En entendant et en lisant certaines critiques, ou plutôt quelques violentes diatribes contre l’art contemporain, je mesure à quel point l’histoire de notre temps formera, pour les historiens futurs, une période longue et compacte où, entre le début, le milieu et la fin du XXe siècle dont le début du XXIe est le prolongement (comme la première décennie du XXe prolongea le XIXe), se sont développées les mêmes situations, parfois les mêmes drames et souvent les mêmes idées.
Je réalise, en effet, que dans les débats que suscite Murakami, l’art contemporain est tout bonnement accusé par certains d’être un « art dégénéré » pour reprendre l’horrible expression inventée par l’idéologie nationale-socialiste quand elle vilipendait les œuvres de la modernité naissante. Cet art fut accusé d’avoir rompu avec les conventions de la tradition, d’être devenu étranger au peuple (le Volk), de faire le délice d’élites présumées moralement corrompues et complaisantes, d’être collectionné par la ploutocratie internationale qui spécule sur la valeur des œuvres comme sur le reste… Se rencontrent sur ce terrain d’hostilité des tenants purs et durs de la réaction politique, religieuse, sociale et culturelle, mais aussi parfois des esprits radicaux qui croient devoir tirer sur tout ce qui, d’une manière ou d’une autre, tiendrait à l’argent. C’est dans cette alliance idéologique contre nature qu’avaient déjà fermenté les idéologies les plus pernicieuses de l’entre-deux-guerres. Elles savaient flatter la nostalgie de racines simplistes, la haine de tout ce qui ne procédait pas d’une identité sommaire et un égalitarisme de façade ! Que le ciel nous préserve de ces tentations démagogiques et glissantes. La réalité est toujours plus subtile et plus complexe. Gustave Flaubert se moquait déjà, dans son Dictionnaire des idées reçues, tableau piquant de la suffisance intellectuelle, des idées toutes faites et définitives comme « Architectes. Tous des imbéciles, oublient toujours les escaliers dans les maisons… » ou « Artistes. Tous farceurs… Gagnent des sommes folles mais les jettent par les fenêtres… Ce qu’ils font ne peut s’appeler travailler. » Les idées reçues seraient tout simplement risibles, si elles n’étaient souvent blessantes et parfois incendiaires.
Cher Jean-Jacques, je lis avec intérêt tes réflexions à propos de ta visite dans les églises de Rome, et te rappelle que Goudji fait exception dans la médiocrité de l'art religieux contemporain . Quel fantastique orfèvre ! Amicalement . Ernekind .
Rédigé par : Ernekind | 24 novembre 2010 à 15:58
C’est vrai pour Goudji. Je te signale que dans l’exposition « Trônes en majesté » que nous ouvrirons en février prochain, nous présenterons un siège abbatial créé par Goudji.
Rédigé par : Jean-Jacques Aillagon | 02 décembre 2010 à 16:25