Libération fait état des violences qui opposent, en Malaisie, musulmans et chrétiens, les premiers contestant aux seconds le droit d’utiliser le mot Allah pour désigner Dieu. Ce nouvel épisode de violence interreligieuse met en évidence le poids des mots. Les chrétiens, en n’hésitant pas à utiliser le nom d’Allah, opèrent peut-être un procédé d’appropriation, mais ils affirment surtout ainsi qu’ils ont compris que Dieu, tel que l’entendent les monothéismes, est Dieu et que la manière dont on le désigne n’est qu’un accident culturel qui ne modifie en aucune façon sa substance, de la même manière que Dieu, Dio, God et Gott renvoient à la même réalité.
Les musulmans de Malaisie, en tentant de s’approprier exclusivement ce nom d’Allah, traduisent, eux, leur sentiment que ce Dieu serait, dans le panthéon des dieux, leur Dieu exclusif. Leur monothéisme est, en fait, devenu une monolâtrie alors que le judaïsme a, dans son histoire, consenti la démarche inverse. D’un Dieu exclusif, jaloux et ethnique, il a su faire émerger l’idée d’une Déité absolue, excluant toute autre forme divine et qui, à force d’abstraction et d’immanence, préparait en quelque sorte la pensée à l’athéisme.
Le christianisme a été un remarquable « adaptateur » de la pensée religieuse, du dogme et des rites à leur environnement culturel et politique, à la pensée hellénistique survivant dans l’antiquité classique d’abord, aux normes du monde féodal et seigneurial ensuite, à la diversité des cultures comme l’a souligné la querelle des rites aux XVIIè et XVIIIè siècles, quand les jésuites implantés en Chine proposaient déjà que Dieu soit nommé « Le Ciel » pour que l’idée en soit comprise par les Chinois.
Les musulmans de Malaisie, en tentant de s’approprier exclusivement ce nom d’Allah, traduisent, eux, leur sentiment que ce Dieu serait, dans le panthéon des dieux, leur Dieu exclusif. Leur monothéisme est, en fait, devenu une monolâtrie alors que le judaïsme a, dans son histoire, consenti la démarche inverse. D’un Dieu exclusif, jaloux et ethnique, il a su faire émerger l’idée d’une Déité absolue, excluant toute autre forme divine et qui, à force d’abstraction et d’immanence, préparait en quelque sorte la pensée à l’athéisme.
Le christianisme a été un remarquable « adaptateur » de la pensée religieuse, du dogme et des rites à leur environnement culturel et politique, à la pensée hellénistique survivant dans l’antiquité classique d’abord, aux normes du monde féodal et seigneurial ensuite, à la diversité des cultures comme l’a souligné la querelle des rites aux XVIIè et XVIIIè siècles, quand les jésuites implantés en Chine proposaient déjà que Dieu soit nommé « Le Ciel » pour que l’idée en soit comprise par les Chinois.
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