Dans Le Monde, interview de Bruno Racine qui déclare très nettement son désir de solliciter un nouveau mandat à la présidence de la Bibliothèque Nationale de France où il a été nommé en 2007 lors du départ à la retraite de Jean-Noël Jeanneney. Deux réflexions à ce sujet:
1) Le ministère de la Culture devrait, une fois pour toutes, homogénéiser à 5 ans la durée des premiers mandats à la tête de ces établissements publics. La bonne règle est celle que j’avais fait instaurer pour le Centre Pompidou et que j’ai à nouveau proposée pour Versailles dans le cadre de la révision du statut de cet établissement que je dirige : cinq ans pour le premier mandat, trois ans pour les mandats suivants. On évite ainsi la fugacité excessive et absurde d’un premier mandat de trois ans tout en instaurant pour les mandats suivants une « revoyure » plus fréquente. Un mandat de trois ans est inadapté à la tâche considérable que représente la prise en main d’un grand établissement. Un paquebot comme la Bibliothèque Nationale de France ne peut s’en accommoder. Il a besoin d’un pilotage stable, surtout dans le contexte déterminant qui le caractérise, celui du grand chantier du site Richelieu et surtout celui de la numérisation des collections.2) C’est, pour les mêmes raisons, qu’il conviendrait de considérer, sauf si un événement exceptionnel venait contrarier le cours normal des choses (une divergence grave de point de vue entre le ministre et le président d’un établissement, la constatation par le ministre de l’insuffisance ou de l’inadaptation éventuelles du chef d’établissement, la nécessité pour celui-ci de se retirer de sa responsabilité de son propre gré…), que ce n’est pas en un seul mandat, quand il est statutairement de trois ans, que peut s’épanouir la responsabilité d’un président à l’égard de l’établissement qui lui a été confié. On a en France pris un goût trop prononcé pour les mouvements de nomination faisant, parfois à chaque échéance, valdinguer les responsables, comme s’il s’agissait de procéder à des nominations de préfets, alors, qu’à l’étranger, la responsabilité d’un patron à l’égard de son musée, de son théâtre, de sa bibliothèque… s’exerce souvent sur la durée si ce n’est sur la très longue durée. On sait le nombre des années de direction de Philippe de Montebello à la tête du Metropolitan, ou celle, déjà, de Nick Serota à la tête de la Tate. Sans atteindre ces records, on ne peut qu’espérer que le Louvre où Henri Loyrette « règne » depuis 2001 connaisse la même stabilité, garante de la construction d’une politique cohérente ou encore, qu’au Quai Branly, le président Stéphane Martin qui vient d’ailleurs d’être renouvelé, puisse continuer l’excellent travail entrepris, depuis douze ans puisque sa responsabilité avait déjà pris corps dans les instances de préfiguration de l’établissement où Jacques Friedmann, qui vient de disparaître, avait également pris sa part nuancée et diplomatique.
On forme donc le voeu que le vaisseau amiral du ministère de la Culture et de la Communication, détenteur de son plus gros budget qu’est la Bibliothèque Nationale de France, puisse bénéficier de la même stabilité.
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