Théologien
On annonce la mort d’Edward Schillebeeckx, dominicain flamand (né à Anvers) et qui vient de décéder à Nimègue aux Pays-Bas. Sa nécrologie, dans le Monde, rappelle le choix intellectuel que fit ce théologien hétérodoxe de privilégier l’exégèse historico-critique là où beaucoup de ses collègues ressassaient des dogmes érigés en vérités immuables. Les pensées religieuses et les corpus dogmatiques et moraux qui en découlent sont inévitablement conditionnés par le contexte historique et culturel qui les a produits. Cela vaut aussi bien pour le judaïsme que pour le christianisme et l’islam. Vouloir s’abstraire de cette considération ou en contester la légitimité au nom du caractère intangible de la révélation, c’est condamner ces systèmes religieux à un infécond immobilisme et à l’intégrisme. Le religieux flamand avait bien compris que dans le christianisme, il fallait distinguer entre le cœur du message de Jésus qui fonde une nouvelle manière possible pour l’homme, non seulement de vivre avec les autres, mais de vivre pour les autres et le conditionnement historique d’une époque qui érigea l’exigeant prophète du Dieu d’Israël en avatar de la divinité elle-même. Je ne me souviens plus des limites de convenance que le dominicain, plusieurs fois mis en cause par la Congrégation pour la doctrine de sa foi, imposa à l’expression de sa pensée. Il va falloir que je me replonge dans son œuvre.
Versailles
Dans la soirée, inauguration de l’exposition « Versailles photographié, 1850-2010 ». Sa commissaire est Karine Mc Grath, qui vient de donner une interview passionnante au journal interne de l’Etablissement public du musée et du domaine national de Versailles, Perspective. J’en livre ci-après quelques extraits :
« Comment, par la photo, le regard sur Versailles a-t-il évolué ?
J’ai le sentiment d’un rapport très étroit entre Versailles et la photo. Celle-ci a été, depuis le XIXe siècle, le vecteur qui a propulsé la représentation du lieu dans tous les esprits, et ce, jusqu’à l’époque moderne où Versailles continue d’occuper le devant de la scène grâce à des images frappantes liées à l’actualité politique : voyage de la reine Victoria en 1855, procès du maréchal Bazaine à Trianon en 1873, visite du tsar de Russie en 1896, traité de 1919 dans la galerie des Glaces, visites de Kennedy ou de Nixon dans les années 60, sommet du G7 en 1982...
Comment s’organise la présentation des photos ?
On aura quatre sections : Versailles au coeur de l’Histoire / De pierre, de marbre et de soie / La Nature maîtrisée / Rêver Versailles. Chacune d’entre-elle sera divisée en sous-sections et l’ensemble mettra en évidence, je l’espère, le fait que la photographie a couvert tous les aspects de Versailles depuis le second XIXe siècle jusqu’à aujourd’hui.
L’intérêt de l’Établissement public pour la photo se limite-t-il aux expositions ?
Non, bien sûr. La photographie est devenue un véritable champ d’enrichissement de nos collections. J’ai proposé récemment l’acquisition d’un lot de tirages de Pierre Jahan (1903-2003), qui exposa avec Man Ray et fut membre du groupe des XV en 1950 aux cotés, entre autres, de Robert Doisneau et Willy Ronis. Il y a eu en 2009 d’autre achats : 6 épreuves argentiques montrant la défense passive en 1918, 94 épreuves pictorialistes du XXe siècle, 9 épreuves de 1860 sur papier albuminé par le comte de la Personne... En décembre 2008, grâce au mécénat d’Eurotunnel, l’EPV avait pu acquérir l’exceptionnel album de photos de Disderi prises à l’occasion de la visite de la reine Victoria en 1855 et qui sont, d’après mes recherches, les premières photos d’intérieurs du château. En ce début de XXIe siècle, Versailles a pris conscience que la photo faisait partie de son patrimoine. Une discipline de plus qui, aux côtés des peintures, des sculptures, du mobilier, des objets d’arts, va permettre d’enrichir et diversifier les points d’entrée dans l’histoire et l’esthétique du Château. »
On annonce la mort d’Edward Schillebeeckx, dominicain flamand (né à Anvers) et qui vient de décéder à Nimègue aux Pays-Bas. Sa nécrologie, dans le Monde, rappelle le choix intellectuel que fit ce théologien hétérodoxe de privilégier l’exégèse historico-critique là où beaucoup de ses collègues ressassaient des dogmes érigés en vérités immuables. Les pensées religieuses et les corpus dogmatiques et moraux qui en découlent sont inévitablement conditionnés par le contexte historique et culturel qui les a produits. Cela vaut aussi bien pour le judaïsme que pour le christianisme et l’islam. Vouloir s’abstraire de cette considération ou en contester la légitimité au nom du caractère intangible de la révélation, c’est condamner ces systèmes religieux à un infécond immobilisme et à l’intégrisme. Le religieux flamand avait bien compris que dans le christianisme, il fallait distinguer entre le cœur du message de Jésus qui fonde une nouvelle manière possible pour l’homme, non seulement de vivre avec les autres, mais de vivre pour les autres et le conditionnement historique d’une époque qui érigea l’exigeant prophète du Dieu d’Israël en avatar de la divinité elle-même. Je ne me souviens plus des limites de convenance que le dominicain, plusieurs fois mis en cause par la Congrégation pour la doctrine de sa foi, imposa à l’expression de sa pensée. Il va falloir que je me replonge dans son œuvre.
