Hortense Archambault et Vincent Baudriller ont été prolongés dans leur mandat de directeurs du Festival d’Avignon jusqu’en 2013. Je me réjouis de la décision de Frédéric Mitterrand qui permet à ces deux co-directeurs, que j’avais nommé en 2003 (pour une prise de responsabilité en 2004), d’accomplir la dizaine d’années nécessaires à l’exercice d’une vraie responsabilité culturelle. Ils succédaient, au moment de leur nomination, à Bernard Faivre d’Arcier qui dirigeait le Festival depuis plus de dix ans. Il m’en a beaucoup voulu de ne pas avoir consenti à un nouveau mandat. C’était cependant, à mes yeux, nécessaire, quelle que soit l’estime qu’on pouvait porter au travail qu’il avait accompli. Entre les mandats trop longs qui conduisent à la routine et les mandats trop courts qui frappent l’action d’évanescence, il y a la bonne mesure. Elle se situe autour d’une douzaine d’années dans l’idéal, d’une dizaine en tout cas.
Hortense Archambault et Vincent Baudriller ont su prendre des risques, à la faveur notamment de l’association, chaque année, à leur programmation d’un « artiste invité », de Thomas Ostermeier en 2004, à Christoph Marthaler et Olivier Cadiot en 2010. C’est sur ce critère que j’avais, entre autres, arrêté le choix de ces deux jeunes directeurs, parmi d’autres possibles.
René Solis, dans Libération, rend compte de la décision de Frédéric Mitterrand de façon élogieuse. Dans Le Figaro, Armelle Héliot la déplore à mots couverts, marquant sa nostalgie pour le festival d’Avignon d’après-guerre, celui de Jean Vilar, celui du Cid avec Gérard Philipe, celui du « théâtre du texte » dont les représentations de Shakespeare étaient les rendez-vous les plus prisés. Je m’attriste de cette raideur d’Armelle parce qu’elle confine chez elle, qu’on sait intelligente et généreuse, au parti-pris. Pour ma part, j’estime que la mission d’un festival comme celui d’Avignon est justement d’explorer l’innovation, le croisement des disciplines, les nouveaux modes d’expression scénique où, c’est vrai, le texte joue un rôle moindre qu’il y a 60 ans, tout simplement parce que le rapport au texte, bouleversé par le cinéma, la télévision, le téléphone, Internet, a subi, au cours de ces 60 années, une véritable révolution. Que les structures permanentes, les scènes subventionnées, les centres dramatiques nationaux, les scènes nationales… s’attachent à donner au théâtre de texte une place significative dans leur programmation c’est en revanche nécessaire. Que les jeunes (et les autres) puissent, sur tout le territoire, voir Corneille, Racine et Molière, c’est indispensable même si c’est inégalement le cas. Cette mission ne peut, en revanche, relever de la responsabilité d’un festival international de création.
Bonjour,
Je suis absolument d'accord avec votre analyse. Il est intéressant de constater que le clivage entre René Solis et Armelle Helliot était fortement présent lors de la dernière rencontre publique entre les directeurs et le public (octobre 2010 à Avignon). Le compte rendu est ici: http://www.festivalier.net/article-festivalavignon-58348018-comments.html#anchorComment
Cordialement,
Pascal Bély
Rédigé par : pascal bély | 05 novembre 2010 à 21:49
> Pascal Bély, Monsieur, je me porte au C.R. Merci
>Dominique Passet, Merci Dominique.
>Justine Rivière, Il faut, chère Justine, vous adresser au Festival.
Rédigé par : Jean-Jacques Aillagon | 10 novembre 2010 à 18:55
Tout à fait d'accord avec vous. Ces formes innovantes, croisées qui si elles accordent moins de place au texte, en volume, par certains égards le subliment ou l'éclairent,sont le reflet d'une société et d'une pensée, d'un mode de circulation et d'un certain regard qui rendent compte du monde tel que nous le vivons...et que Vilar n'aurait pas renié.Merci pour cette prise de position.
