Stéphane Martin a été reconduit à la présidence du musée du quai Branly dont il assure la responsabilité depuis sa création après en avoir, à partir de 1998, piloté la préfiguration dont la présidence avait été confiée par Jacques Chirac à Jacques Friedmann qui vient de disparaître. Au même moment, ce nouveau musée, désormais bien inscrit dans le paysage culturel national, communique sur les résultats positifs de son activité et de sa fréquentation.
Je me réjouis de voir ainsi réalisé le rêve de ce personnage hors normes, que j’eus le bonheur de connaître et qui fut mon ami, Jacques Kerchache, décédé au Mexique, en août 2001, au bout d’une longue lutte contre une maladie qui n’avait jamais rien enlevé à sa pugnacité et à son épuisante (pour ses interlocuteurs) persévérance. C’est lui qui avait convaincu Jacques Chirac, avant même qu’il soit président de la République, de la nécessité de doter notre pays d’un musée qu’on disait encore des « arts premiers ». Ce concept, un peu fragile, fut abandonné en cours de route, mais le musée dit bizarrement « du Quai Branly », sans doute provisoirement avant qu’il ne devienne un jour le « musée Jacques Chirac », comme il y a un « Centre Pompidou » ou une « Bibliothèque François Mitterrand », vit bien le jour. Jacques Chirac, à peine arrivé à l’Elysée, décida de donner corps à ce projet dont il fit le grand œuvre de son double mandat. Jacques Kerchache avait, auparavant, obtenu de celui qui était encore maire de Paris, la réalisation dont il assura le commissariat, d’une exposition qui fit beaucoup parler d’elle, consacrée aux Taïnos qui, inconnus du grand public la veille, allaient devenir, dans un contexte de précampagne électorale, célébrissimes et contribuer à l’affirmation de la personnalité culturelle d’un Chirac jusqu’alors réputé « inculte ». Jacques Kerchache et moi avons travaillé ensemble à la préparation de cette exposition qui fut présentée au Petit Palais. J’étais alors directeur des affaires culturelles de la Ville de Paris. Jacques Kerchache portait beaucoup d’affection à Chirac. Je me souviens que, pendant l’hiver 94-95, quand les sondages semblaient encore réserver à Jacques Chirac un nouvel échec aux présidentielles, face à l’ascension qui paraissait irrépressible d’Edouard Balladur, et que je faisais part à l’ami Kerchache, chez lui, de ma perplexité, il savait balayer toute inquiétude d’un seul geste en montrant sa collection d’objets vaudous et en me disant « ne t’en fais pas pour Jacquot (c’est ainsi qu’il désignait familièrement Chirac), tout est branché ! ». Est-ce ce sortilège qui réussit à l’ancien député de la Corrèze ? On le sait, en tout cas, le musée qu’ils conçurent ensemble et dont la bibliothèque porte le nom de Jacques Kerchache qui, en autodidacte, était obsédé par la compilation de documentations, a reçu sa brillante forme de Jean Nouvel et de Gilles Clément qui en a conçu le jardin. C’est une belle réalisation, avec cependant, à mes yeux, quelques défauts. Le premier de ces défauts, c’est d’avoir été programmé trop juste en terme de surfaces d’expositions, tant pour la présentation des collections permanentes que pour celles des manifestations temporaires. Un musée a toujours besoin de disposer d’une certaine capacité à se développer. Le second, tient au caractère trop rigide de certains équipements muséographiques alors que toute installation d’un musée doit pouvoir évoluer simplement, au gré des accrochages, c'est-à-dire des points de vue qui se développent sur la collection et sur sa personnalité. Le troisième, mais cette remarque est plus subjective, concerne certaines interventions graphiques, voire décoratives (des évocations de végétations sérigraphiées) qui, à mon goût, introduisent dans le musée une dimension anecdotique trop primaire, alors que l’impeccable qualité des œuvres devrait suffire à impressionner le visiteur. Qu’il soit cependant clair que ces quelques remarques n’enlèvent, dans mon esprit, rien à la réussite de cet ouvrage.
Je me réjouis de voir ainsi réalisé le rêve de ce personnage hors normes, que j’eus le bonheur de connaître et qui fut mon ami, Jacques Kerchache, décédé au Mexique, en août 2001, au bout d’une longue lutte contre une maladie qui n’avait jamais rien enlevé à sa pugnacité et à son épuisante (pour ses interlocuteurs) persévérance. C’est lui qui avait convaincu Jacques Chirac, avant même qu’il soit président de la République, de la nécessité de doter notre pays d’un musée qu’on disait encore des « arts premiers ». Ce concept, un peu fragile, fut abandonné en cours de route, mais le musée dit bizarrement « du Quai Branly », sans doute provisoirement avant qu’il ne devienne un jour le « musée Jacques Chirac », comme il y a un « Centre Pompidou » ou une « Bibliothèque François Mitterrand », vit bien le jour. Jacques Chirac, à peine arrivé à l’Elysée, décida de donner corps à ce projet dont il fit le grand œuvre de son double mandat. Jacques Kerchache avait, auparavant, obtenu de celui qui était encore maire de Paris, la réalisation dont il assura le commissariat, d’une exposition qui fit beaucoup parler d’elle, consacrée aux Taïnos qui, inconnus du grand public la veille, allaient devenir, dans un contexte de précampagne électorale, célébrissimes et contribuer à l’affirmation de la personnalité culturelle d’un Chirac jusqu’alors réputé « inculte ». Jacques Kerchache et moi avons travaillé ensemble à la préparation de cette exposition qui fut présentée au Petit Palais. J’étais alors directeur des affaires culturelles de la Ville de Paris. Jacques Kerchache portait beaucoup d’affection à Chirac. Je me souviens que, pendant l’hiver 94-95, quand les sondages semblaient encore réserver à Jacques Chirac un nouvel échec aux présidentielles, face à l’ascension qui paraissait irrépressible d’Edouard Balladur, et que je faisais part à l’ami Kerchache, chez lui, de ma perplexité, il savait balayer toute inquiétude d’un seul geste en montrant sa collection d’objets vaudous et en me disant « ne t’en fais pas pour Jacquot (c’est ainsi qu’il désignait familièrement Chirac), tout est branché ! ». Est-ce ce sortilège qui réussit à l’ancien député de la Corrèze ? On le sait, en tout cas, le musée qu’ils conçurent ensemble et dont la bibliothèque porte le nom de Jacques Kerchache qui, en autodidacte, était obsédé par la compilation de documentations, a reçu sa brillante forme de Jean Nouvel et de Gilles Clément qui en a conçu le jardin. C’est une belle réalisation, avec cependant, à mes yeux, quelques défauts. Le premier de ces défauts, c’est d’avoir été programmé trop juste en terme de surfaces d’expositions, tant pour la présentation des collections permanentes que pour celles des manifestations temporaires. Un musée a toujours besoin de disposer d’une certaine capacité à se développer. Le second, tient au caractère trop rigide de certains équipements muséographiques alors que toute installation d’un musée doit pouvoir évoluer simplement, au gré des accrochages, c'est-à-dire des points de vue qui se développent sur la collection et sur sa personnalité. Le troisième, mais cette remarque est plus subjective, concerne certaines interventions graphiques, voire décoratives (des évocations de végétations sérigraphiées) qui, à mon goût, introduisent dans le musée une dimension anecdotique trop primaire, alors que l’impeccable qualité des œuvres devrait suffire à impressionner le visiteur. Qu’il soit cependant clair que ces quelques remarques n’enlèvent, dans mon esprit, rien à la réussite de cet ouvrage.
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