Versailles
Dans la soirée, inauguration de l’exposition « Versailles photographié, 1850-2010 ». Sa commissaire est Karine Mc Grath, qui vient de donner une interview passionnante au journal interne de l’Etablissement public du musée et du domaine national de Versailles, Perspective. J’en livre ci-après quelques extraits :
« Comment, par la photo, le regard sur Versailles a-t-il évolué ?
J’ai le sentiment d’un rapport très étroit entre Versailles et la photo. Celle-ci a été, depuis le XIXe siècle, le vecteur qui a propulsé la représentation du lieu dans tous les esprits, et ce, jusqu’à l’époque moderne où Versailles continue d’occuper le devant de la scène grâce à des images frappantes liées à l’actualité politique : voyage de la reine Victoria en 1855, procès du maréchal Bazaine à Trianon en 1873, visite du tsar de Russie en 1896, traité de 1919 dans la galerie des Glaces, visites de Kennedy ou de Nixon dans les années 60, sommet du G7 en 1982...
Comment s’organise la présentation des photos ?
On aura quatre sections : Versailles au coeur de l’Histoire / De pierre, de marbre et de soie / La Nature maîtrisée / Rêver Versailles. Chacune d’entre-elle sera divisée en sous-sections et l’ensemble mettra en évidence, je l’espère, le fait que la photographie a couvert tous les aspects de Versailles depuis le second XIXe siècle jusqu’à aujourd’hui.
L’intérêt de l’Établissement public pour la photo se limite-t-il aux expositions ?
Non, bien sûr. La photographie est devenue un véritable champ d’enrichissement de nos collections. J’ai proposé récemment l’acquisition d’un lot de tirages de Pierre Jahan (1903-2003), qui exposa avec Man Ray et fut membre du groupe des XV en 1950 aux cotés, entre autres, de Robert Doisneau et Willy Ronis. Il y a eu en 2009 d’autre achats : 6 épreuves argentiques montrant la défense passive en 1918, 94 épreuves pictorialistes du XXe siècle, 9 épreuves de 1860 sur papier albuminé par le comte de la Personne... En décembre 2008, grâce au mécénat d’Eurotunnel, l’EPV avait pu acquérir l’exceptionnel album de photos de Disderi prises à l’occasion de la visite de la reine Victoria en 1855 et qui sont, d’après mes recherches, les premières photos d’intérieurs du château. En ce début de XXIe siècle, Versailles a pris conscience que la photo faisait partie de son patrimoine. Une discipline de plus qui, aux côtés des peintures, des sculptures, du mobilier, des objets d’arts, va permettre d’enrichir et diversifier les points d’entrée dans l’histoire et l’esthétique du Château. »
Je trouve votre post sur la mort de d'Edward Schillebeeckx du 25/01 en contradiction avec votre post du 23/01 sur l'utilisation d'Allah pour nommer Dieu en Malaysie. En effet, le 25/01 vous nous expliquez que
"[E. Schillebeeckx fit]le choix intellectuel de privilégier l’exégèse historico-critique là où beaucoup de ses collègues ressassaient des dogmes érigés en vérités immuables"
Soit, mais comment comprendre alors dans cette immobilisme ce que vous évoquiez en conclusion de votre post du 23/01 :
"Le christianisme a été un remarquable « adaptateur » de la pensée religieuse, du dogme et des rites à leur environnement culturel et politique, à la pensée hellénistique survivant dans l’antiquité classique d’abord, aux normes du monde féodal et seigneurial ensuite ..."
Bref lisons nous la bible à livre ouvert, si ce n'est à coeur ouvert, ce que je crois, ou ressassons nous des dogmes hérités du passé ... éclairez moi !
Rédigé par : henri | 16 février 2010 à 19:32
Henry,
Le père Schillebeeckx, face au dogme protestant de l’autorité de l’Ecriture seule, rétablit une magistrale réhabilitation de la tradition en rappelant que l’ensemble des textes néo-testamentaires, dont nous disposons, sont en eux-mêmes les premiers témoignages d’une tradition ou d’ailleurs de traditions en train de se constituer. L’essentiel est de garder à l’égard de toutes choses, quelle que soit la force des convictions qui peuvent nous animer, qu’elles soient religieuses, idéologiques, politiques, artistiques…, une capacité aussi honnête que possible à convoquer notre esprit critique et donc la part d’intelligence qui nous a été donnée.
Vous le remarquerez, on n’a jamais prétendu que les évangiles seraient issus, comme le Coran, d’une « dictée » divine, ce qui garde plus spontanément le christianisme des "littéralismes" qui souvent favorisent les fondamentalismes.
Cordialement
Rédigé par : Jean-Jacques Aillagon | 24 février 2010 à 17:21