Dominique Passet
Rédigé par : Dominique Passet | 14 novembre 2010 à 19:57
Bonjour,
Etudiante en langues étrangères appliquées, dans le cadre des mes cours de culture général, je fais un exposé sur le théâtre d'improvisation. Je souhaiterais avoir de la documentation sur le festival d'avignon (revue de presse, programme, débats...) axé principalement sur le théâtre d'impro.
Vous remerciant par avance,
Cordialement,
Justine Riviere
Rédigé par : justine riviere | 15 novembre 2010 à 14:42
Un petit commentaire pour une grande journaliste !
Armelle Héliot est comme chacun sait une grande journaliste, critique de théâtre.
Elle aime plus que tout les artistes. Elle se donne entière à son travail. Elle est rare.
Tous les soirs dans les salles, elle passe du public au privé, grandes ou petites salles et part en banlieue et en province pour voir et pour parler de « petits » spectacles, qui bien souvent grâce à elle, deviennent « grands ».
Chaque année plus que présente au Festival d’Avignon, donnant son point de vue quotidien dans son blog (ou dans « Le Figaro ») elle est un exemple pour nous, artistes, et devrait l’être pour bien d’autres personnes qui se classent dans la catégorie « culture ».
Les propos de Monsieur Aillagon sont indignes d’une telle journaliste qui, contrairement à ses propos, « ne déplore » pas « à mots couverts » mais dit, et écrit ce qu’elle pense avec cette sincérité qui est la sienne et qui fait partie intégrante de son travail de journaliste. Elle n’est ni « raide », ni « nostalgique » car une fois de plus, elle est rare dans ce milieu, constamment à la découverte du travail de jeunes artistes, et d’une fidélité exemplaire avec ceux dont elle suit le travail, franche, honnête avec elle-même ainsi qu’ avec la passion qui l’anime, le théâtre.
Merci Armelle Héliot et soyez certaine que pour nous, artistes, votre bonne foi n’a jamais été et ne sera jamais mise en doute.
Un jeune metteur en scène.
Rédigé par : phillipe | 28 novembre 2010 à 14:27
Philippe,
Je vous mets à l’aise. J’ai pour Armelle le même respect que vous. Je connais l’ardeur de son amour des théâtres et sa générosité. Je lui porte, depuis plusieurs décennies, depuis l’époque du Quotidien de Paris notamment, une amicale attention. Elle a exprimé, sur le Festival d’Avignon, un point de vue que je ne partage pas. C’est son droit. C’est également mon droit d’écrire et de dire que je ne suis pas d’accord avec ce point de vue. Sans doute l’ai-je fait maladroitement et l’ai-je ainsi blessée, ce que je regrette. Toujours est-il que c’est, de ma part, l’expression d’un point de vue privé, qui n’engage que moi et que chacun peut, dans un libre débat, contester. Pas plus qu’Armelle, je n’imagine devoir avoir toujours raison. En l’occurrence, j’estimais cependant qu’Armelle n’était pas équitable. Je l’ai dit en toute amitié.
>Jérôme, Nous verrons… A Versailles, de toute manière, chaque jour est une éternité tant il y a à faire… Cordialement.
Rédigé par : Jean-Jacques Aillagon | 02 décembre 2010 à 16:19
Monsieur, je souhaite vivement que vous puissiez vous aussi aller aux termes de votre mandat, j'ai cru comprendre qu'une loi le permet. Excellente nouvelle! Vous le méritez et cela nous permettrait de découvrir ce palais sous des jours nouveaux. En effet ces expositions si variées nous permettent de l'apprécier à chaque fois de manières différentes et donnent à cet ensemble sa vraie valeur et il récupère ainsi son vrai rôle de catalyseur et permet le rayonnement de l'art sous toutes ses formes dans le monde entier.
Rédigé par : Jérôme | 04 décembre 2010 à 18:21