un soudanais et d’un émirati de Dubaï. Dans l’exposition « Told, untold, retold, 23 stories of journeys through time and place », c’est également un très large florilège d’œuvres issues du travail d’artistes arabes ou d’origine arabe, parfois chrétiens (comme Youssef Nabil, né en Egypte), souvent établis en Occident. Je note particulièrement la participation à cette exposition d’Abdelkader Benchamma qui vit et travaille à Montpellier et qui est né à Mazamet et celle de Zineb Sedira, née à Gennevilliers et qui travaille à Alger.
Cette politique très systématique, aujourd’hui engagée dans la construction par Jean Nouvel du National museum of Qatar, est mise en œuvre par la Qatar museum authority (QMA) présidée par la princesse Mayassa, fille de l’Emir. Je lui rends visite à son bureau, ce qui permet de noter dans l’ascenseur de l’immeuble d’une douzaine d’étages qu’occupe cette institution, qu’un étage accueille une crèche pour les enfants des employés, un autre une salle de sport pour les femmes, un autre encore une salle de sport pour les hommes. Les équipes de la QMA sont internationales. A Doha, comme à Dubaï, comme à Abu Dhabi, s’esquisse une synthèse originale entre le global et le local.
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