Libération me consacre le dossier d’ouverture de son magazine (Le Mag) de cette semaine. 5 pages ! L’association de la plume (et du regard) de Vincent Noce et du regard (et de la chambre claire) de Christophe Maout produisent un effet impressionnant si j’en juge par les nombreux messages qui me parviennent à ce sujet, par sms, par mail, par des appels téléphoniques amicaux. On est toujours, soi-même, mauvais lecteur d’un article qui vous est consacré. Ou bien on est heureux au risque de flatter une trop sommaire satisfaction qui peut confiner à la vanité. Ou bien on en est malheureux et cela vous plonge dans mille ressentiments qui vous gâchent la journée et le moral. Le bon sens voudrait donc qu’on lise le moins possible ce qui parle de vous et qu’on laisse à l’écho suscité le soin de vous renseigner sur l’orientation des appréciations portées sur vous ou sur votre action…
Curieuse relation entre ceux qui exercent une responsabilité publique, politique, culturelle, économique… et les journalistes. Peu nombreux sont ceux qui savent s’accommoder de l’inévitable et nécessaire liberté de jugement, de ceux qui vous toisent, vous évaluent, vous jugent à travers ce qu’ils écrivent ou ce qu’ils disent. Trop nombreux sont sans doute ceux qui confondent communication et information et souhaiteraient que les médias soient la seule caisse de résonance de leur action. S’exposer publiquement par son action suppose cependant qu’on accepte, à l’avance, d’être commenté et critiqué, même quand les appréciations qu’on vous applique vous paraissent inexactes et à plus forte raison injustes.
Je lis également, dans le même Mag, l’édito de Béatrice Vallaeys. Elle y évoque justement les relations entre les ministres de la Culture et les journalistes en distinguant entre ceux qui « vont à la presse » seul, en face à face, et ceux qui y « vont » entourés de leurs collaborateurs. Elle me range parmi les premiers. C’est vrai que j’ai aimé cet exercice qui conduit un ministre, sans devenir un technicien de tous les dossiers traités par son ministère, à exprimer des points de vue déterminés sur les objectifs et les modalités de son action, quel que soit le domaine de son application. Béatrice Vallaeys en conclut que j’aurais eu le profil du bon ministre si les « intermittents n’avaient pas eu ma peau ». Je n’aime pas cette formule. La crise de l’intermittence m’a en effet fait choir mais je n’aime pas l’idée que les contestataires de l’action d’un ministre « voudraient sa peau » quand ils mettent en cause son action, action que j’ai, en l’occurrence, sans doute mal expliquée, encore que je soit persuadé que rien n’aurait surmonté le mur d’incompréhension et d’hostilité qui s’est dressé contre l’idée même qu’on pourrait remettre en cause quelques-uns des paramètres qui s’appliquent aux modalités d’assurance chômage des professionnels du spectacle et de l’audiovisuel. Béatrice Vallaeys estime également que j’aurais, essentiellement, commis une erreur de calendrier en choisissant de traiter le problème en juin plutôt qu’en janvier… Je lui ferais cordialement remarquer que ce n’est pas le ministre de la Culture qui détermine le calendrier de renégociations des accords au sein de l’organisme paritaire (employeurs et salariés) qu’est l’UNEDIC et que ce calendrier a d’ailleurs été effroyablement étiré. Il m’a pris d’assaut dès l’été 2002, m’a débordé pendant l’été 2003 et encore harcelé en 2004, notamment lors de la crucifiante cérémonie des Césars de mars 2004 quand j’ai fait l’expérience déplaisante et moralement utile de mesurer ce que c’était que d’être, seul, livré à la vindicte d’une assemblée que fortifie le sentiment de la légitimité de ses certitudes, de ses bons sentiments et de ses intérêts.
Curieuse relation entre ceux qui exercent une responsabilité publique, politique, culturelle, économique… et les journalistes. Peu nombreux sont ceux qui savent s’accommoder de l’inévitable et nécessaire liberté de jugement, de ceux qui vous toisent, vous évaluent, vous jugent à travers ce qu’ils écrivent ou ce qu’ils disent. Trop nombreux sont sans doute ceux qui confondent communication et information et souhaiteraient que les médias soient la seule caisse de résonance de leur action. S’exposer publiquement par son action suppose cependant qu’on accepte, à l’avance, d’être commenté et critiqué, même quand les appréciations qu’on vous applique vous paraissent inexactes et à plus forte raison injustes.
Je lis également, dans le même Mag, l’édito de Béatrice Vallaeys. Elle y évoque justement les relations entre les ministres de la Culture et les journalistes en distinguant entre ceux qui « vont à la presse » seul, en face à face, et ceux qui y « vont » entourés de leurs collaborateurs. Elle me range parmi les premiers. C’est vrai que j’ai aimé cet exercice qui conduit un ministre, sans devenir un technicien de tous les dossiers traités par son ministère, à exprimer des points de vue déterminés sur les objectifs et les modalités de son action, quel que soit le domaine de son application. Béatrice Vallaeys en conclut que j’aurais eu le profil du bon ministre si les « intermittents n’avaient pas eu ma peau ». Je n’aime pas cette formule. La crise de l’intermittence m’a en effet fait choir mais je n’aime pas l’idée que les contestataires de l’action d’un ministre « voudraient sa peau » quand ils mettent en cause son action, action que j’ai, en l’occurrence, sans doute mal expliquée, encore que je soit persuadé que rien n’aurait surmonté le mur d’incompréhension et d’hostilité qui s’est dressé contre l’idée même qu’on pourrait remettre en cause quelques-uns des paramètres qui s’appliquent aux modalités d’assurance chômage des professionnels du spectacle et de l’audiovisuel. Béatrice Vallaeys estime également que j’aurais, essentiellement, commis une erreur de calendrier en choisissant de traiter le problème en juin plutôt qu’en janvier… Je lui ferais cordialement remarquer que ce n’est pas le ministre de la Culture qui détermine le calendrier de renégociations des accords au sein de l’organisme paritaire (employeurs et salariés) qu’est l’UNEDIC et que ce calendrier a d’ailleurs été effroyablement étiré. Il m’a pris d’assaut dès l’été 2002, m’a débordé pendant l’été 2003 et encore harcelé en 2004, notamment lors de la crucifiante cérémonie des Césars de mars 2004 quand j’ai fait l’expérience déplaisante et moralement utile de mesurer ce que c’était que d’être, seul, livré à la vindicte d’une assemblée que fortifie le sentiment de la légitimité de ses certitudes, de ses bons sentiments et de ses intérêts.
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