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14 décembre 2010

Commentaires

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Cher Monsieur,

J'ai pu lire avec grand intérêt le dossier de presse.

Au terme de cette lecture, j'avoue avoir éprouvé un profond regret sur un point : le sort auquel l'on destine l'ancien bosquet du Théâtre d'Eau.

Le reste des projets envisagés et présentés me paraît des plus enthousiasmants, mais sur la question de ce bosquet mon esprit ne parvient pas à sortir de l'incompréhension.

Il est vivement souhaité une création "contemporaine", pour laquelle aucune limite ou contrainte ne semble être fixée pour l'instant. A terme cette création pourrait donc ne pas avoir le moindre point commun ni avec l'ancien rond vert, ni avec le resplendissant Théâtre d'Eau. Pourtant, s'agissant de ce dernier, les canalisations d'eau sont encore là sous la terre ... comme elles l’étaient encore pour les Trois Fontaines.
Et ne serait-on pas en mesure de trouver également des vestiges des structures des bassins originels (par exemple les bassins ronds très sobres et simples – mais de très fière allure par leur nombre démultiplié … – qui ornaient de leurs jets les arceaux d’arbres taillés, au niveau de la salle basse) comme on a pu en trouver tant aux Trois Fontaines qu’à l’ancien Labyrinthe ?

Ce projet de création contemporaine pourrait-il donc se permettre de détruire allégrement les vestiges archéologiques de l'un des plus beaux bosquets de Versailles ? Compte-t-on au passage établir de nouvelles canalisations et autres ouvrages à l’installation irréversible ?

Les salles de verdure nouvellement créées n’auraient elles aussi, certainement, plus aucun rapport avec les deux salles du Théâtre d’Eau.
Pourtant géniales créations qui usaient avec une grande habileté des lois de la perspective, couplant perspectives longues et perspectives courtes, raccourcissant ou rallongeant artificiellement les distances pour mieux surprendre le promeneur dans sa marche … Cela serait une perte irréparable.

Pourtant il ne s’agit là que de plantations et de structuration des espaces, exemptes du rétablissement des jeux d’eau qui, selon la rumeur, sont les plus coûteux et les plus complexes à restituer.

Dès lors, pourquoi ne pas attendre et se contenter pour l’instant d’un simple rétablissement des espaces et des perspectives comme on le retrouve peu à peu dans l’ensemble des parties du jardin ?

Pourtant nul doute que vous êtes sensible à ces questions, vous qui oeuvrez si activement pour le rétablissement de la grande perspective dans le prolongement du Grand Canal ! Grâce à ces efforts, vous participerez à redonner à ce vaste espace abandonné, dépouillé, et déstructuré toute sa grandeur et son faste. C’est encore l’une des nombreuses choses positives qu’il faudra mettre à l’actif de votre Présidence.

Dès lors, je ne comprends vraiment pas ce souhait d’un bosquet contemporain qui risque d’être totalement coupé des autres espaces du jardin de par sa trop grande marginalité, facteur de disharmonie pour l’ensemble de la composition, et qui risque de plus de nous faire perdre à jamais les dernières traces du Théâtre d’Eau.

Pourquoi, enfin, se lancer si vite dans cette création contemporaine qui coûtera une somme non négligeable à l’EPV, avant même toute réalisation dès le lancement du concours, alors que nous avons déjà un projet validé et approuvé qui ne demande plus qu’à être exécuté et qui, quant à lui, saura faire honneur à Le Nôtre ?

Je parle bien évidemment ici de la Montagne d’Eau.

J’espère vous lire et pouvoir sortir bientôt de mon incompréhension.

Je dois vous avouer que ce projet de bosquet contemporain me chagrine véritablement.

Bien à vous.

A.C.

Bernar Venet, mais un Bernar peut en cacher un autre, et Versailles/Venet sans Cesson, une page blanche ou une ardoise sans craie...

Bonjour,

Je reviens vers vous en m'autorisant d'écrire à la suite de cet article car je n'ai pas trouvé de courriel de correspondance et que d'autres articles me semblaient inappropriés de ma part. Je m'en excuse par avance dans tous les cas.

Premièrement je voulais vous signaler que le château d'Hombourg-Budange (Moselle), dont je m'inquiétais du destin sur ce blog notamment va être restauré. Je vous remercie d'y avoir prêté un oeil attentif car en Lorraine ce combat a été un symbole d'une région qui retrouve son identité et quoi de plus parlant pour cela que le patrimoine.

Aujourd'hui je viens vous parler de la vente d'un vitrail d'exception originaire de cette Lorraine à laquelle vous êtes attaché. Il s'agit d'un fabuleux vitrail de Flavigny-sur-Moselle réalisé au XVIème siècle par Valentin Bousch (vitraux de la cathédrale de Metz notamment) et qui a une grande valeur pour la Lorraine. Il a été vendu dans les années 1920 à un américain et est aujourd'hui à vendre chez un antiquaire londonien pour quatre millions d'euros. Vous imaginez que cette somme est hors de propos mais avec un classement en trésor national et une attention de tous il y aurait là peut-être une occasion majeure de retrouver ce vitrail.
Peut-être connaissez-vous cette affaire, peut-être ne pouvez-vous pas faire de miracle mais quoiqu'il en soit vous trouverez toutes les informations sur mon blog :
http://la-lorraine-se-devoile.blogspot.com/2011/01/un-vitrail-exceptionnel-originaire-de.html

Je pense qu'en temps que grand homme de la culture française mais aussi en tant que lorrain, cette information vous intéressera grandement.

Merci d'avoir consacré un peu de temps à cette lecture.

J'en profite également pour vous présenter mes meilleurs voeux pour une riche année 2011 où les projets seront nombreux pour Versailles comme pour la Lorraine.

Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, mes respectueuses salutations.

Anthony Koenig

>Anthony Koening, Cher Anthony, C'est un musée lorrain, celui de Metz ou de Nancy, qui devrait solliciter ce classement. Cordialement

>A.C, Cher Monsieur,
Toute recomposition d'un jardin disparu est un acte de création. Faire un jardin contemporain, ça ne signifie pas rompre avec l'histoire mais l'interpréter. Le cahier des charges que nous avons rédigé pour la recréation du bosquet du Théâtre d'eau propose justement de prendre en compte ce qu'a été la composition de ce jardin au XVIIe et XVIIIe siècles. Je pense qu'on verra beaucoup de grands créateurs de jardin contemporain prendre plaisir d'intégrer ainsi leur travail dans une trame dessinée par Le Nôtre. Vous le savez, les reconstitutions ex nihilo, comme nous l'avons fait pour le bosquet des Trois Fontaines, ne vont pas sans susciter des critiques, si ce n'est des contestations vives de la part d'une partie non-négligeable de l'opinion publique. Cordialement

> L.N, Merci pour votre intérêt.

Cher Monsieur,

Merci pour votre reponse.

Dans ce cas, j'espere que cette creation contemporaine saura conserver les vestiges archeologiques souterrains et garder egalement la marque de Le Notre dans la structuration generale de l'espace (jeux de perspective essentiellement).

Sur le fait que les restitutions suscitent des critiques, j'en suis bien conscient.

Simplement la plupart de ces critiques (sinon leur quasi-exclusivite) venant de personnes systematiquement hostiles et peu ouvertes au dialogue, avec le temps je me suis fait une habitude de ne les entendre que de tres loin.

Les points de vue absolument tranches en general ne menent a rien de constructif ; c'est pourquoi j'attends, avec l'impatience a laquelle ma curiosite me porte le plus souvent, de prendre connaissance de la teneur du cahier des charges et des projets proposes.

Bien a vous.

A.C.

Bonjour Monsieur Aillagon

Votre réponse ci-dessus faite à A.C. calme un peu mes inquiétudes et ce que vous dites du cahier des charges soulève même des espoirs réels.

L'extraordinaire Théâtre d'eau mérite qu'on le fasse revivre en partie par l'imagination et par une recréation. C'était le bosquet préféré de Louis XIV et la réalisation la plus élaborée des jardins. Evidemment, j'aurais préféré une reconstitution végétale faute d'une totale restitution - certes coûteuse.
Mais si l'hypothèse d'un bosquet contemporain est privilégiée, j'entrevois dans vos propos la volonté de garantir au moins une évocation du chef d'oeuvre de Le Nôtre, dans son état du XVII° et de la plus grande partie du XVIII°s, revu et corrigé par notre siècle. Les créateurs contemporains ne peuvent en un tel lieu ne pas tenir compte de ce passé illustre. Le respect de la trame du Théâtre d'eau (les 3 axes des cascades débouchant sur la scène et l'amphithéâtre) peut se faire de façon moderne et originale, avec quelques variantes. Mais il doit être observé rigoureusement dans son principe pour donner une légitimité à cette création contemporaine.

Les terrassements et dénivelés, de la salle basse aux cascades hautes, et du Nord au Sud, devraient aussi être rétablis pour restaurer les volumes, perspectives et lignes de fuite voulus par Le Nôtre. Rappelons que la salle basse était à un niveau inférieur à l'actuel et que l'effet de hauteur des trois salles côté Sud devait jouer à plein.
Espérons que le cahier des charges soit à cet égard assez rigoureux.

C'est dans cette merveilleuse trame, même quelque peu modifiée, que les créateurs contemporains pourront introduire leur travail et donner libre cour à leur génie pour réaliser un jardin de notre temps.
Auront-ils assez d'originalité en poussant l'évocation des jets et cascades disparus par quelques petits effets hydrauliques audacieux ? Entre la France Triomphante et les Trois fontaines d'un côté, l'Obélisque et peut être la Montagne d'eau de l'autre, le bel alignement de jeux d'eau des bosquet Sud l'imposerait pour ne pas être cassé.
Souhaitons aussi une brève évocation des arceaux d'arbres taillés qui encadraient les jets de la salle basse ; ce motif n'existe malheureusement plus dans les jardins de Versailles et mériterait d'y retrouver sa place.

Monsieur le président, nous vous prions d'être vigilant pour que le cahier des charges soit bien respecté et puisse tenir compte de ces conditions. Cette création contemporaine ne pourra être satisfaisante et réunir les amoureux de Versailles que si elle évoque suffisamment ce que fut ce lieu fabuleux. Aucun bosquet des jardins de Le Nôtre ne pourrait souffrir une création médiocre, même honnête. Votre bosquet du XXI° doit être digne du lieu et digne de Versailles : il se doit d'être splendide pour assurer sa pérennité.
Faisons confiance à nos artistes paysagistes pour relever le défi !

Je vous prie, Monsieur le Ministre, d'agréer l'expression de mes respectueuses salutations.

LN

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